Elisabeth Gangloff-Parmentier, le «coup de maître» de l’Université de Genève
Photo: JDM
«Du point de vue de Lausanne, il nous semble que c’est un coup de maître que d’avoir attiré une spécialiste de cette envergure», complimente Jörg Stolz, doyen de la Faculté de théologie et de science des religions de l’Université de Lausanne. Signe de collaboration entre les deux universités, il était présent à la Faculté autonome de théologie de l’Université de Genève pour la présentation à la presse, jeudi matin, de la première titulaire de la chaire de théologie pratique «Irène Pictet», financée par un mécène.
A la suite de la fermeture de la Faculté de théologie de Neuchâtel, des mécènes ont souhaité financer deux chaires. L’une en théologie pratique et l’autre dans une branche qui restait à déterminer. A Lausanne, la création d’une seconde chaire de théologie pratique a été annoncée, sur un financement public. La seconde chaire à Genève sera consacrée à l’éthique a dévoilé Jean-Daniel Macchi, doyen de la Faculté autonome de théologie de Genève. «Cela complètera un pôle très important de notre faculté et permettra de renforcer ses relations avec d’autres facultés».
Entrée en fonction à la rentrée, à Lausanne aussi«Côté Lausannois, les choses sont en cours, des leçons probatoires ont eu lieu et nous sommes très confiants que le futur titulaire pourra entrer en fonction dès cet automne», explique Jörg Stolz. Les deux doyens se réjouissent de cette collaboration lémanique qui se concrétisera par la création d’un institut lémanique de théologie pratique. «Nous pensons que cette proximité permettra un renforcement de la théologie pratique par les interactions qu’elle pourra avoir avec les autres branches de la théologie», estime Jean-Daniel Macchi.
Est-ce à dire que la centralisation de la théologie pratique à Neuchâtel en 2004, au début de la collaboration entre les trois facultés avait été une erreur? «Avec le recul, on peut dire que ce n’était pas une idée très heureuse», reconnaît Jörg Stolz. «La théologie pratique a besoin de contact avec les autres branches de la théologie.» Jean-Daniel Macchi complète «en 2004, on a peut-être sous-estimé le problème que posait les déplacements. Les collègues de Neuchâtel se sont peut-être sentis un peu isolés. Mais il faut aussi dire qu’à l’époque il y avait aussi à Neuchâtel une recherche forte menée en herméneutique. Si l’Institut d’herméneutique était resté, les choses se seraient peut-être passées différemment.»
Pas de recettes pour les pasteurs«La théologie pratique, ce n’est pas apporter des recettes aux pasteurs pour leur dire comment agir dans les paroisses», explique Elisabeth Gangloff-Parmentier. «C’est plutôt une théologie en prise avec la réalité du corps ecclésial et du corps social. C’est dire que l’étendue du champ de recherche en théologie pratique est très vaste.» Elle ajoute: «aujourd’hui, de grandes mutations sont à l’œuvre dans notre société et l’identité protestante ou croyante ne se définit plus de la même manière. J’aimerais amener les étudiants à prendre conscience de leur identité.»
La professeure Gangloff-Parmentier rêve de mener une étude sur les Eglises de migration grâce aux collaborations qui auront lieu au sein de l’institut de théologie pratique. «Par ailleurs, je suis frappée, par le besoin qu’ont les gens aujourd’hui d’être bénis, comme une valorisation de ce qu’ils sont. J’aimerais travailler à faire de ce besoin quelque chose de théologiquement construit. Je crois qu’une vraie bénédiction devrait, au contraire, être quelque chose de responsabilisant.»
La chaire de Lausanne sera présentée prochainement sera complémentaire à celle de Genève. Elle sera centrée sur l’accompagnement spirituel et la diaconie.