Sénégal: une organisation interreligieuse africaine appelle au calme

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Sénégal: une organisation interreligieuse africaine appelle au calme

6 février 2012
Nairobi, Kenya, le 6 février (ENInews\Fredrick Nzwili) – A vingt jours des élections présidentielles, les responsables religieux du Sénégal s’unissent pour éviter une escalade de la violence. Le pays est en effervescence depuis la récente décision du Conseil constitutionnel d'autoriser le président Abdoulaye Wade, 85 ans, à briguer un troisième mandat.

« Au milieu du chaos et de la confusion, nous avons entendu le coup de clairon lancé par certains responsablesa », écrit le pasteur Ishmael Nokoi, président de l’Action interreligieuse pour la paix en Afrique, dans une lettre datée du 31 janvier. Il évoquait notamment les appels au calme lancés par des leaders musulmans à leur confrérie.

Le bilan des manifestations, qui ont débuté le 27 janvier, s’élève à au moins quatre morts et plusieurs dizaines de blessés. Le 1er février, une personne a trouvé la mort à Dakar dans un affrontement entre des jeunes armés de pierres et des représentants des forces de l’ordre.

Violence impuissante

Le pasteur Noko, dont l’organisation rassemble des responsables des religions chrétienne, musulmane, juive, hindoue, bouddhiste, bahaïe et traditionnelle africaine, a jugé ces décès inacceptables. Il a en outre mis en garde contre une exploitation des jeunes et d’autres groupes vulnérables dans ce contexte.

« Nous espérons pouvoir appeler, par votre intermédiaire en tant que responsables religieux, toutes les factions politiques à ne pas exploiter leurs concitoyens et à ne pas profiter d'eux pour assouvir un intérêt personnel », a-t-il dit.

Il a affirmé que la violence ne permettra ni d’expliquer pour quelles raisons, ni de demander pourquoi la Cour a donné son aval à un troisième mandat.

Appel au retrait de la candidature

Selon Radio Nederland Wereldomroep, l’opposition juge illégale la candidature d’Abdulaye Wade à un troisième mandat, puisque la Constitution n’en autorise que deux. Cependant, le président et son parti affirment que la nouvelle Constitution a été adoptée après son élection et qu’il est en droit de briguer ce nouveau mandat.

Avant la décision de la Cour constitutionnelle, l’archevêque catholique romain de Dakar, Theodore Sarr, avait appelé à ce que les élections se déroulent dans un climat pacifique, à l'instar des précédentes élections. « Les citoyens doivent respecter la Constitution et définir leurs positions dans le cadre de la loi », a déclaré l’archevêque Sarr, selon des médias.

A Dakar, le cheikh Saliou Mbacke, coordinateur local de l’Action interreligieuse pour la paix en Afrique, a indiqué dans une interview par courriel avec le correspondant d’ENInews que certains responsables religieux appellent le président Wade à retirer sa candidature dans l’intérêt de la paix.

Dans un contexte de pauvreté et de chômage croissants, Abdulaye Wade essuie de nombreuses critiques pour ses projets dispendieux. Il a notamment fait ériger la Statue de la renaissance africaine, une structure de bronze de près de 50 mètres de haut, qui a coûté plus de 20 millions d’euros. (520 mots-ENI-12-F-0016-JMP)