Florent Pagny et Garou craquent pour la voix d’une étudiante en théologie
photo: DR
par Joël Burri
Un jury composé de quatre chanteurs tourne le dos, aux candidats qui défilent, telle est la recette de The Voice: un télécrochet où lors de la première sélection, la voix est le seul atout que les participants peuvent faire valoir pour tenter de se qualifier pour la suite de l’aventure.
C’est dans ces circonstances qu’Alexia Rabé a interprété «Sorry Seems to Be the Hardest Word» d’Elton John en s’accompagnant elle-même au piano, dans l’émission diffusée le 1er février. Sa superbe voix a convaincu les chanteurs Garou et Florent Pagny de lui donner sa chance. Elle a choisi le second comme «coach» pour la suite du programme, où les candidats se confronteront les uns contre les autres en «battle»
Cette juriste de 33 ans se consacre pleinement à sa carrière artistique. Elle prend toutefois le temps de préparer un Bachelor en théologie grâce à la formation à distance de l’Université de Genève. Elle offre également sa voix au culte de l’Eglise américaine de Paris. Interview.
Alexia Rabé, avec tout ce que vous faites déjà, pourquoi la théologie?
Je suis née dans une famille protestante. Mes parents sont de tradition réformée malgache. La foi et la spiritualité tiennent une place importante dans mon éducation. Il y a quatre ans, j’ai vécu des expériences qui m’ont amenée à des questions existentielles. Mes amis, mes proches, les responsables de mon Eglise n’avaient pas de réponse. J’ai donc poursuivi cette recherche en me doutant bien que les questions que je me posais, je ne devais pas être la première à me les poser.
C’est ainsi que je me suis inscrite à l’Université de Genève et en quelques semaines à peine j’ai eu un véritable coup de cœur pour la théologie. J’ai tout de suite aimé cette démarche intellectuelle. Il y a une forme d’effet boule de neige: pour répondre à une question, on a envie de répondre à d’autres questions. J’ai eu une attirance magnétique pour la théologie.
Pourtant, les premiers cours de théologie ont la réputation d’être plutôt déstabilisants pour les croyants...
Oui, c’est vrai que j’ai des opinions qui se sont renforcées et d’autres qui ont complètement changé avec la théologie. Ça a été un bouleversement. Un très beau bouleversement.
Vous imaginez aller jusqu’au pastorat?
Ce n’est pas l’optique dans laquelle j’ai débuté cette formation. Mais avec la théologie, j’ai eu l’impression de recevoir une nouvelle Bonne Nouvelle. Après un moment, je me suis donc demandée comment je pouvais partager cela. Je dois donc avouer que la question du pastorat m’a déjà traversé l’esprit. Mais dans tous les cas, ce ne sera pas pour tout de suite.
Vous allez donc préparer un Master après votre Bachelor?
J’aimerais bien, mais pour l’instant ce n’est pas possible avec l’Université à distance. Avec ma carrière de chanteuse, je ne pourrai pas suivre des cours traditionnels.
Pour en revenir à «The Voice», c’est la première fois que vous participez à un télécrochet?
J’ai déjà participé à des émissions de télévision mais jamais à des concours de ce type. Il faut dire que je n’ai pas la télévision. Je ne sais donc pas vraiment ce qui s’y passe. Mais là c’est la production qui m’a trouvée.
Découvrir les coulisses de la télé est assez extraordinaire. Et artistiquement c’est très intéressant. Cela permet de montrer son identité, de rencontrer des professionnels. Cela oblige à sortir de sa zone de confort.
Qu’est-ce qui a changé depuis la diffusion de l’émission où vous avez été retenue?
J’ai reçu un soutien quasiment national de Madagascar. Ce sont des racines que je porte en moi, mes deux parents sont Malgaches. Et puis mon téléphone n’arrête pas de sonner, ma page Facebook a explosé.
Et vous avez encore le temps d’animer le culte du dimanche?
Oui, enfin, disons que je prends le temps. Le fait d’être impliquée dans la vie d’Eglise est important pour moi. La musique est un peu une profession de foi.
VidéoRetrouvez la prestation d'Alexia Rabé en vidéo.Cet article a été cité dans:
Le magazine Réforme dans son édition du 27 février 2014.