Premier code de conduite chrétien sur le prosélytisme

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Premier code de conduite chrétien sur le prosélytisme

Jean-Christophe Emery
30 juin 2011
Le premier code de conduite relatif au prosélytisme chrétien a été signé mardi 28 juin à Genève au siège du Conseil œcuménique des Eglises (COE). Il s'agit d'un document capital pour les différentes confessions chrétiennes et touche 90% des chrétiens, soit près de 2 milliards de personnes. C’est dire la portée de ce texte.


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Ce code de déontologie a été élaboré et signé par le COE, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (CPDI) de l'Eglise catholique romaine, et l'Alliance évangélique mondiale (AEM), a indiqué le COE dans un communiqué*. Ce texte est destiné à limiter les tensions entre confessions chrétiennes, mais aussi entre le christianisme et les autres religions. Il a fallu cinq ans de travail intense pour accoucher de cet accord. C’est dire si les tensions sont vives.

Tensions

Si l'on met de côté les désaccords théologiques, et ceux relatifs à la gestion du pouvoir, le prosélytisme représente un des obstacles importants entre les chrétiens. L’évangélisation, comme on dit dans le jargon, est assurément le lieu des plus grandes frictions. En particulier lorsque les communautés chrétiennes se volent des paroissiens les unes aux autres.

Le cas le plus frappant est celui de l’Amérique latine qui a vu en l’espace de 40 ans près de 20% de sa population quitter l’église catholique au profit d’églises évangéliques charismatiques. Ce mouvement pèse actuellement plus d’un quart du christianisme et il est en progression constante sur les cinq continents.

Les évangéliques, pour parler de ce courant, ont une déontologie en matière de mission, même si tous ne la perçoivent pas. Beaucoup d’églises évangéliques reconnaissent, en matière de mission, la portée d’un texte appelé la « Déclaration de Lausanne ». Révisé en octobre dernier à la faveur d’un rassemblement mondial en Afrique du Sud, ce texte dénonce déjà explicitement un certain nombre de pratiques qualifiées de prosélytisme.

Rôle de bouclier

Outre la représentativité plus large du document signé mardi, il y a un autre aspect dans lequel une déontologie peut jouer un rôle important. Un rôle de bouclier pour des groupes chrétiens minoritaires. En se référant à ce texte ils pourront tenter de faire barrage à l’accusation de prosélytisme religieux, c’est en général le prétexte par excellence à toute discrimination de ces groupes de croyants.

*Les trois organisations rassemblent des Eglises des traditions orthodoxe, catholique, anglicane, protestante, évangélique, pentecôtiste et indépendante.

**Ce texte a été diffusé dans "Juste Ciel" sur les ondes de la Radio suisse romande le lundi 27 juin.

Cet article a été publié dans :

Le quotidien fribourgeois La Liberté et le quotidien genevois Le Courrier samedi 2 juillet.