Refus des protestants de participer à la messe célébrée par Jean-Paul II

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Refus des protestants de participer à la messe célébrée par Jean-Paul II

19 mai 2004
Le Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a décidé de ne pas participer à la messe pontificale qui sera célébrée par le pape sur la prairie de l’Allmend dimanche 6 juin à 10h30 lors de la 1e Rencontre nationale des jeunes catholiques
Invité à lire un texte biblique en début de célébration, le représentant protestant n’aurait pas pu participer à la Sainte-Cène en raison de l’impossibilité, pour un réformé notamment, de partager l’eucharistie, rappelée en avril 2003 par l’encyclique du Vatican « Ecclesia de Eucharistia ». Ce rappel à l’ordre contre ce que l’Eglise catholique romaine considère comme des dérives a été douloureusement compris dans les milieux protestants mais aussi par tous ceux qui sont très engagés dans l’œcuménisme ou font partie de couples mixtes qui sont dans l’impossibilité de communier ensemble. Dans ces circonstances, Le Conseil de la FEPS préfère renoncer à cette « portion congrue » qui lui est proposée dans la liturgie. « Il nous semble plus juste de témoigner de l’unité en Christ d’une autre manière », explique Simon Weber, porte-parole de la FEPS.

Invité à titre personnel, le président du Conseil synodal de l’Eglise réformée bernoise, le pasteur Samuel Lutz se réjouit de prononcer, après l’évêque auxiliaire Mgr. Denis Theurillat, un discours de bienvenue aux jeunes catholiques qui seront réunis à la patinoire de l’Arena à Berne la veille, et de saluer peut-être, de façon non officielle et spontanée, le pape Jean-Paul II.

« L’hospitalité eucharistique et l’intercommunion présupposent une communion pleine dans la foi et une reconnaissance des ministères, ce qui n’est actuellement pas le cas », explique Martin Hoegger, en charge du dialogue interconfessionnel pour l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud, Cela suffit-il à justifier le retrait de la FEPS ? », se demande toutefois le pasteur vaudois qui évoque tous les progrès œcuméniques réalisés par ailleurs, notamment au niveau du Conseil Œcuménique des Eglises (COE). «Cette question du non partage eucharistique est une souffrance pour tous ceux qui travaillent sur le terrain à faire avancer l’œcuménisme », témoigne le pasteur Martin Burkhard également engagé dans le dialogue interreligieux à la Maison de l’Arzillier. Rappelons que la théologie protestante permet l’hospitalité eucharistique des catholiques,alors que Romne la considère comme un délit grave.

A Fribourg, face à cette crispation sur la question de l’Eucharistie, le pasteur protestant Jean-Baptiste Lipp, rompu au dialogue interconfessionnel, estime que si le Vatican avait voulu prendre sa part de souffrance dans le fait que les Eglises n’ont pas encore réalisé pleinement leur unité, peut-être aurait-elle dû saisir l’occasion de poser un geste prophétique d’un jeûne eucharistique pour tout le monde, lors de la célébration bernoise conduite par le pape Jean-Paul II ».