Asile et EPER: une publicité contreproductive?

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Asile et EPER: une publicité contreproductive?

Tania Buri
18 février 2013
Zurich a dit oui au premier centre fédéral d'accueil de requérants, soumis à la nouvelle procédure accélérée. Sur une pleine page de la Neue Zürcher Zeitung, l'ONG protestante l'EPER félicite les municipaux zurichois d'avoir pris cette décision. Des critiques se font déjà entendre sur l'opportunité d'une telle initiative. L'EPER assume et répond.


et Matthieu Mégevand

Les centres de requérants sont rarement les bienvenus. Zurich a sauté le pas avec ce premier centre national qui fixera le sort des requérants en 140 jours. D'ici un an, 400 à 500 requérants et les spécialistes qui s'occupent d'eux se retrouveront dans un quartier en plein développement de Zurich, à quelques centaines de mètres de la prestigieuse Prime Tower et de nombreuses boîtes de nuit.

Le soutien aux requérants n'est pas toujours populaire

«Nous te remercions chaleureusement, cher municipal, pour ta courageuse décision», écrit l’EPER dans le grand quotidien zurichois, optant résolument pour le « tu». Que la plus grande ville de Suisse dise oui à ce premier centre fédéral donne le «la» face à la majorité des communes plus réticentes. Pour l'EPER, cette décision méritait d'être mise en valeur.

L’oeuvre d'entraide protestante, plutôt connue pour ses projets à l’étranger, s’engage aussi en Suisse en faveur des demandeurs d’asile, surtout dans le domaine du conseil juridique. Ce positionnement ne va pourtant pas sans risque, a expliqué à ProtestInfo Philippe Bovey, secrétaire romand de l’EPER. «Il est évident que le soutien aux requérants d’asile en Suisse ne nous rend pas toujours populaires.»

Utilisation des dons?

Au-delà d'éveiller un certain racisme latent dans la population ou à l'inverse, d'être accusé de cautionner une politique suisse qui ne cesse de se durcir face aux requérants, la pleine page de l'EPER dans la NZZ a fait encore réagir certains donateurs. Ceux-ci ne comprennent pas que leur don soit utilisé pour payer des annonces dans la presse plutôt que d'être distribué aux personnes qui ont en besoin sur le terrain.

Une telle annonce coûte normalement 20'000 francs , a expliqué une porte-parole alémanique de l'EPER. La NZZ nous a accordé un rabais de 50 % parce que nous sommes certifiés Zewo (Service suisse de certification pour les organisations d´utilité publique qui récoltent des dons). «Nous attribuons 14 % de notre budget à la communication, l'administration et l'informatique, a précisé le secrétaire romand. Or parmi les ONG certifiées Zewo, la moyenne est clairement plus haute, à plus de 20 %.»

Caution de la politique d'asile?

Pas question non plus pour l'EPER d'être taxée d'ONG qui soutient les yeux fermés la politique d'asile en Suisse. En particulier à la veille d'un nouveau référendum, que l'EPER soutient, contre les durcissements de la loi sur l'asile.

Selon les nouvelles procédures, tous les requérants n'ont pas droit à un soutien juridique, s'indigne l'ONG. Elle demande encore que les besoins des groupes les plus vulnérables soient pris en compte, en particulier au niveau médical ou que les requérants en cours de procédure aient des possibilités d'occupation.

Ainsi si au niveau éthique le soutien public de l'EPER au premier centre fédéral de requérants à Zurich peut être compris, que l'on soit d'accord ou non, d'un point de vue purement marketing, l'annonce dans la NZZ s'avère risquée et éventuellement contreproductive. «Mais c’est de notre responsabilité que de rappeler qu’il existe aussi en Suisse des sujets qu’il faut traiter, même si, comme l’asile, ceux-ci sont impopulaire et polémiques», rétorque Philippe Bovey. L’EPER s’est toujours investie dans le domaine de l'asile. Et nous tenons à poursuivre notre soutien aux demandeurs d’asile. »