Personal Jesus: Nina Hagen reprend un tube de Depeche Mode
« Personal Jesus », cette chanson écrite par Martin Gore de Depeche Mode et incarnée par Dave Gahan sur l'album Violator, sorti en 1989, ne cesse d'être reprise. Les motifs religieux reviennent-ils à la mode, dont Jésus est une des icônes préférées? Ebauche de réponse avec Christophe Schenk, journaliste culturel à l'Hebdo.
Depeche Mode, le groupe new wave anglais, ne s'est pas converti avant d'écrire « Personal Jesus ». On se retrouve là, selon Christophe Schenk, face à l'un des thèmes de prédilection de Martin Gore, soit la foi, non pas prise dans le cadre d'une religion en particulier, mais selon un rapport plus large au monde. Le "Jésus personnel" serait alors celui (ou celle) vers qui on peut se tourner dans les moments de doute ou de faiblesse.
L'album suivant de Depeche Mode, intitulé Songs About Faith And Devotion (chansons sur la foi et la dévotion), est aussi construit sur une trame religieuse. Un titre comme « Walking in my shoes » évoque le pêché et le pardon, des sujets récurrents chez Martin Gore. Sur le même album, Dave Gahan chante « Condamnation » comme un gospel. Si « Personal Jesus » est un bijou, l'album suivant, qui s'irrigue à la même source, est pourtant nettement moins convaincant.
Version soufflée à Johnny Cash?
Pour le bluesman Johnny Cash, la chanson lui a sans doute parlé pour des raisons plus religieuses. Et liées à son vécu. Reste qu'il est difficile de trancher avec certitude, car beaucoup des chansons interprétées par Cash à la fin de sa vie lui ont été suggérées par son producteur Rick Rubin, relève Christophe Schenk.
Quant au rockeur gothique américain Marilyn Manson, il joue davantage avec le tabou du religieux. Même si dans le cas de cette reprise, le journaliste musical parle « plutôt d'une simple attirance pour la provocation, qui tient plus ici au clin d'oeil. »
Your own personal Jesus
Someone to hear your prayers
Someone who cares (...)
Someone who's there...
« Je ne sais pas si l'intérêt pour les motifs religieux est plus fort aujourd'hui qu'hier, souligne le chroniqueur. Il y a toujours eu un attrait pour la tradition gospel, indépendamment du contenu religieux, mais plutôt d'un point de vue musical. Il existe également, aux Etats-Unis du moins, une large scène de rock influencée par le christianisme, avec des représentants connus au-delà d'un simple cercle spirituel, comme par exemple Sufjan Stevens ou The Innocence Mission.
Mais tous les courants religieux ne sont pas aussi prolixes musicalement parlant. Selon le chanteur Neil Hannon de The Divine Comedy, un catholique nord-irlandais: "si les catholiques ont les plus beaux lieux de culte, les protestants ont les meilleurs chants". Vrai ou faux? Christophe Schenk ne tranche pas...
Le rock prédispose-t-il à la conversion? Cat Stevens s'appelle Yusuf Islam depuis 1979, Diam's a fait son « coming out » religieux et porte désormais le voile tandis que Nina Hagen, une athée de l'Allemagne communiste, s'est fait baptiser protestante, après des détours par les paradis artificiels et les spiritualités indiennes.
Reste que la religion - ou plutôt les religions - est un puissant vivier d'inspiration au moment d'écrire des paroles de chansons, selon M. Schenk. L'Australien Nick Cave a toujours su mélanger mythologie rock, Elvis en tête, et héritage chrétien. Jusqu'à cultiver une double image: celle d'un rocker sur le fil, victime de nombreuses overdoses, et celle d'un exégète passionné et passionnant de la Bible. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter la chanson "The Good Son" qui renvoie à la parabole de l'enfant prodigue.
Tania Buri
A écouter
- Personal Jesus, Johnny Cash
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