Matières premières: les oeuvres d'entraide enfoncent le clou

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Matières premières: les oeuvres d'entraide enfoncent le clou

21 juin 2011
Pain pour le prochain, Action de Carême et Etre partenaires ont déposé mardi 21 juin leur pétition à la Chancellerie fédérale. Elle exige que les entreprises du secteur des matières premières publient leurs flux financiers. Le Conseil fédéral est mis face à ses responsabilités.


Les trois oeuvres d'entraide ont récolté plus de 27 000 paraphes pour plus de transparence financière de la part des « multinationales extractives » établies en Suisse. PPP, Action de Carême et Etre partenaires ont déposé mardi 21 juin à Berne leur pétition lancée le 10 mars dernier, début de leur campagne annuelle, font-elle savoir dans un communiqué.

« C'est un signal fort que nous adressons au Conseil fédéral pour plus de cohérence entre sa promotion économique et sa politique étrangère », souligne Jean-Claude Huot, secrétaire romand d'Action de Carême.

Dans le viseur de la campagne oecuménique, l’entreprise suisse de négoce de matières premières Glencore (lire l'article de ProtestInfo). Selon le communiqué, l'entreprise a engrangé quelque 145 milliards de dollars en 2010, notamment en exploitant des mines de cuivre et de cobalt au Congo. Une étude commandée par Pain pour le prochain et Action de Carême a révélé que l’Etat congolais et la population locale n’en ont pratiquement pas profité. En effet, les négociants en matières premières tels que Glencore exploitent toutes les lacunes et toutes les astuces possibles pour éviter de payer des impôts et des taxes.

Pas de moyens pour l'enseignement

L’étude met également en évidence qu’une filiale de Glencore bafoue les droits humains et pollue l’environnement. Toss Mukwa, le coordinateur du programme d’Action de Carême au Congo, souligne à ce sujet: « Les multinationales exploitent les richesses minières du Congo aux dépens de la santé de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Or, l’Etat n’a même pas les moyens de payer les salaires des enseignants et des médecins. »

Avec cette pétition, les œuvres d’entraide et les signataires exhortent le Conseil fédéral à prendre des mesures contre cette injustice. Les multinationales de l’industrie extractive dont le siège est en Suisse doivent révéler le montant des impôts et des taxes qu’ils reversent à chaque pays. « Les discussions devraient durer un certain temps. Le débat ne fait que commencer », a ajouté M. Huot.

"Genève, une plaque tournante"

Dans d’autres pays, ce type d’entreprises subissent des pressions croissantes, peut-on encore lire dans le communiqué. En 2010, les Etats-Unis ont introduit la loi dite Dodd-Frank visant à renforcer la transparence dans le secteur des matières premières. En France et en Grande-Bretagne, les gouvernements ont réclamé une loi semblable et ont été soutenus à cet égard par le Parlement européen. Lucrezia Meier-Schatz (PDC/SG), la présidente du Forum de fondation d’Action de Carême, estime qu'« il est temps que les entreprises prennent conscience de leurs responsabilités et respectent les droits humains! »

La Suisse porte une responsabilité particulière car un nombre croissant d’entreprises internationales transfèrent leur siège en Suisse. « Genève est devenue une véritable plaque tournante du commerce mondial des matières premières, affirme Miges Baumann, responsable de la Politique de développement à Pain pour le prochain. Les multinationales profitent de la politique et de la législation laxistes suisses. » (comm./sr)