Gabriel Bader, nouveau président du Conseil synodal de l'Eglise réformée de Neuchâtel:Les Réformés doivent oser mieux affirmer leur identité

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Gabriel Bader, nouveau président du Conseil synodal de l'Eglise réformée de Neuchâtel:Les Réformés doivent oser mieux affirmer leur identité

12 juillet 2006
Renforcer le sentiment d’appartenance de celles et ceux qui s’engagent dans l’Eglise, faire en sorte qu’elle ne soit pas considérée seulement comme un lieu où l’on consomme des prestations à l’occasion, - baptêmes, mariages, enterrements -, mais où l’on a véritablement la possibilité de se ressourcer, telle est la conviction de Gabriel Bader, 42 ans, le nouveau président du Conseil synodal de l’Eglise réformée évangélique neuchâteloise (EREN)
Si l’heure est aux remises en question lucides et aux restrictions, elle est aussi à l’imagination : il s’agit d’inventer des visions nouvelles, de se profiler de façon pointue sur les questions d’éthique et d’affirmer haut et clair son identité réformée.L’Eglise réformée neuchâteloise (EREN) a mal à ses finances et boucle ses comptes avec un déficit de 1,4 million de francs. L’érosion accélérée de la contribution ecclésiastique a fait perdre 350'000 francs à l’Eglise réformée rien que l’an passé. Le manque à gagner de l’Eglise est criant. Les chiffres ne disent pas si c’est sous le coup de la déchristianisation ambiante ou par souci de faire des économies, que bien des protestants neuchâtelois renoncent à signaler dans leur déclaration d’impôts leur appartenance à la confession réformée. L’heure est donc aux restrictions drastiques et aux choix prioritaires, mais aussi aux projets novateurs et aux convictions raffermies, capables de redonner du souffle et d’effacer la fatigue de ceux qui travaillent sans compter. Comment va s’opérer ce recentrement ?« Il est évident que nous ne pourrons plus tout assurer comme auparavant, il nous faudra faire des choix sur ce qui nous semble essentiel. Il y a des domaines qui marchent bien mais auxquels nous allons peut-être choisir de renoncer, comme l’enseignement facultatif du christianisme à l’école, afin d’économiser des forces pastorales. Car nous allons forcément vers une diminution des postes de permanents, simplement par des départs à la retraite volontaires. Par contre, nous mettrons l’accent sur un meilleur accompagnement des enfants en paroisse. Nous réfléchissons aussi au nombre de cultes que nous pourrons assurer. Cela demandera sans doute que les paroissiens se déplacent pour assister à des célébrations. Par contre, nous allons mettre l’accent sur des manifestations rituelles supplémentaires, comme l’accueil liturgique de celles et ceux qui s’engagent, pour leur donner un fort sentiment d’appartenance mais aussi le sens des responsabilités. L’Eglise neuchâteloise a une force de cohésion bien réelle, mais on relève une grosse fatigue des permanents et des paroissiens suite à toute cette période de restructurations. Il nous faut envisager de développer notre Eglise de façon à ce qu’on s’y sente bien, qu’on ait envie de s’y engager pour se faire du bien, et pas seulement pour faire plaisir au pasteur.Les protestants, réformés sont en train de devenir minoritaires. Ca ne vous démoralise pas ?C’est vrai, les protestants ne sont plus que 46 % contre 80% il y a 40 ans. Les temps changent. Il nous faut quitter la mentalité de l’évidence dans laquelle on s’est complu et nous profiler par des prises de position éthiques plus pointues sur les sujets délicats liés aux mœurs, - euthanasie, homosexualité etc.- et par des solidarités concrètes. Nous devons aussi oser défendre des positions qui nous sont propres et qui reflètent la liberté spirituelle et la tolérance dont le protestantisme réformé se réclame. Je m’en réjouis. Cela va nous amener à nous dépasser, à questionner notre foi, à défendre une théologie qui refuse de façon péremptoire de donner des réponses faciles. Ce qui est difficile en fait, c’est de cerner les questions. L’Eglise a pour mission d’aider les gens à poser les problèmes, à les définir. Je me refuse à leur laisser penser qu’il n’y a qu’une seule solution. Il faut absolument que l’Eglise résiste à cette tentation. Je crois à la capacité de l’Eglise de changer de langage, de renouveler la pertinence de l’Evangile dans un contexte différent de celui qu’on a connu jusqu’à maintenant. Les temps changent. Je porte un regard à la fois pessimiste sur l’Eglise qui se vide, et optimiste sur l’état d’esprit et le sentiment de confiance, qui habite ceux qui s’y engagent. Avec un peu de foi et d’imagination, on peut mettre sur pied des projets stimulants qui fédèrent les gens et qui les font vivre.