Centres sociaux protestants romands : un Suisse sur dix atteint de pauvreté

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Centres sociaux protestants romands : un Suisse sur dix atteint de pauvreté

15 mars 2011
Les chiffres sont alarmants : un habitant sur dix a besoin d’aide en Suisse. Une précarisation qui ne cesse de s’aggraver et qui peut toucher chacun d’entre nous, ont expliqué mardi les Centres sociaux protestants romands (CSP). Dans la foulée, les Vaudois sont appelés aux urnes le 15 mai pour dire s'ils veulent donner un coup de pouce aux familles et aux chômeurs âgés en fin de droit.

Les Centres sociaux protestants le constatent quotidiennement au sein de leurs différentes permanences, la situation continue de se détériorer. « Le nombre de personnes augmente, les situations s’aggravent et il faut plus de temps pour s’en sortir. Cela peut être vous et moi. Personne n’est à l’abri. Cela peut nous toucher tous dans un temps relativement court », a assuré Hélène Küng, directrice du CSP Vaud et présidente de l’association des CSP romands, devant la presse à Genève.

Le CSP en appelle à des mesures globales, au niveau cantonal et fédéral, pour freiner le recours à l’aide sociale. Des engagements dans ce sens ont été pris par Didier Burkhalter, conseiller fédéral en charge du Département fédéral de l'Intérieur, et lors de la conférence des villes suisses en novembre 2010. « Nous souhaitons des prestations complémentaires pour les familles. Le second axe est celui de la formation. La précarité naît de l’exclusion liée au manque de formation », explique Hélène Küng.

Les CSP veulent mettre l’accent sur la nécessité de prendre en compte les problèmes d’illettrisme et de la mauvaise connaissance linguistique. Ces deux handicaps empêchent de plus en plus l’accès à de nombreux secteurs d’activité. Les qualifications des employés ne sont plus suffisantes aujourd’hui pour qu’ils conservent leur travail. S’ensuit le chômage puis le recours à l’aide sociale : « Le temps passé à l’assurance chômage n’est pas forcément investi dans la formation. Il faut avant tout acquérir des compétences en français écrit et oral ».
Des enfants naissent pauvres Les plus jeunes sont les premières victimes de la précarité puisque c’est la tranche d’âge des 0-17 ans qui dépend le plus de l’aide sociale (4,4%). Une pauvreté qui se transmet désormais des parents aux enfants. Dans le canton de Neuchâtel, 2500 familles sont touchées, alors qu’à Genève, 40% des personnes suivies sont des familles monoparentales ou des couples avec enfants. Le même taux concerne des personnes sans formation professionnelle.

« Près de 1300 Genevois seront probablement touchés ces prochaines semaines par la diminution des prestations de l’assurance chômage au 1er avril. Toutes n’auront pas droit à l’aide sociale. Cela peut déboucher sur un surendettement, car le moindre grain de sable peut mettre en péril une situation financière », redoute Alain Bolle, directeur du CSP Genève. Un divorce ou des problèmes de santé ont fréquemment les mêmes conséquences que la perte d’un travail. Et c’est suite à ces difficultés que des gens que n’y auraient jamais pensé doivent faire appel à un organisme comme le CSP.

Anne Buloz


Les Vaudois appelés aux urnes

Le 15 mai, les Vaudois sont appelés aux urnes pour se prononcer sur le versement de prestations complémentaires pour les familles (pour autant qu'elles exercent une activité lucrative, aient des enfants de moins de 16 ans et soient domiciliées depuis au moins trois ans dans le canton) et une rente-pont pour les chômeurs âgés et en fin de droit (plus de 62 ans pour les femmes et 63 ans pour les hommes).

En novembre dernier, le Grand Conseil vaudois a accepté la stratégie cantonale de lutte contre la pauvreté présentée par le Conseil d'Etat (avec 85 voix pour, 56 contre et 4 abstentions). Les associations patronales ont lancé un référendum, qui a abouti. C'est pourquoi les Vaudois devront aller voter.

  • Position du CSP-Vaud : Le projet de rente-pont AVS apporte un soutien réel aux chômeurs en fin de droits, proches de l’âge de la retraite. Le projet dit de « PC familles » souhaite apporter un soutien aux « working poor », en complément aux bas salaires qui ne couvrent même pas les besoins minimaux de ces familles.

    Le CSP salue l’objectif de cette réforme, tout en regrettant que le dispositif proposé, inférieur aux Prestations Complémentaires AVS-AI, introduise des inégalités entre les familles concernées. Cette partie du projet n’a donc pas emporté son adhésion.

    Néanmoins, l’amélioration représentée par les rentes-pont AVS amène le CSP à préconiser un oui à la loi soumise à votation.

  • Dans les autres cantons, le Tessin connaît les PC familles depuis 1997. Le canton de Soleure les a introduites en 2010. Le Grand Conseil genevois les a acceptées le 11 février 2011. Des projets sont en préparation dans les cantons de Berne et de Fribourg. Les cantons du Valais, des Grisons et de Neuchâtel s'y intéressent. T.B.

  • Davantage d'informations sous : www.travail-pauvrete.ch