Ouganda: Des responsables d’Eglises entrent dans la bataille contre une loi anti-homosexuels

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Ouganda: Des responsables d’Eglises entrent dans la bataille contre une loi anti-homosexuels

13 février 2012

Nairobi, le 13 février (ENInews\Fredrick Nzwili) – Des militants des droits des homosexuels se mobilisent sur Twitter et Facebook pour s’opposer à un projet de loi homophobe en Ouganda. Les responsables religieux sont partagés. La peine de mort a été retirée du texte, déposé pour la seconde fois au parlement en quelques mois.

La proposition de loi anti-homosexualité de 2009 a été présentée le 7 février au parlement par le député qui en est à l’origine, David Bahati. Cette mesure a aussitôt suscité dans le monde entier une levée de boucliers semblable à celle qui avait conduit à l’ajournement du projet, en 2011.

« Je suis très déçu que cette proposition de loi revienne en force », a déclaré Christopher Ssenyonjo, ancien évêque anglican du Buganda occidental, dans une interview par téléphone accordée depuis Kampala, la capitale ougandaise, au correspondant d’ENInews le 8 février.

Si la peine de mort a été retirée de cette dernière mouture, la pratique homosexuelle, illégale en Ouganda, serait passible d’une peine de prison à vie. De nombreux responsables religieux condamnent l’homosexualité, la considérant comme un pécher allant à l’encontre des Ecritures.

« Suggérer la mort? Pas africain »

Pour sa part, l’évêque Ssenyonjo s’est élevé contre les politiciens qui exploitent cette proposition de loi à des fins populistes. « Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup à faire et nous devons utiliser tous les outils possibles, comme Twitter et Facebook », a indiqué l’évêque, qui travaille auprès de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).

Une pétition visant les 5000 signatures est en circulation sur les réseaux sociaux afin d’exhorter le président Yoweri Museveni et le parlement à rejeter la loi. Selon cette pétition, la proposition de loi expose l’Ouganda à un isolement vis-à-vis de l’Occident.

Au Kenya, le prêtre anglican Michael Kimindu, président africain de l’organisation de défense des droits des homosexuels Other Sheep (« d’autres moutons »), a affirmé qu’il publierait des tweets pour protester contre la proposition de loi.

« Suggérer la mort n’est pas africain, que ce soit pour des raisons d’orientation sexuelle ou pour toute autre raison. Selon nous, cette proposition de loi est totalement injuste. Nous faisons pression pour qu’elle soit retirée », a déclaré Michael Kimindu.

Contraire aux droits de l'Homme

Jane Wochaya, attachée de presse de l’organisation Gay Trust Kenya, a expliqué que les réseaux sociaux permettent de centraliser les appels à la protection des droits des homosexuels en Ouganda.

« Ce projet de loi va à l’encontre de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies et des droits fondamentaux de la personne », a-t-elle souligné.

La communauté LGBT ne fondera pas ses propres églises ou mosquées, selon Jane Wochaya. Elle ajoute cependant que ces personnes aspirent à se faire accepter dans celles qui existent, puisque chrétiens et musulmans professent l’amour, l’acceptation et l’inclusion. (471 mots-ENI-12-F-0020-JMP)