Confessions d'un pasteur «tout neuf»

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Confessions d'un pasteur «tout neuf»

Dimitri Juvet*
22 février 2012
Au milieu des turbulences de l'Eglise, il avoue savoir encore se réjouir ! Nous avons une réforme spirituelle à vivre avant tout, mais pas plus aujourd'hui qu'une autre fois, affirme ce jeune pasteur vaudois. Il prend la plume.

Je suis un pasteur tout neuf. Il y a seulement quelques années, j'étais encore, avec mes collègues d'étude de théologie, dans le bureau du pasteur Pierre Glardon (lire ci-dessous) pour envisager les démarches qui nous conduiraient au ministère pastoral. « Nous avons besoin de ministres solides ! » C'est ce qu'il a commencé par nous dire.

Solides, nous l'avons été, pour passer successivement les étapes du Master en théologie, des examens d'entrée en stage, du stage et de son évaluation, et enfin des examens de consécration.

Aujourd'hui, le message de Pierre Glardon est le même : nous sommes en crise, et nous devons, en église, devenir solides : dans le domaine de la formation, sur des questions d'identité et d'éthique et dans notre vie spirituelle.

Un débat qui doit avoir lieu

Je suis un pasteur tout neuf, et au milieu des turbulences de notre église, je sais encore me réjouir ! Je me réjouis que le débat soit lancé. Nos responsables d'église ont choisi d'offrir deux livres qui parlent de la crise de notre église à tous les ministres ; ils sont donc prêts, humblement, à reconnaître que nous devons changer. Ils sont prêts à lancer un débat qui doit avoir lieu.

Je fais partie de cette jeune équipe qui lors de la préparation du culte de consécration a choisi d'une seule voix (indépendamment de nos « couleurs » théologiques) de faire dire à toute l'assemblée le Symbole des Apôtres, parce que nous trouvons ce texte ancien plus ouvert qu'une confession de foi inventée par un individu.

Je suis un pasteur tout neuf. Un des premiers de la fameuse génération « Y ». Je fais partie de cette jeune équipe qui lors de la préparation du culte de consécration a choisi d'une seule voix (indépendamment de nos « couleurs » théologiques) de faire dire à toute l'assemblée le Symbole des Apôtres, parce que nous trouvons ce texte ancien plus ouvert qu'une confession de foi inventée par un individu. Je suis de la génération qui trouve que « mai 68 » n'a pas apporté que des belles choses, et qu'on en a assez. Je suis de la génération qui n'a pas besoin de plus de liberté, mais de plus de charpente et de communion pour gérer ensemble et de manière responsable toute cette liberté.

Quand je discute avec mes autres collègues tout neufs, notre position est unanime : nous voulons être actifs dans les changements. Nous sommes au courant de la situation. Nous savons que notre église va changer de visage. Nous nous réjouissons des années passionnantes de changements qui sont devant nous. Nous voulons en être, nous avons été appelés pour en être. Et avec la large distribution de Turbulences je vois un signe que c'est parti.

On critique ce bouquin, on le dit sous-scientifique. On le dit rétro. On le dit moralisant. Au final, qu'importe ! Il remue, il fait réagir, il fait parler. Et j'espère que les réactions, trop personnelles et défensives aujourd'hui, se transformeront en actions communes et ecclésiales.

Sortir des cachettes

Je suis un pasteur tout neuf, et je suis plein d'espoir pour notre église. Dans les prochaines années, nous allons être obligés de sortir de nos cachettes pour dire mieux qui nous sommes. Nous allons être obligés de cesser de confondre unité et uniformité pour mieux connaître et reconnaître les qualités des courants pluriels qui traversent notre Eglise – force de notre Eglise pluraliste et réformée –, et les proposer tels qu'ils sont à la population.

Enfin, nous allons être obligés au travers des changements que nous allons traverser, de fixer nos regards sur le Christ et de nous laisser transformer avant tout par sa Parole et son Esprit en nous et entre nous. Oui, nous avons une réforme spirituelle à vivre avant tout. Mais pas plus aujourd'hui qu'une autre fois. C'est notre cheminement chrétien de grandir spirituellement. On y gagne en clarté, en rayonnement, en sagesse, en amour, en capacité d'espérer. Pourquoi dénigrer ces propositions-ci de Turbulences ? Il s'agit pourtant des fruits de la grâce, à prendre au sérieux, avec plaisir ! L'avions-nous réellement oublié ?

Une réforme spirituelle brutale ou en douceur, aujourd'hui ou demain ? Tout est entre nos mains et celles de Dieu. A nous de rester attentifs à ce qui se passe, aux signes qui viennent de nos responsables d'église comme de ceux qui viennent de nos villes, villages et paroisses; aux signes que Dieu fait bouger son Eglise. Attentifs et prêts à agir, chacun où il se trouve.

*BIO EXPRESS

DIMITRI JUVET

Couleur : orange

Animal : lapin

Jeux vidéo : Minecraft

Vacances de février : brevet de plongée

Citation : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. » (Antoine de Saint-Exupéry)

1984 : Naissance à Meyrin (GE)

1988 : Vaudois de cœur

2003 : Maturité gymnasiale Grec, Latin, Math RE, Bilingue français-allemand, Musique

2008 : Marié à Florine ♥

2009 : Master en Théologie. Travail de mémoire en Théologie Systématique « C.S. Lewis : une image de vie »

2010 : Validation du stage pastoral effectué dans la paroisse d'Ecublens/St-Sulpice

2010 : Entrée en suffragance dans la paroisse de Granges et Environs (Broye vaudoise)

2011 : Consécration au ministère pastoral

A lire aussi

Suite à la parution de l'ouvrage d'Eric Fuchs et Pierre Glardon, Turbulences, Les Réformés en crise, ProtestInfo a proposé un article qui donnait la parole à quelques acteurs du débat. L'agence a également ouvert ses colonnes à l'un d'eux, le Professeur Denis Müller.

  • Le pasteur francophone bernois Marc Seiler réagit à la chronique de Dimitri Juvet sur la page Facebook de ProtestInfo. A suivre.