Atome, athéisme et jugement dernier à la Fusterie

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Atome, athéisme et jugement dernier à la Fusterie

9 juin 2011
Un jour après le oui du National à la sortie du nucléaire, l'éthicien Denis Müller et le physicien Jean-François Dupont croisent le fer sur le nucléaire,
aujourd'hui jeudi, dans le temple genevois de la Fusterie. Des écrivains-pasteurs du cru évoqueront leur dernier ouvrage dès le jeudi suivant. Et un certain pasteur hollandais et athée lancera la saison d'été le jeudi 21 juin.

En juin, l'Espace Fusterie surfe sur l'actualité. Politique d'abord, avec cette question brûlante: « L'énergie nucléaire civile a-t-elle un avenir? » Pour y répondre, deux spécialistes éclaireront de leur regard propre la thématique atomique: l'éthicien Denis Müller et l'ingénieur Jean-François Dupont, membre de la Fédération romande de l'énergie. « Pour ce débat, nous cherchions à avoir une compétence plutôt qu'une opinion », note Blaise Menu, membre de l'équipe de programmation. Le public est invité à se mêler à la discussion aujourd'hui jeudi à 12h30 dans le temple du centre-ville, largement ouvert sur l'extérieur. Trois pasteurs et trois livres

Mais cette « présence différente de l’Eglise protestante genevoise (EPG)» au cœur de la cité de Calvin, offerte depuis 2008, laisse aussi une place à l'actualité littéraire. En l'occurrence celle de trois pasteurs de l'EPG. Retraité, André Herren égrainera quelques images, le jeudi 16 à 12h30, de son Jugement dernier en procès, fraîchement sorti de presse aux Editions Ouverture (lire ci-dessous). La semaine suivante, le 23 juin à 12h30, l'aumônier universitaire Philippe Chanson passera en revue ses Variations métisses, en guise de perles de son récent travail de doctorat en anthropologie à l'Université belge de Louvain. Quant au pasteur Pierre Aubert, il présentera Contre la déshumanisation, le dernier mardi de juin, le 30 à 12h30, un point de vue documenté sur le théologien orthodoxe Nicolas Berdiaeff.

C'est le pasteur hollandais et athée Klaas Hendrikse, récemment publié cher Labor et Fides avec son livre Croire en un Dieu qui n'existe pas. Manifeste d'un pasteur athée, qui lancera la saison estivale, le mardi 21 juin (lire l'article d'Anne Buloz) à 19h. Les concerts, temps de prière et autres méditations s'arrêteront pendant l'été. Et feront place aux transats et parasols de Fusterie-Plage. « Du mardi au jeudi et si le temps le permet, des livres choisis seront là pour accrocher le passant, souffle Blaise Menu. On pliera le 16 juillet. »

Samuel Ramuz

* Davantage d'informations sous www.espacefusterie.ch


Trois questions à André Herren


Le Christ des Evangiles se présente à la fois comme porteur d'un amour inconditionnel pour tous et, dans quelques passages, comme un juge impitoyable? Comment comprendre cette contradiction? C'est la délicate question que pose le pasteur genevois André Herren, ancien directeur de l'Atelier oecuménique de théologie (AOT), dans un livre qui vient de paraître. Interview.

Pourquoi ce titre, Le Jugement dernier en procès?

En relisant les chapitres 24 et 25 de l'Evangile de Matthieu notamment, je voulais entre autres traiter de la thématique des catastrophes et des événements de la fin des temps. D'un point de vue théologique d'abord, en tissant des liens avec ce qui, pour moi, s'apparente à l'enfer sur terre aujourd'hui: la pauvreté, la mal, l'injustice. Dans cette démarche, je rencontre des artistes qui nous proposent leurs propres interprétations.

Justement, ce recours aux images, ce n'est pas très protestant pour le pasteur que vous êtes?

J'utilise précisément l'iconographie pour dire en quoi elle résonne avec le texte (ndlr: André Herren a dû choisir parmi plus de 600 images collectées figurant le Christ comme juge ultime). Certaines peintures, souvent, éclairent des aspects du récit biblique, cachés en première lecture, qu'elles mettent en lumière, ou synthétisent. A contrario, j'ai aussi essayé dans ce livre de déconstruire des fausses pistes sur lesquelles ces représentations emmènent parfois les spectateurs que nous sommes. Au final, le résultat est, je crois, un enrichissement de sens.

Quel public visez-vous en traitant un thème qui peut paraître ardu?

Ce n'est assurément pas un livre académique. Il est le fruit d'années d'échanges féconds avec des paroissiens de France et de Genève et avec les participants rencontrés à l'AOT. J'ai envie d'entrer en discussion avec mes lecteurs en montrant par exemple comment la parabole du jugement dernier ne nous renvoie pas à un ailleurs plus tard, mais nous appelle à la responsabilité dans notre vie de tous les jours. Chaque rencontre est alors éternellement importante. S.R.

* Le Jugement dernier en procès, André Herren, Editions Ouvertures, 2011.