Désengagement de Philip Morris – Les Eglises neuchâteloises cherchent de nouveaux partenaires
La question est donc de savoir ce que l'Etat et les partenaires des Eglises attendent de leurs services auprès des personnes fragilisées, et de ce qu'ils sont prêts à investir, a expliqué Gabriel Bader, le président du conseil synodal de l'Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) lors d'une conférence de presse mardi à Neuchâtel. « Il serait regrettable de laisser des personnes fragilisées sur le bord de la route. » Amputées de 1,5 million de francs, les Eglises jouent-elles leur survie? « Il ne s'agit pas de notre survie, mais du rôle que les Eglises, reconnues d'intérêt public par l'Etat, jouent dans la société, a-t-il déclaré sur les ondes de la radio romande. Nous ne voulons pas nous limiter à notre vie communautaire. Nous travaillons avec des partenaires à la vitalité du tissu social et nous allons en chercher de nouveaux. » 10 000 francs par jour
De fait, les Eglises fournissent des prestations de type social d'intérêt public (aumôneries en EMS, en écoles, Caritas, Centre social protestant) pour un montant annuel total de 3,6 millions de francs, soit 10 000 francs par jour. L'Etat y participe à hauteur de 1,6 mios par le bais d'un concordat. Via l'impôt ecclésiastique volontaire des personnes morales, c'est bien cette part-là de la mission des Eglises que Philip Morris finançait en grande partie.
« Le hic, c'est que les Neuchâtelois n'ont pas conscience de la valeur de ces prestations et qu'ils les assimilent aux services sociaux», a martelé la conseillère nationale libérale Sylvie Perrinjaquet, également présidente de la Fédération catholique. Ce qui fait des Neuchâtelois les cancres au niveau suisse en matière de règlement de l'impôt ecclésiastique, volontaire dans le canton, selon l'étude Fakir du Fonds national suisse parue la semaine passée.
Finalement, les intervenants, dont Franz Murbach, vice-président de la paroisse de l'Eglise catholique chrétienne, ont tous fait part de leur interrogation quant à la méthode utilisée par Philip Morris et le service des contributions de l'Etat. Rien n'avait filtré lors de la dernière rencontre en juin entre le service et les Eglises. Avant que tout ne s'accélère ces dernières semaines, avec un appel téléphonique en octobre et une confirmation du retrait définif de la contribution du cigarettier le 19 novembre dernier.
T.B. et S.R.
Solidarité réformée limitée
Du côté de l'EREN, la perte sèche se monte finalement à 800 000 francs. A savoir environ 10% du budget. « J'ai convoqué tous nos collaborateurs mardi matin pour les informer de la situation », a précisé son président Gabriel Bader. Si une solidarité entre Eglises est envisagée côté catholique au niveau suisse, rien de tel côté réformé. « En la matière, les Eglises cantonales ont une marge de manoeuvre extrêmement limitée », a-t-il avoué à ProtestInfo.
A l'instar de Mme Perrinjaquet, le pasteur a aussi pointé l'attitude des contribuables neuchâtelois sur le plan de l'impôt ecclésiastique. Le pourcenatge de contributeurs aurait passé selon lui de 60% à 30% en quarante ans. « Mais notre campagne d'appels téléphoniques s'avère largement positive. Simple oubli, incompréhension du système ou fiduciaires pas informées de notre spécificité: les motifs de non-paiement sont nombreux, mais 98% des appelés changent d'avis et mettent à nouveau la main au porte-monnaie. »
Louables, ces efforts ne suffiront pas à maintenir l'EREN à flot. Les décisions du synode, qui se réunit mercredi prochain en assemblée ordinaire, donneront assurément le cap sur le front des coupes dans le budget des réformés neuchâtelois. (S.R.)
- Le dernier paragraphe du texte et l'encadré sont nouveaux.
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