Selon l'ONU, le conflit syrien est de plus en plus sectaire

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Selon l'ONU, le conflit syrien est de plus en plus sectaire

29 juin 2012
Genève, le 29 juin (ENInews\John Zarocostas) – Un nombre croissant de personnes sont prises pour cibles en raison de leurs croyances religieuses, a déclaré un observateur des Nations Unies le 27 juin. Kofi Annan, envoyé spécial de l'ONU en Syrie, a convié les ministres des Affaires étrangères d'Etats voisins et de plusieurs puissances mondiales à une réunion à Genève le samedi 30 juin. L'Iran n'est pas invité.

Le conflit connaît une « militarisation croissante », a déclaré Paulo Sérgio Pinheiro, président de la Commission internationale indépendante d'enquête sur la Syrie. On estime à 15 000 le nombre de personnes tuées au cours depuis seize mois, précise-t-il dans un rapport présenté au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à Genève. Le conflit oppose les insurgés aux forces protégeant le gouvernement du président Bachar el-Assad.

« Alors que jusqu'à présent les victimes étaient prises pour cibles sur la base de leur fidélité ou de leur opposition au gouvernement, la Commission d'enquête a recensé un nombre croissant d'incidents où les victimes semblent avoir été prises pour cibles en raison de leur affiliation religieuse », lit-on dans le rapport.

Alaouites minoritaires mais puissants

Plusieurs courants de l'islam sont impliqués dans le conflit. La secte minoritaire des alaouites, une branche de l'islam chiite, ne constitue que 12% de la population syrienne mais elle est fortement représentée au sein des forces armées et elle forme la base du pouvoir du gouvernement de Bachar el-Assad.



Un soldat de l'Armée syrienne libre, groupe d'opposition armé soutenu par les musulmans sunnites, a déclaré à la Commission que les « soldats alaouites sont normalement exécutés aussitôt qu'ils sont capturés, tandis que les soldats appartenant à d'autres sectes se voient offrir la possibilité de rejoindre l'Armée syrienne libre; s'ils refusent, ils sont restitués à leurs familles ». Environ 75% de la population est sunnite.

Le rapport de la commission indique aussi qu'un « groupe armé a investi une église grecque-catholique à Al Qusayr, dans la région de Homs, avant de s'en prendre au clergé et de transformer l'édifice en base pour ses opérations. »

Flux d'armes et de munitions

Paulo Sérgio Pinheiro, qui s'est rendu à Damas, la capitale syrienne, du 23 au 25 juin, a affirmé qu'à cause du flux d'armes et de munitions tant à destination de l'armée gouvernementale que des groupes armés antigouvernementaux, « la situation risque de dégénérer dans les mois à venir ».

Pour tenter d'enrayer la violence, Kofi Annan, envoyé spécial de l'ONU en Syrie, a convié les ministres des Affaires étrangères de la Chine, des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni, de la Russie, de l'Irak, du Koweït, du Qatar et de la Turquie, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon, à une réunion le 30 juin à Genève. La réunion se penchera sur le plan de paix actuellement au point mort préparé par Kofi Annan.

Le 25 juin, le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, à Genève, a écrit à Ban Ki-moon pour exhorter les Nations Unis à donner un « mandat plus fort et plus clair » à l'initiative de Kofi Annan. « Ce n'est que par la négociation d'un processus de paix participatif et multilatéral qu'on pourra éviter le pire en Syrie », a affirmé le pasteur Tveit. (545 mots-ENI-12-F-0093-JMP)