Le mystère du tombeau vide: comment comprendre la résurrection
10 avril 2006
« La résurrection, c’est quand Dieu a cassé la figure à la mort »
La formule est d’un jeune croyant. A Pâques, les chrétiens confessent ensemble que le Christ est ressuscité. Mais tous les théologiens ne s’accordent pas sur l’interprétation du tombeau vide.Le pasteur genevois Philippe Chanson, aumônier de l’université, risque une comparaison forte : le tombeau vide est comme « l’un de ces trous noirs que les scientifiques ont découverts dans l’espace, et dont on sait aujourd’hui qu’ils sont remplis d’énergie ». Pour lui, la foi chrétienne repose sur le mystère de ce vide, qui est plein de sens et d’une promesse qui dépasse l’ordre du monde, à savoir que le Christ est vivant. La mort n’est plus l’horizon de la vie».
Si certains théologiens insistent sur la dimension historique du récit biblique ou veulent prouver les faits relatés dans les Ecritures, d’autres s’attachent à la dimension essentiellement symbolique de la résurrection. C’est cette approche que privilégie Bernard Reymond, chef de file de la théologie libérale. Il fait partie des croyants pour lesquels la matérialité du tombeau vide est une question secondaire. Il n’y voit qu’une simple apologétique et une confusion entre « résurrection et revivification d’un mort ». A la recherche de preuves qui conduit à une approche biologique, il préfère la piste donnée dans l’Evangile de Luc aux femmes venues au tombeau, et qui constatent que ce dernier est vide: « Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui est vivant ». L’ancien professeur de théologie lausannois se veut modeste face aux mystères des récits sur la résurrection: « Je n’ai pas d’explication. J’affirme simplement que la résurrection nous dit que la vie que Dieu donne l’emporte sur la mort, que l’amour l’emporte sur la haine, l’espérance sur le désespoir, le pardon sur l’indifférence. Et tant pis si tout cela est de l’ordre de la foi et de l’espérance ! Il ne faut pas perdre de vue que les mots et les images employés dans la Bible nous renvoient très au-delà d’eux-mêmes. Après l’Ascension, la liturgie protestante de la Sainte Cène proclame que le Christ est là, par l’esprit, dans le cœur des fidèles ».Une vie après la mort Pour le pasteur Pierre Genton, s’en tenir à la seule dimension symbolique de la résurrection lui semble réducteur : « C’est un événement historique qui dépasse largement l’histoire et la fait exploser. On est dans des dimensions de temps et d’espace complètement nouvelles. La résurrection, c’est la défaite de la mort, c’est la promesse d’une vie après la mort. J’aime bien la définition qu’en donne un apprenti dont on m’a rapporté les mots : « La résurrection, disait-il, c’est quand Dieu a cassé la figure à la mort. Pour ma part, j’aime bien la façon dont la théologie orthodoxe évoque la résurrection des corps en analogie avec la transfiguration : on part de la réalité humaine et corporelle, mais elle est dépassée par le haut. La vie resurgit à partir du tombeau vide. Il ne s’agit pas, comme dans l’histoire de Lazare, d’un cadavre réanimé, mais destiné finalement à mourir. Sans la résurrection, le cœur de l’Alliance de Dieu avec les hommes serait dépouillé. Le pasteur de la cathédrale affirme encore une idée un peu hérétique: "Je crois que toute l’humanité est promise à la résurrection. Le monde entier est racheté, et non pas seulement l’être humain ou le croyant. Une manière, à mon avis, de dépasser une certaine forme d’individualisme ».
Si certains théologiens insistent sur la dimension historique du récit biblique ou veulent prouver les faits relatés dans les Ecritures, d’autres s’attachent à la dimension essentiellement symbolique de la résurrection. C’est cette approche que privilégie Bernard Reymond, chef de file de la théologie libérale. Il fait partie des croyants pour lesquels la matérialité du tombeau vide est une question secondaire. Il n’y voit qu’une simple apologétique et une confusion entre « résurrection et revivification d’un mort ». A la recherche de preuves qui conduit à une approche biologique, il préfère la piste donnée dans l’Evangile de Luc aux femmes venues au tombeau, et qui constatent que ce dernier est vide: « Ne cherchez pas parmi les morts Celui qui est vivant ». L’ancien professeur de théologie lausannois se veut modeste face aux mystères des récits sur la résurrection: « Je n’ai pas d’explication. J’affirme simplement que la résurrection nous dit que la vie que Dieu donne l’emporte sur la mort, que l’amour l’emporte sur la haine, l’espérance sur le désespoir, le pardon sur l’indifférence. Et tant pis si tout cela est de l’ordre de la foi et de l’espérance ! Il ne faut pas perdre de vue que les mots et les images employés dans la Bible nous renvoient très au-delà d’eux-mêmes. Après l’Ascension, la liturgie protestante de la Sainte Cène proclame que le Christ est là, par l’esprit, dans le cœur des fidèles ».Une vie après la mort Pour le pasteur Pierre Genton, s’en tenir à la seule dimension symbolique de la résurrection lui semble réducteur : « C’est un événement historique qui dépasse largement l’histoire et la fait exploser. On est dans des dimensions de temps et d’espace complètement nouvelles. La résurrection, c’est la défaite de la mort, c’est la promesse d’une vie après la mort. J’aime bien la définition qu’en donne un apprenti dont on m’a rapporté les mots : « La résurrection, disait-il, c’est quand Dieu a cassé la figure à la mort. Pour ma part, j’aime bien la façon dont la théologie orthodoxe évoque la résurrection des corps en analogie avec la transfiguration : on part de la réalité humaine et corporelle, mais elle est dépassée par le haut. La vie resurgit à partir du tombeau vide. Il ne s’agit pas, comme dans l’histoire de Lazare, d’un cadavre réanimé, mais destiné finalement à mourir. Sans la résurrection, le cœur de l’Alliance de Dieu avec les hommes serait dépouillé. Le pasteur de la cathédrale affirme encore une idée un peu hérétique: "Je crois que toute l’humanité est promise à la résurrection. Le monde entier est racheté, et non pas seulement l’être humain ou le croyant. Une manière, à mon avis, de dépasser une certaine forme d’individualisme ».