Les Eglises du Liechtenstein craignent de perdre le soutien financier de l'Etat

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Les Eglises du Liechtenstein craignent de perdre le soutien financier de l'Etat

11 juillet 2011
Varsovie, le 11 juillet (ENInews\Jonathan Luxmoore) – Les Eglises du Liechtenstein, l'un des plus petits Etats au monde, pourraient se trouver confrontées à une catastrophe financière
Le gouvernement de la principauté prévoit en effet l'introduction d'une nouvelle législation qui supprimerait les subventions de l'Etat, explique un responsable protestant.

« Le changement sera radical. Nous dépendons des subsides et nous n'aurons aucune chance d'en obtenir si la nouvelle loi est adoptée », a déclaré Markus Meidert, président de l'Eglise évangélique luthérienne du Liechtenstein, principauté alpine de 160 km2 qui n'est membre de l'ONU que depuis 1990.

Majorité catholique

« Ce pays est essentiellement catholique, or ce projet ne plaît pas non plus à l'Eglise catholique », a expliqué Markus Meidert. « Néanmoins, c'est surtout pour les petites Eglises comme la nôtre que la nouvelle loi aura des répercussions dramatiques, car nous sommes loin d'avoir les ressources de l'Eglise catholique. »

Markus Meidert réagissait au projet de loi sur la religion présenté aux 25 membres du Landtag – le Parlement –, qui abolirait le statut d'Eglise officielle dont jouit l'Eglise catholique romaine. Dans le cadre des réformes prévues, les communautés religieuses reconnues seraient privées de leurs subventions d'Etat.

Dans une interview accordée au correspondant d'ENInews fin juin, le responsable protestant a expliqué que les subsides de l'Etat représentent la moitié du budget actuel de l'Eglise évangélique luthérienne, qui n'a pas les ressources nécessaires pour générer des revenus comme les Eglises chrétiennes des pays voisins, notamment en Allemagne et en Autriche.

« Auparavant, presque tout le monde était catholique ici, et tout le monde était de la même communauté religieuse et politique, mais aujourd'hui, un tiers des habitants du Liechtenstein sont originaires d'ailleurs », a déclaré Markus Meidert. « Alors les partisans de ces réformes disent que la situation a changé et que nous devons cesser d'être une petite principauté isolée. »

Le responsable luthérien poursuit : « Il ne fait cependant aucun doute que, parmi la multitude de raisons citées pour justifier ce changement, les économies budgétaires arrivent en tête. Cela fait un moment déjà que ces propositions sont dans l'air et elles pourraient bien se concrétiser très prochainement.

Population : 36 000 personnes

Le Liechtenstein, principauté coincée entre l'Autriche et la Suisse, est devenu indépendant au début du 19e siècle après avoir fait partie intégrante du Saint-Empire romain germanique. L'Eglise catholique romaine représente 78% des 36 000 habitants du pays. L'Eglise catholique perçoit annuellement 300 000 francs suisses (248 000 euros) provenant du budget de l'Etat, et bénéficie de surcroît de subventions des 11 municipalités de la principauté.

Cependant, le territoire abrite également 18 autres associations religieuses aux côtés de l'Eglise évangélique luthérienne, qui rassemblait 8% de la population lors du recensement de 2000. Les appels à un assouplissement des relations Eglise-Etat ont reçu le soutien du prince héritier Alois III, qui assume depuis 2004 les affaires courantes de l'Etat depuis que son père, le prince Hans-Adam II, les lui a confiées.

Si les réformes proposées par le gouvernement étaient adoptées, l'Eglise catholique romaine perdrait, dans le cadre d'une restructuration du droit de la religion, son statut d'« Eglise d'Etat » bénéficiant de la « protection totale de l'Etat », comme le lui garantit la Constitution nationale de 2003.

Le rôle clé de l'Eglise dans l'éducation et l'enseignement religieux à l'école disparaîtrait également avec les réformes. Par ailleurs, le projet réduirait le soutien financier de l'Etat et les avantages accordés pour les services que rendent les Eglises à la collectivité.

Les changements proposés ont été condamnés dans une lettre ouverte du 10 juin adressée aux membres du gouvernement et du Parlement. Selon l'auteur de la lettre, Markus Walser, vicaire général de l'archidiocèse catholique romain de Vaduz, le projet de réforme « ne convainc absolument pas » et ne prend pas en compte « les souhaits de l'Eglise catholique. »

Refus de célébrer la messe traditionnelle de la fête nationale

Il a ajouté que l'Eglise ne cherche pas à obtenir « une position privilégiée ou un statut spécial » au Liechtenstein, où les projets de loi visant à légaliser l'avortement et les partenariats du même sexe ont suscité de virulentes critiques de la part de l'Eglise. Il a cependant averti que l'archevêque Wolfgang Haas, qui est à la tête de l'Eglise dans le pays, refuserait de célébrer la messe traditionnelle de la fête nationale le 15 août, en signe de protestation contre les mesures gouvernementales.

« La séparation de l'Eglise et de l'Etat devrait être réglementée par un concordat et des accords équivalents avec les communautés religieuses », a écrit Mgr Walser. Dans une interview donnée au correspondant d'ENInews, le vicaire général a affirmé n'avoir reçu aucune réaction à sa lettre. Cependant, selon Markus Meidert, la décision de l'archevêque de boycotter la messe a « suscité un certain émoi » et aurait « une importance symbolique » pour les habitants du Liechtenstein. (806 mots-ENI-11-F-0080-JMP)