«Faut pas croire» gagne en visibilité

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«Faut pas croire» gagne en visibilité

Joël Burri
2 mai 2014
Le magazine de la RTS un consacré aux questions éthiques, philosophiques et religieuses change d’heure de diffusion. Le rendez-vous coproduit avec les Eglises protestantes et catholiques sera, dès ce week-end, proposé le dimanche avant le journal plutôt que le samedi en début d’après-midi.

Photo: Emmanuel Tagnard (à gauche) et Cyril Dépraz producteurs de Faut pas croire. ©RTS

En télévision, il y a des bonnes cases et des mauvaises cases horaires. Celles où le public est derrière son écran et celles où l’audience n’est pas au rendez-vous. Alors, un changement d’heure de diffusion, ça n’a rien d’anodin.

A la suite d’une réflexion conjointe entre les producteurs et la direction de la RTS, il a été décidé que Faut pas croire sera diffusé le dimanche midi plutôt que le samedi après-midi. «Le dimanche avant le journal de 12h30 est une très bonne case horaire, commente Romaine Jean, rédactrice en chef de la rédaction société de la RTS. Certes, il y a parfois des événements sportifs qui entrent en concurrence sur RTS deux, mais c’est une heure où les audiences sont bonnes. Et c’est la case historique de Table ouverte, les Romands sont habitués à avoir des émissions de débat à ce moment-là.»

Meilleure audience

«Ce changement d’heure est important en terme d’audience, reconnaît Cyril Dépraz, coproducteur de Faut pas croire pour Medias-pro. Ma crainte, c’était que l’on rapatrie le dimanche tout ce qui a trait à la religion, mais dans les discussions que nous avons eues avec la chaîne, nous nous sommes aperçus que ce n’était vraiment pas l’état d’esprit. C’est plutôt une reconnaissance de la qualité des débats que nous proposons.»

«Je me suis battue, avec la direction des programmes, pour offrir à cette émission une meilleure visibilité, confirme Romaine Jean. Faut pas croire est une émission très importante. C’est une émission qui a une âme à part, un ton à part, un regard humaniste.»

Une émission qui s'adresse à tous

Cette nouvelle visibilité est, bien sûr, assortie d’un défi en terme d’audience «Mais Faut pas croire s’adresse à tous, défend Emmanuel Tagnard coproducteur de l’émission pour le Centre catholique de radio et télévision. Il ne faut pas croire pour être touché par les thématiques développées dans ce programme. Nous essayons plutôt d’apporter un regard différent sur des thèmes d’actualité.»

Cyril Dépraz confirme: «Je n’aime pas le terme d’émission religieuse car c’est comme si cette émission était un espace sacré. Or, notre approche est journalistique. Nous, quand on parle de Faut pas croire, on la présente comme un magazine éthique et religions. Nous n’avons pas pour vocation de faire de l’actualité religieuse, comme Haute fréquence (sur RTS La Première), mais nous rejoignons les gens dans leurs réflexions sur l’actualité. Mais contrairement à des émissions comme Mise au point ou Temps présents, qui sont centrées sur des sujets, nous nous centrons sur l’humain.»

«Et sur le sens! complète Emmanuel Tagnard. Quel est le moteur des gens, qu’est-ce qui leur permet de réagir dans des situations dramatiques? Nous travaillons sur l’exemplarité. J’ai eu la chance de suivre des cours avec Elie Wiesel. Il disait que lorsque l’on entend un témoignage, on devient témoin à son tour. Cela m’a guidé dans ma démarche de journaliste. Par exemple, récemment nous avons présenté un reportage sur les propriétaires d’une auberge en Italie qui ont sauvé leur établissement de la crise en ayant recours à des requérants d’asile ou sur des personnes atteintes par la maladie de Charcot. C’est une maladie qui provoque la paralysie progressive de la personne jusqu’à atteindre ses fonctions respiratoires, alors qu’elle garde sa pleine conscience.»

Centré sur l'humain

Qu’est-ce que ce changement d’heure de diffusion va provoquer comme changements de l’émission? «Fondamentalement rien! résume Cyril Dépraz. Cela nous encourage dans la voie qui est la notre. Nous sommes la seule émission d’éthique de la RTS, nous cherchons donc à toujours rester centrés sur l’humain. L’humain avec l’humain, l’humain avec la nature. Nous avons toujours été une émission d’actualité, mais le plus important c’est de traiter des sujets qui sont au cœur des réflexions de nos contemporains plutôt que de coller à l’actualité immédiate.»

Emmanuel Tagnard conclut: «le journalisme, c’est souvent des faits, et c’est souvent difficile de faire passer un petit supplément d’âme dans les sujets d’actualité. Avec ce magazine, toute l’équipe s’efforce d’aborder l’humain avec ce supplément d’âme.»

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