La 10ème assemblée du Conseil Œcuménique des Eglises s’apprête à s’ouvrir en Corée du Sud

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La 10ème assemblée du Conseil Œcuménique des Eglises s’apprête à s’ouvrir en Corée du Sud

Julie Paik
28 octobre 2013
La Corée du Sud se prépare à devenir pour quelques jours l’un des centres du christianisme mondial. Dès mercredi et jusqu'au 8 novembre se tient la 10ème assemblée du Conseil Œcuménique des Eglises (COE), qui réunit des délégués issus de ses 345 Eglises-membres, représentant plus de 500 millions de protestants, d'orthodoxes et d'anglicans dans le monde*.

, en route pour Busan

Pendant dix jours, ils se réuniront à Busan, la deuxième métropole du pays célèbre pour ses longues plages bordant la Mer de l’Est. Ils traceront les grandes orientations pour le dialogue œcuménique et les actions communes des années à venir.

Promouvoir la justice et la paix

Faire mieux avec moins de moyens, tel est le mot d’ordre des années à venir. Le thème de la 10ème assemblée, «Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix», en est l’illustration: il est à la fois une prière et l’expression du souhait du COE d’agir, à sa mesure, pour la paix et la justice.

Le choix de la péninsule coréenne, divisée en deux régimes opposés depuis la fin de la guerre de Corée, pour accueillir l’assemblée n’est pas anodin. «Nous espérons que l’Assemblée représentera un tournant pour la réconciliation», peut-on lire dans le programme de l’assemblée, «en attirant l’attention sur les espoirs spécifiques de la population coréenne».

Le thème de l’assemblée trouve également toute sa pertinence dans le contexte de l’Asie, qui connaît à la fois des situations de persécution religieuse et une croissance économique. Cette dernière s’effectue parfois au détriment des droits humains et du respect de l’environnement.

Le COE souhaite ainsi que son assemblée valide la proposition de «placer, dans la période suivant Busan, un accent plus fort sur la justice dans l’économie et pour la création.» Tout le défi de cette 10ème assemblée sera de faire entendre sa parole et de parvenir à traduire ses réflexions en actions concrètes.

Le COE au service de l'humanité

Le Conseil Œcuménique des Eglises trouve ses origines dans la conférence missionnaire mondiale tenue à Edimbourg en 1910 et a été formellement créé en 1948. Le COE est devenu au fil de ses soixante ans d’existence un des acteurs majeurs du christianisme contemporain.

Avec ses partenaires (dont l’Eglise catholique romaine, qui n’est pas membre du COE), il cherche à faire progresser les Eglises sur le chemin de l’unité visible. Pour cela, il apporte un témoignage commun au travers de la mission et de l’évangélisation, et se met au service de l’humanité et de l’environnement.

Sortir de l’ «hiver œcuménique»

Mais si les années 1970-1980, dans l’élan du concile Vatican II, ont été des années de bouillonnement durant lesquelles tout semblait possible, certains observateurs parlent, depuis les années 1990, d’un «hiver œcuménique» marqué par une stagnation du dialogue. L’existence même du COE est parfois remise en cause, son utilité contestée, son lien jugé trop distant aux Eglises locales critiqué.

En outre, depuis l’assemblée tenue à Harare au Zimbabwe en 1998, un certain nombre d’Eglises évangéliques ont pris leurs distances avec l’organisation. Elles ont jugé qu’elle allait trop loin dans le dialogue avec les cultures et religions locales, et ont réaffirmé une conception plus traditionnelle de l’évangélisation et de la mission.

Un COE différent dans un monde en changement

Néanmoins, l’assemblée de Busan cristallise les attentes. Depuis la dernière assemblée à Porto Alegre au Brésil, en 2006, le monde a connu plusieurs bouleversements.

«Au cours de cette période, l’ordre mondial a traversé des crises graves: la crise financière mondiale, des soulèvements politiques, des conflits armés entre citoyens et des guerres entre Etats. Le paysage religieux a évolué en raison de l’évangélisation, du militantisme, des changements politiques et même de la violence», écrit le président du Comité central du COE, le pasteur Walter Altmann, aux participants.

Si le monde a changé entre 2006 et 2013, le COE a lui aussi évolué. «Pendant cette période, le Conseil a célébré son 60ème anniversaire », écrit ainsle pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE.

«En soixante ans, cette institution a considérablement changé, notamment au cours des dix dernières années: à l’origine, elle initiait de nombreux projets aux quatre coins du monde, puis elle s’est mise à faciliter les partenariats, devenant progressivement une organisation plus petite, administrant ses ressources de façon parcimonieuse et suivant des priorités définies.»

*Le COE rassemble Églises, dénominations et communautés d'Églises d'une bonne centaine de pays et territoires du monde entier, représentant plus de 500 millions de chrétiens et comprenant la plupart des Églises orthodoxes, un grand nombre d'Églises anglicanes, baptistes, luthériennes, méthodistes et réformées, ainsi que de nombreuses Églises unies et indépendantes.