Les tests de médicaments en RDA suscitent l’indignation
Le magazine se réfère à des dossiers de la Stasi et d’institutions de la RDA qui n’avaient pas été rendus publics jusqu’ici. Déjà fin 2012, on avait appris que des entreprises pharmaceutiques d’Allemagne occidentale auraient testé de nouveaux médicaments aussi sur des patients en RDA.
«Des délits tels que ceux qui sont rapportés ici relèvent en fait du droit pénal», souligne Christoph Bergner. Selon les normes actuelles, il s’agirait d’actes criminels. Mais la question est de savoir dans quelle mesure ils pourraient être punis après si longtemps.
Arnold Vaatz (CDU), vice-président du groupe CDU/CSU au Bundestag, exige dans le même journal une déclaration des entreprises pharmaceutiques occidentales. Selon lui, s’il y a eu des atteintes à l’intégrité physique qui, dans certains cas, ont entraîné la mort, la question des dédommagements et du paiement de compensations se pose.
Hubertus Knabe, directeur du Mémorial des victimes de la Stasi à Berlin-Hohenschönhausen, a sommé les groupes pharmaceutiques de publier les faits dans leur intégralité. «Quiconque traite des êtres humains comme des cobayes sans défense agit de manière inhumaine. Les entreprises doivent au moins faire la lumière après coup», a déclaré Knabe à Berlin.
Le rôle de l’Institut des médicaments dépendant de l’Office fédéral de la santé de l’époque doit aussi être éclairci, car selon toute vraisemblance il a dû être au courant des tests effectués en RDA. Knabe a proposé de charger le Groupe de recherches sur l’État et le parti SED ou l’Institut d’histoire de la médecine Karl-Sudhoff de Leipzig d’enquêter sur les événements.
Selon ses propres dires, le Ministère allemand de la santé ne dispose pas de chiffres pertinents qui pourraient permettre d’évaluer l’ampleur des tests de médicaments en RDA. Une porte-parole s’est référée lundi à une expertise effectuée en 1991 sur mandat du Sénat de Berlin, selon laquelle on n’avait trouvé à l’époque «aucune indication d’infraction à la loi».
Un porte-parole du Ministère allemand de l’intérieur a souligné la nécessité de procéder à de nouvelles recherches comme celles prévues par l'hôpital universitaire de la Charité de Berlin. Une participation au financement est à l’étude.
Selon un reportage de la chaîne de TV MDR, il y avait dans la seule Thuringe au moins six hautes écoles et hôpitaux qui participaient aux tests, dont la clinique universitaire de Iéna. Selon l’historien de la médecine Rainer Erices, qui étudie les faits à la demande de la déléguée aux questions de la Stasi du Land de Thuringe, il y a eu plusieurs décès.
Dans les années 1980, indique-t-il, des entreprises du monde entier faisaient tester leurs médicaments en RDA moyennant des paiements en devises. (FNA-36)