Votations fédérales sur les minarets: le Conseil suisse des religions rejette vigoureusement cette initiative

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Votations fédérales sur les minarets: le Conseil suisse des religions rejette vigoureusement cette initiative

14 septembre 2009
Les Suisses trancheront le sort de l'initiative populaire contre les minarets le 29 novembre prochain. Le Conseil suisse des religions (CSR) rejette vigoureusement cette initiative, intitulée « Contre la construction de minarets » et lancée par la droite nationaliste.

C'est la première fois qu'un organe national composé de juifs, de chrétiens et de musulmans publie un document commun sur un projet de votation, a indiqué le CSR à l'issue d'une conférence de presse mercredi 2 septembre à Berne.


Cet organe, composé de personnalités dirigeantes des chrétiens, des juifs et des musulmans, s'engage pour protéger la paix religieuse en Suisse. Or, l'initiative contre les minarets provoque exactement le contraire, estime le CSR. Elle instrumentalise la religion à des fins politiques et pousse à la méfiance au sein de la population, selon lui.

Diversité culturelle: apanage suisse

La diversité culturelle est une caractéristique de l'identité suisse: elle fait la force de la Suisse, a précisé Thomas Wipf, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et de la CSR. Tous ont, en Suisse, le droit de vivre leur foi au grand jour, dans les limites de l'ordre public. Ce droit inclut aussi la construction des édifices religieux propres à chaque religion. Ces constructions requièrent une planification à long terme à laquelle la population locale est associée.

La foi chrétienne, qui est depuis toujours la plus présente en Suisse, devient parfois une confession parmi d'autres, a poursuivi Herbert Winter, président de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) et membre du CSR. Le nombre de personnes d'avis différent qui viennent s'installer en Suisse peut aussi susciter des craintes et un sentiment d'insécurité.

Les signatures en faveur de l'initiative expriment des craintes et des inquiétudes de la population. Ces préoccupations et ses craintes doivent être prises au sérieux, estime la CSR.

Toutefois, le fait que la campagne de votation a pu donner lieu à des débordements xénophobes nous inquiète, a souligné M. Winter. Nous voulons contrer résolument cette dérive.

Rôle central des écoles

Dans ce cadre, la liberté de religion apparaît comme l'un des éléments essentiels d'un État démocratique, a poursuivi M. Winter. Il incombe par exemple aux écoles publiques de veiller à une plus large conscience religieuse. De même, il importe que leur soient transmises les valeurs claires de leur propre ancrage culturel.

Les messages transmis dans les églises, mosquées et synagogues sont aussi déterminants pour la cohabitation pacifique de toutes les communautés religieuses. Il y a lieu d'y être attentifs quand les idées répandues vont à l'encontre de l'État de droit, selon lui.

Liberté religieuse limitée par d'autres droits fondamentaux

La liberté religieuse n'est pas absolue. Elle est remise en question quand elle entre en collision avec d'autres droits fondamentaux, a encore relevé M. Winter. Il ne faut pas non plus oublier que les droits vont toujours de pair avec des obligations.

Pour Farhad Afshar, président de la Coordination des organisations islamiques de Suisse (COIS) et membre du CSR, si les musulmans établis en Suisse font aujourd'hui l'expérience que leurs droits de minorité ne sont pas seulement respectés par les communautés juives et chrétiennes, mais aussi défendus d'une voix commune et solidaire, cela signifie que la fondation et l'activité du CSR ont porté leurs fruits. Sa position est également défendue par Hisham Maizar, président de la Fédération d'Organisations Islamiques de Suisse (FOIS), également membre du CSR.

Liberté de religion à l'étranger

Pour le CSR, la liberté de religion est un droit fondamental universel, applicable en Suisse, mais aussi à l'étranger. C'est pourquoi le CSR exerce aussi, dans les limites de ses possibilités et contacts, une influence sur des situations de discrimination religieuse dans d'autres pays.

Le Conseil suisse des religions SCR a été fondé le 15 mai 2006. Il est composé de personnalités dirigeantes de la Conférence des évêques suisses, du Conseil de la Fédération des Églises protestantes de Suisse, de l'Église catholique chrétienne de Suisse, des Églises orthodoxes de Suisse (représentées par le Patriarcat oecuménique), de la Fédération suisse des communautés israélites et des Organisations islamiques de Suisse.

Note:
La prise de position «Pour une cohabitation des religions dans la paix et la liberté» est disponible sur le site www.conseildesreligions.ch.