Pâques à l’unisson
Par Camille Gonzales
« Notre vocation est de rappeler, en toute occasion, la présence des différentes Eglises chrétiennes et la nécessité que leur pluralité soit symphonique. Pâques donne cette année l’occasion de réitérer ce message » a déclaré Jean-Jacques Meylan, président de la Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV), à Protestinfo.
Dans le même esprit, la CECCV organise aussi des célébrations mensuelles à la cathédrale de Lausanne, où les différentes communautés chrétiennes du canton animent à tour de rôle un temps de célébration. « L’intérêt est de mieux connaître les liturgies et les prières des autres Eglises », a ajouté Martin Hoegger, membre de la CECCV et pasteur à l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV).
Pâques, moteur de l’œcuménismeLes divergences actuelles sur la date de Pâques résultent de l’utilisation par certaines Eglises orthodoxes (de Jérusalem, Russie, Géorgie, Serbie et du Mont Athos) du calendrier julien, ancêtre du calendrier grégorien, réformé au XVIè siècle par le pape Grégoire XIII. Le premier accumule aujourd’hui 11 jours de retard sur le deuxième et comme la date de Pâques n’est pas fixe mais calculée en fonction de l’équinoxe de printemps, le décalage peut encore s’accroître jusqu’à 5 semaines.
En 2010 et 2011, les deux calendriers concordent. Ce hasard fournira-t-il l’occasion de fixer une date commune de Pâques ? « Le conseil oecuménique des églises (COE) y travaille depuis plusieurs années et ce serait souhaitable puisque Pâques est au cœur de la foi chrétienne, précise Martin Hoegger. Le COE appelle à faire en sorte que, durant ces deux années, les chrétiens prennent conscience de cela et surmontent cette division. La CECCV, par son invitation, honore cet appel.»
Jean-Jacques Meylan rappelle quant à lui que des consensus existent déjà en Orient notamment là où les chrétiens sont très minoritaires : « A Antioche par exemple, cela fait des décennies que catholiques et orthodoxes fêtent Pâques ensemble ».
Les Pâques chrétiennes C’est aussi l’occasion de découvrir les particularités liturgiques des différentes célébrations de Pâques. « Les orthodoxes, par exemple, jeûnent 40 jours (s’abstenant surtout de viandes et de matières grasses) et la célébration pascale dure quasiment toute la nuit du samedi au dimanche. Ils se distinguent aussi en proclamant « le Christ est ressuscité » en plusieurs langues », explique Martin Hoegger.
« Les catholiques, poursuit-il, allument le soir de la nuit pascale un feu qui rappelle la création et le feu de l’esprit qui a ressuscité le Christ tandis que chez les protestants s’est progressivement établie la tradition de faire une célébration de l’aube pascale. » La CECCV propose sur son site internet, www.ceccv.ch, quelques lieux et événements pour ceux qui voudraient suivre son appel.
L’an prochain, Pâques avec les nouvelles églises de migrants ?
La communauté des Eglises chrétienne dans le canton de Vaud compte aujourd’hui 20 Eglises membres dont l'EERV, l'Eglise catholique romaine, la Fédération évangélique vaudoise, plusieurs Eglises orthodoxes, l’Eglise adventiste et l’Eglise anglicane. Ce nombre pourrait-il s’accroître en intégrant de nouvelles Eglises de migrants ?
« Nous accueillons les Eglises de migrants qui se sont organisées, qui adhèrent à une dynamique de reconnaissance réciproque, souligne Jean-Jacques Meylan. Nous avons des contacts avec les nouvelles Eglises et suggérons simplement à ces dernières de s’organiser en s’affiliant selon leur sensibilité à des structures déjà existantes, par exemple à la Fédération évangélique vaudoise si elles sont de tendance évangélique ».
Bien au-delà d’une date commune pour Pâques, le nouvel enjeu œcuménique réside peut-être dans l’intégration de ces nouvelles Eglises de la famille protestante mais dont la pratique déstabilise parfois.
Pâques célèbre la résurrection du Christ après sa passion et sa crucifixion et plonge ses racines dans la Pâque juive, Pessakh en hébreu, que Jésus célébrait avec ses disciples lorsqu’il est arrêté à Jérusalem. Mais en signe de l’alliance nouvelle le rite prit un sens nouveau : le vin et le pain, constitutifs du seder, le repas principal de la fête juive, devinrent symboliquement le sang et le corps du Christ.
Ce dernier est même associé à l’agneau pascal, que les juifs immolaient au Temple de Jérusalem, celui que l’on sacrifie pour le bien de tous. Le souvenir de la mort et de la résurrection du Christ s’est peu à peu substitué, chez les chrétiens, à la Pâque juive. En 325, le concile de Nicée fixa Pâques au dimanche suivant la pleine lune de l’équinoxe de printemps espérant régler de ce fait les désaccords d’alors sur sa date…
Pâques ici
La CECCV propose sur son site internet, www.ceccv.ch , quelques lieux et événements pour ceux qui voudraient célébrer selon un rite chrétien différent du leur.