Eglises réformées romandes: yo-yo financier avant l'été
Cette fois, c'est officiel. Dès 2011, le Centre social protestant neuchâtelois doit compter sur un soutien plus réduit (240 000 fr.) de l'Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN), dont il dépend (lire notre article du 8 juin). Le Synode de l'EREN a en voulu ainsi mercredi 22 juin à la Rouvraie. Pour l'EREN, le régime minceur commence à prendre forme. Amputée de 850 000 fr. à l'automne 2010 suite au retrait de la contribution ecclésiastique de Philip Morris, elle doit aujourd'hui sérieusement réduire son budget de fonctionnement.
Du coup, le législatif a aussi donné son vert à l'exécutif pour qu'il négocie à la hausse (80%) les contributions des partenaires de l'Eglise dans certaines de ses missions d'aumônerie. Selon le pasteur Gabriel Bader, président du Conseil synodal, des « négociations serrées » ont déjà débuté avec certains hôpitaux. Celles avec les homes prendront plus de temps. Du côté de la vie de l'Eglise, le nombre de cultes par dimanche devrait diminuer. A reculons, les délégués ont voté un accord de principe. Mais ce chantier s'annonce long. Le Conseil synodal présentera un premier projet dans une année.
Bénéfice surprise pour l'EERVLes délégué vaudois, pour leur part, ont accepté samedi 18 juin les premiers comptes de leur nouveau caissier, Pierre-André Glauser (lire notre article du 20 juin). Ils bouclent sur un bénéfice d'exploitation de 237 000 francs (budget: 44 millions). Mais le répit devrait être de courte durée pour les finances d'une institution en pleine cure d'amaigrissement.
Ces bons résultats n'ont pas empêché le synode réuni à Moudon de rogner de 20 000 francs la subvention pour la saison 2012-2013 à l'Espace culturel des Terreaux. La conseillère synodale Line Dépraz a encouragé les délégués à reconduire cette manne de 200 000 fr. (près d'un quart du budget de la salle de spectacles) lors du synode d'automne.
Au bout du lac, c'est un résultat positif, mais un constat inquiétant qui ont été délivrés lors de la séance du Consistoire de l’Eglise protestante de Genève (EPG), le 16 juin. Au moment de boucler ses comptes (au 31 mars 2011), l'institution engrange un bénéfice de 2,9 millions de francs. Toutefois, ces bons résultats n’ont été possibles que grâce à des legs très supérieurs à la moyenne (6,3 millions de francs contre 1 million budgété). A l'horizon 2014, des pistes concrètes d’augmentation des recettes et de diminution des dépenses devront être proposées pour équilibrer le budget (lire nos articles du 15 juin et du 17 juin).
Du côte de Fribourg, les délégués au synode ont laissé parlé leur solidarité le 6 juin dernier. Mais, une fois n'est pas coutume, avec une Eglise soeur, en l'occurrence Neuchâtel, qui se débat, nous l'avons dit, dans de lourdes difficultés financières. « Plusieurs modèles étaient proposés », souligne Daniel de Roche, président du Conseil synodal. C'est finalement un don unique de 200 000 fr. qui a remporté l'adhésion de la majorité. Il pourrait être reconduit.
« Le temps n’est pas encore oublié, où les paroisses fribourgeoises ont bénéficié, lors de leur création, de la générosité d’autres Eglises sœurs, comme celle de Neuchâtel », précise encore l'EERF dans un communiqué. En 2010, le vent a donc tourné: un excédent de recettes de 160 000 francs a pu être attribué au capital propre, sur un budget de 1,72 mio.
Le 18 juin à Sornetan (BE), le plus remuant des arrondissements de l'Eglise BEJUSO, le jurassien, a approuvé le rapport annuel du Centre social protestant Berne-Jura (partie Jura bernois). Les 56 délégués ont appris que ce dernier avait été mandaté par la Direction de la santé publique comme « partenaire stratégique pour le Jura bernois pour la réalisation des programmes d'occupation et d'insertion proposés dans le cadre de l'aide sociale ».
En Valais, les paroisses ne devront plus puiser dans leur caisse pour contribuer aux salaires des ministres en fonction de leur ancienneté. « D'autres formes devront être trouvées, mais le principe de solidarité est maintenu », a déclaré à ProtestInfo le président du synode, le Sierrois Jean-Pierre Aeschlimann. Les délégués de l'EREV s'étaient réunis le 7 mai Monthey.
La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) entre dans une ère de mutations. Ses délégués, réunis à Lausanne du 19 au 21 juin derniers, ont dit oui à la révision de la constitution de leur organisation. Une chose est sûre: la faîtière va continuer à réduire sa voilure.
Elle a aussi revu sa clé de répartition financière et propose des synergies régionales pour permettre aux Eglises de réduire leurs coûts. Le système actuel défend clairement les Eglises minoritaires. Les grandes Eglises, comme Berne par exemple, qui compte plus de 600 000 membres, seraient favorables à disposer de davantage de voix (lire l'article du 21 juin).
S. R.