Les autres et moi
Heureusement, le problème n'est pas une fatalité. «Plusieurs facteurs déterminent votre facilité à entrer en contact avec les autres, précise la psychothérapeute française Isabelle Filliozat, auteure d'un livre sur le sujet et conférencière. Le plus important tient à la manière dont nous avons été éduqués. Certains auront grandi dans une atmosphère de confiance avec les autres, avec sous les yeux l'exemple de leurs parents. D'autres, en revanche, ont grandi dans la méfiance à l'égard des autres, et l'idée qu'il vaut mieux les tenir à distance.»
Un obstacle, selon la psychologue, vient de ce que nous n'avons pas appris à nommer nos émotions, à les reconnaître et à savoir ce qui se passe à l'intérieur de nous-mêmes. De ce fait, nous avons de la difficulté à lire les émotions de ceux qui nous font face et à comprendre leurs réactions. Elles nous inquiètent et nous finissons par préférer nous tenir à l'écart.
«Le problème n'est pas tellement que nous ayons eu des expériences malheureuses dans nos relations avec les autres, note la spécialiste. Il est que nous ne savons pas comment nous y prendre. Nous n'avons pas appris à le faire.» L'affaire est pourtant simple, selon Isabelle Filliozat.
«La plupart des enfants ont reçu la recommandation: «Dis bonjour à la dame», mais très peu ont reçu des explications sur comment le faire. Je recommande toujours d'avoir d'abord un contact oculaire, de regarder la personne en face de soi, et de prendre ensuite le temps d'une respiration avant de parler. Il est essentiel de mettre de la conscience dans notre présence à soi et à l'autre. Un autre point à respecter est la loi de réciprocité. Si quelqu'un me donne quelque chose, je vais moi aussi lui donner quelque chose.»
Alors oui, sortir de la solitude et de l'isolement, cela s'apprend. «Nous avons été plongés dans la solitude du fait que nous n'avons jamais appris l'essentiel, la relation. Nous avons appris des dates historiques et acquis toutes sortes de connaissances, mais pas comment s'y prendre pour se faire un ami, ni comment être à l'aise dans une soirée où l'on ne connaît personne.»
Chacun profitera des conseils proposés par la psychologue, et des exercices: «Oui, il y a des exercices. Car les relations, cela s'apprend. Il n'y a pas que de la théorie, il y aussi de la pratique.» Une pratique qui vaut la peine, car si l'enfer, c'est les autres, selon un philosophe, «sans les autres, c'est aussi l'enfer». Ce ne sont pas les autres qui nous rendent heureux, mais de bonnes relations avec eux. Apprendre à entrer en contact et à tisser des liens, sans doute une des clés du bonheur.
- Un séminaire du 24 au 26 septembre à Crêt-Bérard, Puidoux, «La grammaire des émotions. Trois jours pour guérir et grandir» avec Isabelle Filliozat.
- Un livre et un site: «Les autres et moi», Ed. Marabout, www.filliozat.net