Livre: la journaliste Aline Viredaz raconte comment elle s'est approprié la Bible

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Livre: la journaliste Aline Viredaz raconte comment elle s'est approprié la Bible

26 mai 2008
Quand elle lit la Bible, Aline Viredaz, journaliste à la RSR, est « comme un poisson dans l’eau »
Pendant une retraite à la montagne avec sa chienne pour seule compagne, la journaliste a plongé avec délice dans le Livre. Elle en a cherché le sens, loin des interprétations qui lui ont été imposées dans son enfance. De ce tête à tête avec les textes qu’elle s’approprie, elle a tiré un récit vif, « Là où je vais », qui mêle tout à trac vie quotidienne, réflexions éthiques sur notre temps et commentaires bibliques. Rencontre.Retirée dans un chalet à 1500 mètres d’altitude, loin de sa famille- Aline Viredaz est mère de deux grands enfants – la journaliste de la Radio Suisse Romande a choisi le silence et la marche pour méditer en toute liberté la Bible. Elle en a tiré un livre qui a, pour elle, valeur de témoignage. Elle explique : « C’est une façon pour moi de sortir du bois et de dire ce Dieu – le mot est galvaudé - que je retrouve quotidiennement dans le regard confiant de ma chienne, dans mes rencontres, dans mes enfants, dans la nature et le silence, dans le plaisir et la douleur aussi ».

La foi d’Aline Viredaz n’a rien d’une conversion. « Je n’ai pas décidé un jour d’être croyante, je suis tombée dans les fonds baptismaux à l’âge de trois semaines, je n’en ai jamais émergé depuis », explique-t-elle avec un sourire amusé. Elle ignore le doute métaphysique mais elle a une longue pratique, souvent âpre et rugueuse, de l’introspection.

Sa confrontation passionnée avec le Livre remonte à la découverte, il y a quelques années, des livres de la psychanalyste Marie Balmary et de la théologienne Lytta Basset. Les deux écrivaines lui ont donné accès à de nouvelles approches des textes qui lui ont parlé. « J’ai mis de côté les grincements que provoquaient en moi les récits de la Genèse, au sujet du péché originel et de la chute d’Adame et Eve, que l’Eglise catholique m’a serinés dans l’enfance. Elle refuse l’écrasant travail de culpabilisation entrepris par les théologiens catholiques à partir des textes de la Genèse, mais elle ne stigmatiser son Eglise. « Je suis dans ma famille chez les catholiques. La messe est pour moi un grand moment ».

Au fil de ses lectures, elle croit percevoir la détresse de ce Dieu qui ne peut plus envisager sa vie sans la relation à l’autre, c’est-à-dire à cet homme qu’il a voulu libre de ses choix. » Elle salue la volonté de ce Dieu de limiter sa toute puissance pour laisser à l’autre la liberté de se déployer et libre de Le choisir. « Il n’entrera que si on lui ouvre la porte », précise-t-elle. « La soif de la relation du Très Haut avec les hommes est centrale dans les Ecritures », souligne-t-elle.

La société d’aujourd’hui est-elle en train de se déchristianiser ? « On n’était pas plus chrétien autrefois qu’aujourd’hui, mais on était plus inféodé à l’Eglise, c’est tout ».

Aline Viredaz relève toutefois que la société du matérialisme absolu et du tout économique dans lesquels on vit aujourd’hui, fait fausse route. « Elle est en porte-à-faux avec l’Evangile, qui propose une autre éthique et invite à aspirer à une façon différente de vivre ensemble ». Elle a choisi de vivre simplement, sans courir après la perfection de façon maniaque, ni engranger toujours plus de biens et se sent infiniment plus légère. Son récit, qui imbrique expérience vécue et fiction en un texte singulier, interpelle le lecteur et le rejoint dans sa recherche du sens à donner à son existence, qui lui échappe parfois dans la course effrénée des jours.« Là où je vais », Aline Viredaz, mai 2008, Editions Labor et Fides.