2010, l'année des pèlerins...clunisiens

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2010, l'année des pèlerins...clunisiens

14 juillet 2010
Profiter de l'été pour allier marche et spiritualité? C'est ce que font chaque année de nombreux pèlerins. Une exposition au Musée de Payerne leur rend hommage et met en lumière les liens étroits entre chemins de Jacques de Compostelle et sites clunisiens. Visite guidée.


Cluny, an de grâce 910. On pose la première pierre d'une abbaye bénédictine. De Bourgogne, le mouvement monastique essaime rapidement dans toute l'Europe occidentale.  « L'église fondatrice a quasiment disparu à la Révolution française, note John Ebutt, pasteur dans la Broye vaudoise et membre du comité d'organisation des festivités du 1100e anniversaire de l'ordre.

Mais Romainmôtier ou Payerne, parmi d'autres, sont des témoins éclatants de l'architecture clunisienne. » Le pierre d'angle du réseau monastique qui se constitue alors? La règle de Saint-Benoît: prière, travail manuel, autonomie face aux puissants du monde. Et accueil des étrangers.


Du coup, en plus des terrains d'influence centraux de Cluny - musique, architecture romane, interprétations de la Bible -, se noue une relation privilégiée entre les chemins de Compostelle et les sites clunisiens. Car dès le Xe siècle, on accourt en Espagne de toute la chrétienté, sur les traces du sépulcre de Saint-Jacques.

Les moines de Cluny? « Ils joueront un rôle clé dans la protection des pèlerins, les soins aux malades et l'enterrement des morts », lit-on sur l'un des panneaux de l'exposition broyarde.  Cette dernière propose d'ailleurs une carte interactive montrant l'imbrication, dans toute l'Europe de l'Ouest, entre ancrages des religieux et voies d'accès à la ville ibérique.

« Toi, ton sac et c'est tout »

Mais plus que les cartes documentées et les larges panneaux explicatifs sur l'histoire condensée des chemins de Compostelle, ce sont 21 gros cubes en bois recouverts de draps blancs qui frappent le visiteur. Sous les voûtes du musée payernois, on y plonge dans les textes des têtes pensantes et des participants d'un voyage peu banal, qui a duré dix ans: Bulle-Santiago.

De 1997 à 2007, l'automne venu, des adolescents gruériens et une poignée d'enseignants-accompagnants se sont succédé pour gagner l'Espagne. « Toi, ton sac et c'est tout », se souvient aujourd'hui Joris Repond, âgé de 14 ans en 2002. Marqué par l'ambiance unique de certains lieux du pèlerinage, il en parcourra plusieurs tronçons en famille.

Parmi ces sites d'exception, 180 ont été immortalisée par le photographe Jean-Claude Boré. Frêles ponts ou monumentales églises, les clichés jalonnent l'exposition, comme autant de pierres sur le chemin de Saint-Jacques que l'artiste a parcouru cinq fois. « Il manque peut-être des indications de localisation », souffle un couple de visiteurs fribourgeois.

Ils se rattraperont sur l'original "quick step", qui fait défiler des photos légendées de panoramas jacquaires au rythme des pas sur un engin de fitness. A moins de penser, à l'instar de Rabelais, Luther ou Erasme, que « la vie n'a pas besoin d'une démarche ostentatoire de cheminement, mais qu'elle est elle-même pèlerinage. »

 

Samuel Ramuz

 


En étoile vers Tavel, le jour de la Saint-Jacques

Parcourir un bout du chemin de Compostelle le jour de la Saint-Jacques? C'est possible en cette année... jacquaire, c'est-à-dire où le saint est fêté un dimanche. En fait, plusieurs mouvements jacquaires de Suisse s'associent pour offrir une marche en étoile. Son centre? Tavel, en Singine, où une soupe du pèlerin sera servie et un office oecuménique célébré à 15 h le 25 juillet.

« Le village est situé sur la frontière linguistique, explique Claire Nicolet, secrétaire des Amis du Chemin de Saint-Jacques. Et la façade de sa chapelle est couverte d'une « bande dessinée » qui évoque une légende connue des pèlerins. »

Pour les familles et les moins sportifs, il est possible de ne marcher que le jour J, au départ de la Cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg, à midi. Mais la plupart des randonneurs-prieurs arriveront alors des quatre coins de la Suisse romande (Porrentruy, Nyon, Sion) et du pays, avec pas loin d'une semaine de marche dans les jambes. Pour une question d'hébergement, les places sont limitées, mais il en reste sur quelques parcours.


Sur les traces de Cluny au Pays d'Enhaut

Les festivités du 1100e anniversaire de Cluny entrent dans leur dernière ligne droite. Dans le lot, un spectacle inédit sur les racines clunisiennes de Rougemont, dans le Pays-d'Enhaut, la première quinzaine de septembre. Son titre? Le Ciel sur le Terre. Les représentations prendront leurs quartiers dans l'enceinte du prieuré clunisien, le seul du massif alpin. A la lueur des bougies et des torches, elle diront le village au fil des siècles, sur un texte du pasteur Jacques-Etienne Deppierraz.

Les samedis 4 - ouvert à tous les Amis de Cluny - , et 11 septembre - journée régionale avant tout  - , place aux découvertes pour tous les âges: ancien site monacal, jeu de piste dans Rougemont et expo consacrée au monachisme dans la BD, imaginée et réalisée par le diacre montreusien Pierre Loup. Qui envisage de monter « une trentaine de panneaux avec une centaine de planches tirées d'ouvrages profanes et contemporains ». Des ateliers de danses et de jeux médiévaux sont également prévus.

Finalement, concerts, expositions et manifestations en tous genres se poursuivent, ici et ailleurs, jusqu'à la fin de l'année sous l'égide européenne de Cluny 2010

  • Huit représentations sont prévues du 4 au 12 septembre. Réservations dès le 16 août au 026 925 11 66 à l'Office du Tourisme de Rougemont. Pour celles du 4 et du 11, écrivez dès maintenant à olivier.calame@protestant-vaud.ch