Selon cette organisation, le film de James Cameron véhicule, aujourd’hui comme il y a quinze ans, un message résolument non chrétien. Le film laisserait entendre que la « lutte des classes » à bord du paquebot transatlantique a causé une quantité disproportionnée de morts parmi les pauvres, les femmes et les enfants, sabordant ainsi la « doctrine chrétienne » qui préconise de sauver « les femmes et les enfants d’abord ».

C’est pourquoi Vision Forum Ministries, de San Antonio, et la Christian Boy’s and Men’s Titanic Society, ont organisé du 12 au 15 avril une manifestation intitulée « Titanic 100: An International Centennial Event » dans la localité touristique de Branson, Missouri (dans le centre du pays), qui abrite un musée du Titanic.



Par le biais de représentations, de concerts et d’événements interactifs, comme un « Thé entre dames dans le style édouardien », Vision Forum Ministries souhaite « rétablir les faits » en réfutant la description faite par James Cameron de la disparition du navire. L'objectif est de mettre en évidence « les actions héroïques » à bord du Titanic, où « des hommes et des jeunes gens sacrifièrent leur vie pour que des femmes et des enfants puissent vivre ».

Dans des communiqués publiés en ligne, Vision Forum Ministries affirme qu’alors que le bateau sombrait, « la notion darwinienne de la survie du plus fort fut écartée en faveur de la doctrine chrétienne séculaire du "sacrifice des plus forts au service des plus faibles" ».

Doug Phillips, président de Vision Forum Ministries, a fondé la Christian Boy’s and Men’s Titanic Society en 1997, année de sortie du film de James Cameron. Chaque année, son association organise un rassemblement le jour anniversaire de la catastrophe afin de commémorer « la galanterie » qui s’est manifestée pendant que le paquebot coulait.

Le film aux onze Oscars met en avant une « image faussée de la lutte des classes marxiste », selon Vision Forum Ministries. « On y voit des riches qui cherchent à acheter leur liberté à tout prix et des pauvres qu’on empêche délibérément de se mettre en sécurité; quant à la noblesse du sacrifice chrétien, elle y est minimisée et tournée en ridicule », ajoute l’organisation. « Le tableau qui est brossé est absurde sur le plan historique. »

L’organisation cite Lee Merideth, qui, dans son livre intitulé 1912 Facts About Titanic (1912 choses à savoir sur le Titanic), indique que sur les 706 survivants de la catastrophe, on trouve presque autant de passagers de troisième classe (174) que de première classe (202) et de membres d’équipage (212). Pour Vision Forum Ministries, cela démontre qu'« au-delà des "femmes et des enfants d’abord", on n’a pas cherché à sauver une classe de passagers au détriment d’une autre ».

La Titanic Historical Society, à Indian Orchard (Massachusetts), qui revendique être la plus grande organisation du genre, présente une vision plus nuancée. Selon George Behe, ancien vice-président de l'association, 52% des passagers des première et deuxième classes furent sauvés, tandis que seuls 26% des passagers de troisième classe survécurent. En première et en seconde classe, 94% des femmes et des enfants furent secourus, alors que la proportion tombe à 47% en troisième classe.

Les femmes ont survécu en bien plus grand nombre que les hommes. L’enquête officielle sur la catastrophe révèle que 20% de l’ensemble des hommes sur le bateau ont survécu, contre 74% pour les femmes et 52% pour les enfants. (641 mots-ENI-12-F-0054-JMP)