Le nom de l'EPER est mal connu du grand public
L'ONG protestante, l'EPER, veut changer de nom. Moins connue que Caritas, sa consoeur catholique, ou que d'autres ONG plus modestes comme Swissaid ou Helvetas, l'EPER veut être mieux perçue du grand public. Respecta et Vitalibra sont les deux noms que l'organisation met en consultation.
Le nom de l'EPER est peu connu du grand public, vient de confirmer une étude. Pour que cela change, l'organisation lance une vaste consultation jusqu'à fin mai pour permettre au public de choisir entre Respecta, Vitalibra ou le statu quo. L'EPER est convaincue des avantages d'un changement, a indiqué à ProtestInfo Philippe Bovey, secrétaire romand de l'EPER. Lutte sur le marché du "charity business"
La lutte plus âpre sur le marché du « charity business » est aussi à l'origine de cette volonté de changer de nom. « Seules les ONG dont on se souvient, qui font appel aux émotions et montrent clairement ce qu'elles font ont une chance de demeurer durablement dans l'esprit des gens », peut-on lire dans un document de l'EPER. Un défi pour une ONG d'origine réformée qui se plaît à cultiver la modestie et un discours rationnel.
Peu de gens le savent, mais EPER signifie Entraide protestante pour les églises en ruine. Créée en 1946 par la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), l'EPER a eu pour but premier de participer à la reconstruction des églises en Europe, détruites pendants la deuxième guerre mondiale. En allemand, c'est HEKS, l'abréviation de « Hilfswerk der Evangelischen Kirchen der Schweiz », qui pose problème. En effet, elle sonne comme "Hexe", un mot qui signifie sorcière.
« Depuis 30 ans, le nom d'EPER ne correspond plus à ce que nous faisons », a poursuivi M. Bovey. D'autres sociétés ont gardé leurs noms d'origine, même s'ils sont devenus obsolètes comme « IBM » (International Business Machines), mais cette entreprise est tellement connue par le grand public que cela n'a pas de sens de changer de nom. Ce n'est pas le cas de l'EPER.
Cette méconnaissance est-elle si dramatique? Oui, estime la direction. Selon un sondage commandé en 2008 à l'Institut gfs de Zurich, près de 93% des personnes connaissent Caritas, mais ne sont que 28% quand on leur parle de l'EPER. Le résultat est encore pire lorsqu'on demande aux personnes de citer spontanément des noms d'oeuvres d'entraide.
Or l'EPER est active dans plus d'une quarantaine de pays où elle s'occupe de près de 290 programmes. A l'étranger, elle gère 190 programmes selon quatre axes: l'aide humanitaire, l'aide au développement (en particulier le soutien aux communautés rurales), la promotion de la paix (résolution de conflits) et l'aide entre Eglises. En Suisse, elle s'occupe d'une centaine de projets, liés à l'intégration des migrants et à la défense des requérants d'asile.
Changer de nom, être davantage connu du grand public a aussi pour enjeu le renouvellement des donateurs. « Les donateurs sont fidèles et viennent pour la majorité d'entre eux des milieux d'Eglises. Le problème, c'est qu'ils sont âgés de 65 ans et plus », a expliqué M. Bovey.
Les dons représentent environ un tiers du budget de l'EPER, qui se chiffre à près de 55 millions de francs. Le reste est financé par des contrats de prestation, émanant notamment de la Confédération et des cantons. Comme le projet des représentants d'oeuvre d'entraide (ROE), qui participent à titre de témoins aux auditions des requérants. Il s'agit là d'un mandat de la Confédération, via l'OSAR (organisation suisse d'aide aux réfugiés).
L'EPER s'interroge aussi sur sa non-visibilité auprès des médias. L'EPER considère que sa prise de position contre l'initiative anti-minarets a été peu relayée. De même, le fait que l'EPER est active à Haïti depuis 37 ans a été peu mis en avant, estime M. Bovey.
Respecta, un des nouveaux noms proposés, insiste sur le fait que cette ONG apporte un soutien aux personnes les plus démunies, indépendamment de leur culture, de leur religion ou de leur confession. Vitalibra souligne, elle, l'idée que l'aide apportée aux démunis doit aboutir au développement de leur autonomie et de leur indépendance.
Ces deux nouveaux noms ne sont ni du latin, ni de l'italien mais une formulation reconnaissable dans plusieurs langues. Au terme de la consultation, le conseil de fondation de l'EPER décidera s'il fait une demande de changement de nom en juin auprès de la FEPS. Celui-ci sera avalisé ou non par les délégués de la FEPS, qui se réuniront en assemblée générale en novembre 2011. Le cas échéant, un nouveau nom sera introduit en 2011. (tb)
Donnez votre avis!
Vous pouvez donner votre avis sur les deux nouveaux noms, proposés pour remplacer l'EPER: Respecta ou Vitalibra. Vous avez jusqu'au 31 mai 2010 pour vous prononcer, soit électroniquement sur le site www.monoeuvredentraide.ch, soit par écrit. Vous pouvez aussi décider de garder le nom actuel, EPER.