Indonésie: des chrétiens déterminés à récupérer leur église
Début février, des dizaines de membres de la paroisse de Yasmin de l’Eglise chrétienne d’Indonésie (GKI) ont organisé des services dominicaux devant le Palais présidentiel à Jakarta en signe de protestation. C'était lors de la Semaine mondiale pour l’harmonie interconfessionnelle, où des responsables religieux étaient rassemblés à la Chambre des représentants.
« C’est notre manière de montrer notre intérêt pour ce pays. Nous avons été tenus à l’écart de notre église pendant des mois. Notre lieu de culte a été mis sous scellés », a déclaré Dwiati Novita Rini, porte-parole de la paroisse de Yasmin de la GKI.
La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, a déjà envoyé au gouvernement indonésien une lettre pour faire part des inquiétudes que suscitent plusieurs cas, dont le blocus de l’église de Yasmin.
Décision de la Cour contestéeLa paroisse, située à Bogor, dans la province de Java-Ouest, célèbre ses cultes sur le trottoir ou chez les paroissiens depuis que des accusations d’irrégularités ont été portées au sujet des formalités de construction de l’église. Le permis de construire a été annulé par le maire de Bogor, Diani Budiarto, qui a ainsi fait fi d'une décision de 2010 de la Cour suprême autorisant la paroisse à célébrer les cultes dans l’édifice illégalement placé sous scellés.
En octobre dernier, cependant, le maire Budiarto a interdit la célébration des cultes à l’extérieur du bâtiment, puis, au début de cette année, Dwiati Novita Rini a indiqué que la paroisse n’était plus du tout autorisée à célébrer de cultes. La semaine dernière, des partis politiques islamistes ont exigé du gouvernement qu’il passe outre la décision de la Cour suprême, obligeant le législateur à modérer sa recommandation en vue de mettre un terme à ce litige, selon le Jakarta Globe.
La Chambre des représentants s’est également opposée à la décision de la Cour. Les paroissiens ont été invités à la table des négociations mais trois réunions ont été annulées en raison de l’absence des représentants du gouvernement. « Nous allons continuer à nous battre pour notre droit, celui de pouvoir organiser des services religieux dans notre lieu de culte légalement reconnu », a affirmé Bona Sigalingging, porte-parole de l’Eglise. (412 mots-ENI-12-F-0023-JMP)