Mgr Bernard Genoud : «Je suis immensément reconnaissant du geste du cœur des protestants »

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Mgr Bernard Genoud : «Je suis immensément reconnaissant du geste du cœur des protestants »

24 mars 2006
La messe qui sera célébrée samedi dans la cathédrale de Lausanne suscite les réactions de certains réformés, qui ont l’impression de ne pas recevoir un accueil aussi généreux du côté catholique
L’évêque respecte ce sentiment, mais estime qu’il s’agit « d’une minorité qui n’a peut-être pas suivi les avancées œcuméniques à l’œuvre dans ce canton »Pour la première fois depuis la Réforme en 1536, un évêque officiera samedi à la cathédrale de Lausanne. Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg y célèbrera une messe à 10 heures, fête de l'Annonciation. Des réformés, parmi lesquels le député libéral Jacques-André Haury, se plaignent d’un certain déséquilibre, estimant que l’Eglise catholique pourrait manifester davantage de réciprocité. D’autres craignent la récupération d’un lieu symbolique de la Réforme qui n’appartient pas à l’Eglise de Rome. Si Mgr. Genoud dit « comprendre qu’il puisse y avoir des réactions épidermiques ou des blessures profondes, elles proviennent peut-être de personnes qui n’ont pas suivi les avancées œcuméniques qui se sont produites dans le canton de Vaud ».

« Cette année, des membres du Conseil synodal et le pasteur de la cathédrale m’ont encouragé à effectuer une telle célébration en m’assurant que cela était possible. Je suis immensément reconnaissant aux protestants de leur geste du cœur. L’Annonciation est une fête éminemment commune, elle était fêtée par les réformés vaudois dans la cathédrale de Lausanne et ce jour était férié jusqu’en 1863. Mon homélie sera centrée sur l’idée qu’en disant oui et en aimant Marie, sa mère, notre cœur se met à l’unisson du Christ », explique l’évêque. Il se dit « touché de revenir dans le siège de l’évêché », tout en le faisant « sans la moindre revendication. Je ne vais pas venir dans l’apparat de l’évêque, il s’agit d’un temps de prière qui doit se vivre dans la paix et la simplicité ».

Interrogé sur le sentiment de certains réformés qui ont l’impression de donner beaucoup et de recevoir peu en retour, Mgr Genoud cite les célébrations œcuméniques qui ont eu lieu lors du jeûne fédéral à la cathédrale de Fribourg et les prières communes auxquelles il a invité les réformés lors du Tsunami. « Toutes les célébrations œcuméniques sont en fait des cultes, car les catholiques renoncent à l’Eucharistie. Les catholiques font aussi un grand sacrifice ». Il n’imagine cependant pas prêter la cathédrale de Fribourg pour y célébrer un culte protestant : « le contexte historique n’est pas le même qu’à Lausanne. A Fribourg, ce lieu n’a jamais été un temple protestant ». De la même manière, « une reconnaissance mutuelle des ministères ne me paraît pas encore mûre ». « Je suis toutefois prêt à tout ce qui peut nous rapprocher. Dans ce cadre, je plaiderai pour une reconnaissance toujours plus forte de l’Eglise réformée comme Eglise du Christ ».