France : le vote protestant penche à droite

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France : le vote protestant penche à droite

13 avril 2012
En hausse jeudi 12 avril dans les sondages, le socialiste François Hollande (29,5%) devance l'UMP Nicolas Sarkozy (27%) à neuf jours du premier tour. Mais les protestants de l'Hexagone accordent leur faveur au président sortant. Un sondage commandé par l'hebdomadaire français Réforme l'affirme.
(Photo: © liensprotestants)

Nicolas Sarkozy a la cote chez les protestants. Le président français arrive en tête de leurs intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle, affirme un sondage Ifop réalisé en mars pour le magazine Réforme.

Avec 33,5% des suffrages exprimés, le candidat UMP obtient un meilleur score auprès des protestants qu'auprès de l’ensemble des Français. Il devance ainsi François Hollande de 11 points (22,5) et François Bayrou de 17 points (16,5). Chez les protestants comme pour l'ensemble des Français, le centriste est en chute libre par rapport aux élections de 2007.

Catholiques aussi pro-Sarkozy

« Ce sondage confirme le virage à droite des protestants déjà constaté en 2007, remarque le sociologue Jean-Paul Willaime. C'est une rupture dans leur sensibilité politique. » Cependant, pour ce spécialiste de l'Ecole pratique des hautes étude (EPHE) à Paris, il y a déjà longtemps qu'ils ne manifestent plus une sympathie privilégiée pour la gauche. C'était le cas au XIXe et au XXe siècle, particulièrement en milieu réformé, note-t-il. Il regrette que le sondage ne fasse pas la distinction entre protestants évangéliques et luthéro-réformés.

Dans le détail, le candidat du PS François Hollande réalise un meilleur score que Ségolène Royal il y a cinq ans (+2,5) auprès de l'électorat protestant. Mais il est en retrait par rapport à l'échelon national, peut-on lire dans l'étude. Des disparités fortes sont aussi à noter entre les régions du pays : les protestants du Grand Sud, par exemple, mettent plutôt la barre à gauche.

Reste que les intentions de vote des chrétiens convergent. En janvier, Nicolas Sarkozy recueillait 38% d’intentions de vote dans un sondage de ce même institut Ifop, mais auprès des catholiques. En comparaison avec le sondage protestant, l’actuel président de la République creusait même davantage l'écart (près de 16 points) par rapport au candidat socialiste. Le professeur Willaime n'hésite pas à parler du facteur chrétien comme d'« un clivage significatif des sympathies politiques ».

Alsace-Lorraine en ligne de mire

Mais comment expliquer ce coup de barre à droite de l'électorat protestant ? Le sociologue insiste sur le poids du vote évangélique (plus d'un tiers des protestants) et sur celui des luthéro-réformés d'Alsace-Lorraine (un quart). Les déclarations du poulain socialiste sur la remise en cause du lien privilégié entre Etat et Eglise dans cette région du pays n'y ont certainement pas gonflé sa cote.

Willaime pointe aussi les résultats d'un autre sondage Ifop, de 2010 celui-là. Près de deux tiers des protestants français estimaient alors par exemple qu'il fallait que l'Etat donne plus de liberté aux entreprises. « Ils semblent privilégier la responsabilité individuelle », note le chercheur, sans surprise. Ce qui les rapprocherait des positions sarkozystes pour faire face à la crise financière.

Finalement, les propositions de François Hollande en matière de fin de vie et en direction des homosexuels ont certainement froissé plus d'un protestant. « Ils refusent la dictature des intérêts individuels qui perdent de vue le bien commun », conclut Willaime.

Le sondage a été réalisé par Ifop pour Réforme du 9 janvier au 23 mars 2012 auprès d'un échantillon de 410 protestants. La représentativité des échantillons a été assuré par la méthode des quotas. S. R.

Liens
Les sondages peuvent être consultés dans leur intégralité sur le site de l'institut Ifop, celui auprès des protestants et celui auprès des catholiques.