L'EREN empoigne son avenir
Et si le travail dans les homes du canton n'était assuré par l'EREN que sous conditions? A savoir une prise en charge à hauteur de 80% du coût de la prestation par l'institution partenaire? Réunie en journée synodale samedi 2 avril dans les hauts de Bevaix, l'Eglise réformée évangélique neuchâteloise fait face au retrait l'automne dernier de son plus gros contributeur.
« Nous serons une Eglise plus petite », a dit, lucide, son président Gabriel Bader au moment de planter le décor. Quelque 130 participants, des pasteurs, des diacres, des présidents de conseils de paroisses ou encore de simples paroissiens sont montés dans les hauts de Bevaix pour plancher avec le Conseil Synodal, l'organe exécutif, sur l'avenir de leur Eglise protestante.
Les propositions chocs pour réduire la voilure tout en restant pertinent ont abondé. « Nous sommes ici pour montrer que nous voulons agir et non réagir», a affirmé le responsable des finances, le laïc Pierre Bonanomi.
Justement, les finances. Sérieusement mises à mal l'automne dernier par le départ de Philipp Morris (10% du budget), elle n'ont cependant cessé de se dégrader ces dernières années. « Nos contributeurs volontaires vieillissent », a noté M. Bonanomi, par ailleurs entrepreneur lui même.
L'EREN, que l'Etat subsidie à hauteur de 1,56 million par an sur un budget de 9,2 mios, ne peut donc pas rester les bras croisés, même si ses donateurs ont fourni « un effort exemplaire en décembre, où le montant de la contribution ecclésiastiques a doublé », a souligné le caissier.
« Le question dépasse l'aspect financier et appelle une réponse globale », a affirmé le pasteur Gabriel Bader. Justement, à quoi ressemble(ra)-t-il, ce paysage?
Moins de cultes
En premier lieu, la vie communautaire: il pourrait bien à terme ne plus y avoir que dix cultes par dimanche dans tout le canton, contre 20 à 25 aujourd'hui. « Le critère géographique n'est aujourd'hui plus seul en compte. Des communautés se forment aussi par intérêt commun », a poursuivi le président. Dans les discussions de groupe de l'après-midi, certains ont mis le doigt sur une appartenance fragilisée que ce modèle impliquerait.
Dans l'optique de ramener le budget de fonctionnement à 7,5 mios mais aussi de simplifier la structure des postes ministériels, le conseil synodal a également mis en discussion une diminution de 70% à 60% de la charge financière représentée par les salaires. L'occasion, pour l'EREN, de ne plus fonctionner à flux tendu et de dégager des moyens pour de nouvelles formes de présence, comme par exemple dans les entreprises, auprès des chômeurs ou des migrants.
« L'optique de mettre sur pied, par exemple, une offre pour les jeunes adultes est dans l'air depuis quelques années. Ce serait ici l'occasion », a réagi Sylvane Auvinet, pasteure dans la paroisse de la BARC, tout en soulignant que « ce modèle de mandats ponctuels pose un certain nombre de questions ».
Moins d'argent pour le CSP
Le soutien au Centre social protestant neuchâtelois a également été mis sur la table. « De 669 000 fr. il y a encore quelques années, le montant versé par l'EREN a déjà baissé à 299 000 fr. en 2010 », a souligné son directeur Pierre Borer. Une meilleure collaboration entre les pasteurs et les professionnels du social a été évoquée dans l'atelier de l'après-midi, où la question d'arrière-fond était: quelle diaconie dessiner pour l'Eglise?
Enfin, l'accompagnement spirituel pour tous les âges ou la ritualisation des temps de la vie n'apparaissent pas menacés mais plutôt renforcés. En revanche, des petites économies sont envisagées par exemple du côté du parcours de formation théologique cantonal. Ouvert à tous sur deux ans, il coûte aujourd'hui 4000 fr. par apprenant avec seulement quatre à cinq participants par volée.
Après cette journée de consultation, le synode (parlement de l'Eglise) aura la haute main sur les décisions stratégiques, dès juin prochain.
Les articles publiés par ProtestInfo sur la situation de l'EREN :
- Neuchâtel : le canton ne soutiendra pas les Eglises
- Neuchâtel lance un appel de fonds détonant
- Désengagement de Philip Morris : les Eglises neuchâteloises cherchent de nouveaux partenaires
- Coup de massue pour les Eglises neuchâteloises : Philip Morris ne paie plus