La Communion mondiale des Eglises réformées pourrait quitter Genève

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La Communion mondiale des Eglises réformées pourrait quitter Genève

25 juin 2010
Les coûts de fonctionnement du siège à Genève sont trop élevés, affirme un membre de l’Assemblée d’unification de la Communion mondiale des Eglises réformées à Grand Rapids. Le nouveau président de la CMER, Jerry Pillay, considère qu'"il est trop tôt pour se prononcer, mais que la question d'un éventuel déménagement du siège sera examinée. "

 


Par Aline Bachofner

 

 

«Il n’est pas pensable, pour une organisation qui s’engage en faveur de la justice économique, d’avoir son siège dans un pays économiquement privilégié.» Wesley Grandberg-Michaelson, pasteur de l’Eglise réformée en Amérique (Uniting Church in America), ne mâche pas ses mots pour justifier sa demande de transférer les bureaux de la nouvelle Communion mondiale des Eglises réformées (CMER) de Genève en Afrique du Sud, au Ghana ou en Asie. (ndrl: l'Alliance réformée mondiale, une des deux organisations, qui a fusionné pour créer la CMER, a son siège à Genève). Cette idée n’est pas neuve, mais le pasteur a tenu à rendre le nouveau comité exécutif attentif à la nécessité d’examiner rapidement cette question.


«Genève est la quatrième ville la plus chère au monde, a argumenté le pasteur devant l’Assemblée d’unification de la CMER. Au vu du taux de change actuel, les coûts de fonctionnement en Suisse sont tout simplement inabordables pour une organisation confrontée à des réductions budgétaires.»


Autre argument avancé par le pasteur, la croissance numérique des Eglises du Sud et le déclin des Eglises d’Europe. «En installant son siège dans un pays du Sud, la Communion mondiale des Eglises réformées reconnaîtrait le déplacement du centre de gravité de la chrétienté», a affirmé Wesley Grandberg-Michaelson.

Des raisons historiques

Cet argument est discutable pour le pasteur Thomas Wipf, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) jusqu'à la fin de l'année. «M. Grandberg-Michaelson oublie les raisons historiques qui ont amené les institutions ecclésiales à s’ancrer à Genève. C’est la cité de Calvin bien sûr, mais aussi celle de l’œcuménisme, puisque le Conseil œcuménique des Eglises y a son siège», rappelle le président.

Pour l'actuel président de la FEPS, la question des coûts ne semble pas incontournable. «Il ne faut pas oublier les coûts que peut engendrer un déménagement. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse se prononcera en tout cas pour un maintien du siège à Genève, en rappelant les raisons qui l’y ont conduit en premier lieu.»

Wesley Grandberg-Michaelson estime, lui, que si des institutions écclésiales se sont installées à Genève, c’est parce qu’elles devaient trouver un lieu neutre pendant la Guerre froide. Ces raisons sont donc obsolètes selon lui.

Une décision en 2014

La proposition de Wesley Grandberg-Michaelson a suscité un large écho dans l’Assemblée, de nombreux «cartons d’intention» ont été brandis (deux cartons de couleurs différentes permettent de signaler son accord ou son désaccord avec ce qui est dit). Le pasteur a demandé que le comité exécutif, élu jeudi par l’Assemblée, rende une décision en 2014, lors du prochain changement de Secrétaire général.

Interrogé sur ses intentions à ce sujet, le nouveau président de la CMER, Jerry Pillay, a déclaré à Protestinfo qu’il était évident que l’institution devait réduire ses dépenses. Ce pasteur de l’Eglise presbytérienne unie d’Afrique du Sud, élu aussi jeudi, a assuré: «Il est trop tôt pour se prononcer aujourd’hui, mais la question d’un éventuel déménagement du siège sera examinée attentivement.»
 

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