L’Eglise protestante de Genève se demande qui sont ses membres
et Elisabeth Schenker
«Nous ne sommes plus membres de l’Eglise protestante de Genève (EPG) par la génétique», a constaté Emmanuel Fuchs, président de l’Eglise protestante de Genève, devant le Consistoire (organe délibérant) qui s’est réuni jeudi 27 et vendredi 28 novembre à Malagnou. «Dans la paroisse que je sers, un bon tiers des fidèles ne sont pas nés protestants. Ces paroissiens-là n’ont jamais eu l’occasion d’exprimer leur appartenance à l’EPG», constate le pasteur.
Le Consistoire a donc donné mandat à un groupe de travail qui va réfléchir aux nouvelles façons d’être membre de l’Eglise dans une société où l’appartenance confessionnelle ne se déclare plus ni pas le biais contrôle des habitants ni par celui de la tradition familiale. En réponse à un délégué au Consistoire qui se demandait si cela devait vraiment faire partie des priorités de l’Eglise que de travailler sur la notion de membre, Emmanuel Fuchs a cité quelques exemples concrets nécessitant de savoir qui est membre: de la convocation des jeunes au catéchisme, aux appels aux dons. «L’objectif ne doit pas être de se regarder le nombril et de pouvoir compter qui est dans l’enclos, mais bien de pouvoir ouvrir au plus grand nombre la possibilité de s’exprimer comme membre», a souligné le président.
Membre du Conseil du Consistoire (exécutif) Alain de Felice a invité les membres de cette commission à laisser libre court à leur imagination pour proposer des solutions innovantes. La commission de sept membres, quatre nommés par le Consistoire, un par le Conseil du Consistoire, un par la Faculté de théologie et un par la Compagnie des pasteurs, est par exemple invitée à réfléchir à la question de proposer plusieurs catégories de membres, tel que membre sympathisant, par exemple. Le groupe de travail devrait pouvoir rapporter lors du Consistoire de septembre 2015.
Par ailleurs, lors de la même séance, le Conseil du Consistoire a informé le Consistoire d’un projet, mené sur trois ans: le changement du logiciel utilisé pour la gestion du registre. Eric Vulliez, codirecteur de l’EPG a rappelé que la solution actuellement utilisée datait des années 1980 et posait désormais plusieurs problèmes de stabilité. «A l’époque, les données étaient encore saisies en terme de foyers», a soulevé le codirecteur. Soulignant que les autres Eglises cantonales pouvaient compter sur l’aide des infrastructures étatiques pour gérer les registres ecclésiaux, Eric Vulliez a annoncé que le choix de la direction s’est porté sur la solution de gestion de relations clients de Microsoft, mis en œuvre par Exel, une entreprise locale. Le projet a été planifié en trois étapes, déployées sur trois ans ce qui permettra d’évaluer régulièrement les qualités du projet et de répartir les dépenses, estimées à plus de 360’000 fr sur trois budgets informatiques ordinaires.
Est-ce aux régions de soutenir les Espaces en ville?
Actuellement, ce sont les régions Rive gauche et Rive droite qui s’occupent des espaces urbains tels que la Fusterie, Saint-Gervais et les Pâquis. «Ces lieux ont un rayonnement qui dépasse largement les limites de la région. Ils doivent donc être portés par l’ensemble de l’EPG pour pouvoir aller de l’avant», a souligné Laurent Rupp, le président de la Région Ville Rive gauche. Toutefois, selon un membre de la Région Salève, «les régions sont déjà submergées. Elles auraient aussi besoin d’être portées». Par ailleurs, il souhaiterait que des activités comme celles qui se passent au centre puissent être exportées.
La question de la prise en charge se pose également pour le Temple de la Madeleine qui est utilisé par la paroisse suisse alémanique de Genève. Depuis septembre 2014, cet édifice propose un lieu de prière continu pour tout un chacun. Le pasteur Georges Braunschweig en assure le bon fonctionnement. Actuellement, seule la paroisse suisse alémanique finance ce nouveau lieu de prière. Elle s’interroge sur la participation de l’EPG dans ce projet.
Par ailleurs, le Forum Saint-Pierre, qui propose des projections de films présentés par le pasteur Vincent Schmid, cessera ses activités en juin 2015. Une des principales raisons: le matériel de diffusion devient obsolète et devrait être entièrement remplacé.
(Laurence Villoz)
Les dons sont insuffisants
«Je commence à me faire du souci, tout se jouera ces prochains mois. Le budget est calculé sur les dons obtenus en 2013 et le quota n’est largement pas atteint pour cette année», s‘inquiète Eric Vulliez, le responsable des finances. Actuellement, il manque plus de 5 millions de francs pour atteindre les montants de dons espérés. «Nous travaillons d’arrache-pied pour tenir notre plan de redressement. Nous pouvons faire l’hypothèse que la suppression de postes et les changements au sein de l’EPG ont généré de l’incertitude chez les membres qui ont ainsi versé moins de dons. Nous allons leur redonner confiance. En 2013, nous avons reçu la majorité des dons en fin d’année. Je suis inquiet, mais pas désespéré», a déclaré le président du Conseil du consistoire, Emmanuel Fuchs.
(Laurence Villoz)
Cet article a été publié dans:L'édition du 1er décembre 2014 du quotidien genevois Le Courrier.