Quand la morale s’oppose aux droits humains

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Quand la morale s’oppose aux droits humains

29 juillet 2015
Protestinfo propose régulièrement des éditos rédigés par des membres des rédactions de Médias-pro. Laurence Villoz, journaliste à Protestinfo, revient sur la visite de Barack Obama au Kenya, les 25 et 26 juillet dernier. Grand défenseur des droits des minorités sexuelles, le président américain a plaidé la cause des Africains gays. Face à lui, les autorités religieuses et politiques l’accusent de ne pas respecter la culture et les traditions locales.

Photo: Le Palais de Chaillot à Paris où la Déclaration universelle des droits de l’homme a été adoptée le 10 décembre 1948 CC (by-nd) Spiterman

«Quand il [Barack Obama] vient dans notre pays, nous lui demandons de respecter la morale, la foi et la culture des Kényans», explique l’évêque Mark Kariuki, pasteur responsable de l’Eglise de la Délivrance et président de l’Alliance évangélique du Kenya, à propos des tentatives du président américain, Barack Obama, d’améliorer les conditions de vie des homosexuels en Afrique. Mais si le respect de «la morale, de la foi et de la culture kényane», implique la haine, la stigmatisation et la persécution des LGTB, n’est-ce pas le devoir des autres pays que de prendre leur défense, de promouvoir le respect des Droits de l’homme?

Rédigées à la fin du XVIIIe, en France et aux Etats-Unis, les premières Déclarations des droits de l’homme stipulent que tout être, indépendamment de son ethnie ou de sa nationalité, possède des droits universels et inaliénables. En accordant des droits absolus à l’humain, ce concept place, de fait, la loi au-dessus de la religion. Dans la presse occidentale, on constate depuis une semaine un large soutien aux démarches du président américain pour combattre la stigmatisation en Afrique.

Comme Barack Obama, je pense que la défense des minorités sexuelles fait partie des Droits de l’homme et je suis ravie de constater que le président américain profite de son séjour en Afrique pour combattre l’homophobie qu’il compare à la discrimination raciale et qu’au nom des Droits de l’homme il s’oppose au gouvernement kényan et aux principaux groupes religieux locaux. En effet, l’Afrique reste un continent largement opposé à l’homosexualité. Selon le rapport 2015 de l’ILGA, elle est illégale dans 34 pays, dont le Kenya.

Se battre pour le respect des Droits de l’homme en Afrique est important, mais qu’en est-il en Occident? Que penser des prisonniers de Guantanamo emprisonnés depuis une dizaine d’années et qui n’ont toujours pas été jugés? Ou de la votation du 9 février 2014 qui limite l’accès en Suisse aux étrangers, sans tenir compte de leur situation? La société kényane considère le respect dû à Dieu comme prédominant sur les droits de l’homme, mais quelle est l’excuse des Etats-Unis ou de la Suisse pour ne pas respecter la Déclaration universelle?