Dans son église près de Fukushima, une femme anime un centre d'informations sur les radiations

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Dans son église près de Fukushima, une femme anime un centre d'informations sur les radiations

17 avril 2012
Aizuwakamatsu, Japon, le 17 avril (ENInews\Hisashi Yukimoto) – Sceptique face aux déclarations du gouvernement et des scientifiques, Terumi Kataoka a décidé d'agir. Elle a fondé une association qui rassemble des mères inquiètes de l'exposition de leurs enfants aux radiations. Selon les dernières statistiques fournies par les autorités de la préfecture de Fukushima, 62 831 personnes ont été évacuées de la région.

Terumi Kataoka vit à 100 km de la centrale nucléaire de Fukushima désormais hors-service. Bien qu'en dehors de la zone d'évacuation, elle estime, à l'instar de beaucoup de ses voisins, que les faibles doses de radiations provenant des sols, de l'air, de la nourriture et de l'eau présentent un danger. Cette mère de 50 ans a donc créé le Centre d'informations sur les radiations Aizu dans sa paroisse de l'Eglise unie du Christ, à Aizuwakamatsu.

« Il n'y a pas de temps à perdre. Nous sommes appelés à prier et agir en exprimant notre colère, afin de sauver la vie des petits », a expliqué Mme Kataoka au correspondant d'ENInews. Particulièrement préoccupée par les effets des radiations sur les enfants, elle est en outre à la tête de l'Association Aizu pour la protection de la vie des enfants exposés aux radiations.


Atténuer l'isolement

La centrale, sérieusement endommagée lors du séisme et du tsunami de 2011, laisse échapper des radiations. Une zone d'accès restreint a été instaurée dans un rayon de 20 km autour de la centrale. En avril, certains secteurs situés près de la zone évacuée ont été désignés par le gouvernement comme étant « en préparation pour accueillir le retour des habitants ». D'autres périmètres sont considérés comme des « zones d'habitation restreinte ».

Shunichi Yamashita, spécialiste des radiations et conseiller de la préfecture de Fukushima en gestion des risques des radiations sur la santé, a été largement critiqué pour avoir déclaré que le risque que présente une exposition à des doses de radiations inférieures à 100 mSv est « inconnu » mais « ne suscite pas d'inquiétudes ».

L'Association Aizu, fondée en mai dernier, vise donc aussi à permettre à ces mères d'atténuer leur « sentiment d'isolement », grâce à un blog et une liste de diffusion destinés à donner des informations, au moyen de mesures concrètes. L'inscription est gratuite.

Le centre d'informations propose des conseils médicaux pour les enfants, une surveillance de la radioactivité des aliments, un prêt d'appareils de mesure de la radioactivité. Il met aussi à disposition un site web présentant une carte des relevés des niveaux de radiations mesurés par les citoyens à certains endroits dans Aizuwakamatsu, des réunions d'étude et des conférences, des divertissements pour les enfants et des légumes certifiés sains à la vente.



Médecin inquiet

Le centre publie en outre des informations en versions électronique et papier, organise des manifestations et des rassemblements. Il négocie avec les autorités, répond aux questions des médias et apporte son soutien aux organisations opposées à l'énergie nucléaire. Le centre compte une soixantaine d'adhérents payant une cotisation, ainsi que quelques organisations.



Membre de l'Eglise unie dans la préfecture de Wakayama (ouest), le docteur Tomoyuki Yamazaki offre chaque mois des consultations médicales au centre d'informations. Dans un courriel adressé au correspondant d'ENInews, il a indiqué qu'il observe un nombre croissant d'enfants présentant « des saignements de nez importants, des diarrhées, des cernes noirs sous les yeux et des stomatites [inflammation de la muqueuse buccale] incurables ». Il ajoute que de plus en plus d'enfants examinés au centre d'informations « se plaignent de douleurs dans la poitrine ».

Le nombre exact d'enfants présentant ces symptômes est inconnu et leurs causes restent inexpliquées, a indiqué Mme Kataoka au correspondant d'ENInews. « Il y a tant de choses que nous demandons au gouvernement, mais il ne nous écoute pas », a-t-elle affirmé dans une vidéo mise en ligne sur le site YouTube. (655 mots-ENI-12-F-0055-JMP)