Coup d'envoi des célébrations de la Réforme en Afrique
À l'occasion de leur réunion semestrielle qui s'est tenue du 20 au 25 mai à Nairobi, capitale du Kenya, les Églises membres de la Fédération luthérienne mondiale (FLM) en Afrique ont donné leur aval aux projets de commémoration de l'événement historique qu'avait constitué la Conférence luthérienne de toute l'Afrique, en 1955.
Dans un discours qu'il a prononcé le mois dernier au Rassemblement des responsables d'Église luthériens d'Afrique (ALCLC), Alex G. Malasusa, évêque-président de l'Église évangélique luthérienne de Tanzanie (EELT) et vice-président de la FLM pour l'Afrique, a souligné qu'il existe un lien fort entre la réunion de 1955 et l'anniversaire de la Réforme. «Le besoin de réveil, de revitalisation et de pérennité des Églises d'Afrique est fort et il avait été longuement abordé à Marangu», a indiqué l'évêque Malasusa.
«Alors que nos regards sont tournés vers l'anniversaire de la Réforme, en 2017, nous devons aussi réfléchir à des outils d'évaluation qui nous permettront de porter un regard critique sur le passé», a-t-il dit aux 65 participants et participantes de l'ALCLC, parmi lesquels figuraient des responsables d'Église, des dirigeants de mouvements de femmes et de jeunes ainsi que des représentants d'institutions théologiques des 31 Églises membres de la FLM sur le continent.
De Marangu à WittembergEn novembre 1955, les chefs des Églises luthériennes d'Afrique se réunirent pour la première fois à Marangu, dans le nord de la Tanzanie (alors le Tanganyika), et imaginèrent d'œuvrer en faveur d'une «Église autonome». À l'époque, seules deux Églises – à Madagascar et dans ce qui était alors le nord du Tanganyika – étaient membres de la FLM.
«De Marangu à Wittemberg: l'éducation théologique, la formation des responsables et le renouveau de l'Église luthérienne en Afrique» sera le thème des célébrations de l’anniversaire de la réunion de Marangu. Les manifestations qui auront lieu jusqu'à l'anniversaire de la Réforme mettront essentiellement l'accent sur le renforcement de l'identité luthérienne dans la région.
Les participantes et participants ont retenu une série d'activités qui précèderont les commémorations de Marangu, parmi lesquelles le partage d'informations, de ressources et de pratiques exemplaires, ainsi que des échanges pédagogiques. Des rassemblements de responsables et des consultations théologiques sont également prévus au programme.
Cette année, l'ALCLC s'est particulièrement intéressé à la pérennité de l'Église et à l'identité luthérienne. Le pasteur Martin Junge, secrétaire général de la FLM, a fait part de ses idées, du point de vue d'une communion mondiale, sur les deux sujets. Il a encouragé les Églises à tirer des enseignements des nombreuses bonnes pratiques de pérennité au sein de la communion luthérienne et à se soutenir mutuellement pour mener à bien la mission de Dieu.
Montée en puissance des sectes religieuses et des mouvements charismatique et pentecôtisteLes participants et participantes ont pu entendre parler des efforts menés par les Églises pour mener à bien la mission de Dieu dans leurs pays respectifs, efforts qui ont entraîné une progression des Églises luthériennes dans la région. Pourtant, ont-ils indiqué, certaines difficultés demeurent, comme la montée en puissance des sectes religieuses et des mouvements charismatique et pentecôtiste.
«Ne sommes-nous pas pentecôtistes et charismatiques?», a fait remarquer l'évêque Zephania Kameeta, de l'Église évangélique luthérienne de la République de Namibie, au cours des débats sur l'identité luthérienne.
L'évêque Kameeta, qui est membre du Conseil de la FLM, a déclaré que, dans le cadre de leur processus de réforme, les Églises luthériennes doivent revendiquer leur caractère pentecôtiste et charismatique, des attributs que les Églises ont perdus, selon lui. Le dialogue que nous entretenons avec d'autres mouvements pourrait ainsi gagner en crédibilité, a-t-il ajouté
«La Réforme est aussi un mouvement charismatique, mais d'une manière structurée et spirituelle»La Réforme est aussi un mouvement charismatique, mais d'une manière structurée et spirituelle, a déclaré le pasteur Luke Mwololo, secrétaire général de l'Église évangélique luthérienne kényanne, qui accueillait l'ALCLC en collaboration avec l'Église évangélique luthérienne du Kenya.
La réunion des responsables d'Église a été organisée par le Bureau pour l'Afrique du Département de mission et développement de la FLM. Évoquant l'importance de l'éducation théologique dans les séminaires luthériens du continent, le pasteur Elieshi Mungure, secrétaire de la région Afrique de la FLM, a insisté sur la nécessité de «réviser les programmes d'étude des séminaires et de contextualiser les méthodologies afin de renforcer le lien entre l'enseignement théorique et la vie dans les paroisses.»
Le pasteur Wakseyoum Idosa, de l'Église évangélique éthiopienne Mekane Yesus (EEEMY), a souligné qu'un enseignement plus poussé aidera les Églises luthériennes à faire face aux défis que posent les groupes charismatiques et les sectes.
«Nous devons aller dans les prisons»«Cela ne suffira pas à voir nos fidèles revenir sur les bancs d'église ne serait-ce que le dimanche. Nous devons aller dans les prisons et enseigner notre théologie à notre peuple. Quand nos enfants vont dans les églises pentecôtistes, ils nous rapportent le lendemain le culte qu'ils y ont vu. Ils nous disent souvent qu'il est important que nous modernisions notre liturgie», a indiqué le pasteur Idosa, qui est aussi membre du Conseil de la FLM.
Néanmoins, le ministère de l'Église a eu de nombreux effets positifs en Éthiopie, a-t-il affirmé, citant un programme pour les relations islamo-chrétiennes que l'EEEMY poursuit depuis 45 ans. Cette initiative a permis à l'Église de former, dans les communautés, des évangélisateurs à qui l'on apprend à promouvoir des relations favorisant la coexistence entre les fidèles des deux religions, a ajouté le pasteur Idosa.