Paul, l’apôtre du premier christianisme, est-il l’inventeur de l’antisémitisme?
Photo: Mosaïque de Paul à la cathédrale Westminster CC(by-nc-sa) Fr Lawrence Lew
Avec «Pâques, et après? Paul et l’espérance chrétienne», Simon Butticaz, professeur en sciences bibliques de l’Université de Lausanne met toute la rigueur de la méthode historico-critique, de ses recherches et de son érudition au service tant de la théologie que de la foi. Mais l’ambition de ce livre publié chez Cabédita est aussi d’être un outil accessible pour tous ceux qui s’intéressent à la culture dite «judéo-chrétienne» et à ses fondements.
«Paul de Tarse: un théologien de l’Avent»C’est en parcourant les écrits de Paul que l’auteur, professeur de Nouveau Testament à la Faculté de théologie et de sciences des religions de Lausanne, dessine la particularité de la théologie de cette figure incontournable du premier christianisme qu’est Paul de Tarse. Une théologie caractérisée par «l’espérance», ce qui ressort de l’étude approfondie des textes, au— delà de leurs complexités et de leurs contradictions internes. Une espérance cependant «qui n’est pas la simple extrapolation des possibilités humaines, mais qui se nourrit d’un don de vie qui en Jésus Christ a triomphé de la souffrance et du mal […] Elle n’est pas futur simple; elle est l’à-venir de Dieu, conjugué à tous les temps», écrit Simon Butticaz
Mais cette espérance est-elle pour tous? La question courageuse de l’antisémitisme supposé de Paul est traitée par l’auteur depuis l’ensemble des textes qui nous sont parvenus avec rigueur et finesse, sans chercher à vouloir sauver ce qui ne pourrait l’être. Si cette question a été ouvertement posée dès le lendemain de l’une des périodes les plus sombres de notre humanité, les réponses ont rarement été aussi claires: l’apôtre Paul n’est pas en cause. Le livre de Simon Butticaz n’entre jamais en polémique, mais montre cependant de manière brillante ce qu’une lecture exigeante des textes pris dans leur ensemble et placés dans leur contexte est en mesure de révéler, et comment elle peut être encore porteuse pour les temps d’aujourd’hui. En refermant ce livre d’érudit qui pourtant se lit comme un roman, les soupçons se portent en effet ailleurs: ce sont les interprétations littéralistes, partielles et partiales des textes auxquels se réfère la foi qui sont seules sont en cause. Et ce, quelle que soit la religion.
L’authenticité des textes bibliques ne fait plus débatPeu de figures du premier christianisme ont fait couler autant d’encre que celle de l’apôtre Paul, dont le Nouveau Testament a gardé sept lettres. Sept seulement? François Vouga, lui aussi professeur en sciences bibliques et spécialiste de Paul, écrit à ce propos dans l’«Introduction au Nouveau Testament» (réédité chez Labor et Fides en 2008): «Si donc toutes les lettres du corpus paulinien se réclament de l’apôtre Paul […] selon un certain consensus de la recherche, sept lettres sont considérées comme “authentiques”, c’est-à-dire ayant été dictées et envoyées personnellement par l’apôtre».
Les éditions Cabédita
Fondées par Eric Caboussat en 1988, les éditions Cabédita ont le souci «de doter les régions d’un créneau littéraire consacré avant tout à l’histoire, à la mémoire, au patrimoine et aux traditions», peut-on lire sur le site internet. La conviction de l’éditeur, par ailleurs homme politique, se lit sur le bandeau du site: «connaître son histoire aide à prendre la bonne décision». Elles font paraître de 25 à 30 livres par an.