Aux origines du Jeûne en Suisse
Par Cédric Némitz, VP Berne-Jura-Neuchâtel
En 1832, la Diète fédérale décrète le 3e dimanche de septembre «jour d’action de grâces, de pénitence et de prière pour toute la Confédération helvétique», peut-on lire dans le Dictionnaire historique de la Suisse. C’est l’appellation officielle du Jeûne fédéral. Mais il a fallu des siècles pour que cantons protestants et catholiques s’entendent sur une date commune.
La pratique du jeûne est très ancienne. C’est au XVIe siècle que les cantons protestants vont favoriser cette coutume officiellement. A l’occasion d’événements tragiques – guerres, épidémies, cataclysmes, famines – les autorités décrètent des journées sans nourriture. Il s’agit de pousser la population à la pénitence: «On est par trop froid à servir Dieu», justifient les magistrats à l’occasion de la peste.
On jeûne aussi par solidarité. Genève décrète un jour de jeûne après le massacre de la St-Bathélemy (1572). Certains cantons iront jusqu’à rendre le jeûne obligatoire chaque mois, voire même un jour chaque semaine. A Berne, c’est le jeudi, dès 1577. Les auberges sont fermées et les repas sont réduits au minimum.
Disparation des lois nationalesEn 1639, à l’issue de la guerre de Trente Ans, les cantons réformés instaurent un jeûne annuel qui peut être considéré comme l’ancêtre du Jeûne fédéral. Il s’agit alors d’exprimer la reconnaissance du pays d’avoir échappé au conflit. On en profitera pour organiser des collectes destinées aux coreligionnaires persécutés.
Avec la Confédération de 1848, le Jeûne fédéral disparaît des lois nationales. Ce sont les cantons qui restent libres de le célébrer, ce que plusieurs font en décrétant le lendemain, lundi du jeûne, comme jour férié. Neuchâtel et Vaud le font, mais pas Berne ni le Jura, alors que Genève continue de se distinguer avec son jeûne fixé au jeudi qui suit le premier dimanche de septembre. Jeudi parce que c’était le seul jour sans marché!
Un Jeûne 2010 à tonalité solidaireAujourd’hui, le Jeûne fédéral est surtout célébré par les Eglises qui lui donnent une tonalité résolument œcuménique. Les œuvres d’entraide se sont également fédérées pour promouvoir la solidarité à l’enseigne de «notre Jeûne fédéral»: www.njf.ch