Aeon Corp., l'une de plus grandes chaînes de distribution du Japon, s'est lancée dans le marché des pompes funèbres en 2009. L'activité relève traditionnellement des temples bouddhistes. L'objectif de l'entreprise est de réduire les coûts des obsèques par l'achat en gros d'articles funéraires. Selon de récentes estimations, dans trois ans, environ 100 000 personnes feront appel aux services funéraires d'Aeon, indique Majirox News, un service de presse en ligne qui couvre le Japon.

Avec le vieillissement de la population, de nombreux Japonais choisissent des obsèques meilleur marché. Le Japon est le pays qui compte la plus forte proportion de citoyens âgés de plus de 65 ans (23,1%), selon le Ministère de l'Intérieur et de la Communication. En 2010, il y a eu 1,2 million de décès au Japon. Le secteur funéraire pèserait quelque 48 milliards de yens (468 millions d'euros).

Le coût moyen des obsèques – qui comprennent la cérémonie, la crémation, les fleurs, les urnes et les dons aux moines bouddhistes – s'élève à près de 2,8 millions de yens (27 000 euros). Fumitaka Hirotaka, l'un des responsables du département en charge des pompes funèbres de Aeon, a expliqué que la mort de son père lui a fait comprendre à quel point le processus funéraire est cher et confus au Japon. Il a abordé cette question avec ses collègues, puis l'entreprise a pris la décision d'entrer sur le marché.

La prestation minimale chez Aeon coûte environ 198 000 yens (1 900 euros). Cependant, un représentant de l'entreprise a expliqué par téléphone: « Si vous souhaitez inclure la crémation, les frais de transport et le coût de la chambre funéraire, il faudra compter à peu près 800 000 yens (7 800 euros), mais cela ne comprend pas le don au prêtre bouddhiste. » Aeon ne dispose pas de salons funéraires. Elle peut cependant orienter ses clients vers des entreprises qui proposent ce genre de services.

Le service clients d'Aeon est disponible 24 heures sur 24. « Afin d'offrir des services de qualité, les employés doivent maîtriser 140 règles de prestations funéraires », a indiqué Fumitaka Hirotaka. Il s'agit notamment de faire preuve de tact avec les gens par téléphone et d'être capable d'accomplir les différentes tâches toujours avec empathie et gentillesse.


Shido Tanaka, 25 ans, prêtre bouddhiste à Tokyo, affirme que l'intérêt d'Aeon pour le secteur funéraire le dérange, car l'entreprise n'y voit selon lui qu'une activité commerciale.

« Beaucoup de gens pensent que les temples bouddhistes facturent tout pour les obsèques, car nous dépendons de ces revenus pour survivre, or c'est faux », a expliqué le prêtre. Il ajoute que les prêtres ne reçoivent que les dons que font les familles pour avoir conduit le service funéraire. « Nous ne gagnons d'argent ni sur les pierres tombales, ni sur les autres articles funéraires », a-t-il dit. 

Selon lui, le don moyen fait à un moine bouddhiste lors des obsèques se situe dans une fourchette de 250 000 à 1 000 000 de yens (2 400 à 9 700 euros). Ce qui ajoute au coût des obsèques, c'est la marge que prennent les entreprises commerciales, a-t-il affirmé.

Même si les prêtres bouddhistes doivent repenser la signification des funérailles, Shido Tanaka estime qu'il ne faut jamais considérer les obsèques comme une activité commerciale.

« C'est pour les membres de la famille du défunt une occasion unique pour retracer la vie de leur proche et pour recevoir les messages qu'il a laissé derrière lui. Par cette cérémonie, ils ont l'impression de communiquer avec lui », a-t-il indiqué.

De son côté, Aeon estime refléter la voix du peuple. « Les gens n'ont pas besoin de payer beaucoup d'argent pour des obsèques. Nous aidons les clients », a affirmé Fumitaka Hirotaka. (704 mots-ENI-12-F-0022-JMP)