Les chrétiens se déchirent en Ukraine

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Les chrétiens se déchirent en Ukraine

19 février 2004
Période de tous les dangers en Ukraine où un émissaire du Vatican doit éviter la rupture entre catholiques et orthodoxes
En cause, le désir de reconnaissance d’une Eglise gréco-catholique née des étrangetés de l’histoire. C’était en juin 2001. En présence de quelque 70'000 pèlerins, le Pape Jean-Paul II célèbre la « liturgie divine », nom donné par les chrétiens d’Orient à la messe. La scène se déroule en Ukraine, sur l’esplanade de l’aéroport de Kiev. « Qu’ils soient un ! », s’exclame le Saint Père, rappelant les paroles de Jésus lors de la Cène. Un tiers des chrétiens présents sont des gréco- catholiques, persécutés depuis plusieurs décennies pour être restés fidèles à Rome. A leurs côtés, côtoyant des catholiques de rite latin, de nombreux chrétiens orthodoxes qui ont choisi d’ignorer l’appel au boycott du patriarche de Moscou Alexis II. Un précédent au KazakhstanLe rêve de voir l’Ukraine symboliser l’unité des chrétiens semble désormais bien loin. Le cardinal Kasper, émissaire envoyé par le Vatican dans l’ex république soviétique, aura fort à faire pour éviter qu’orthodoxes et catholiques ne s’entre-déchirent. L’ambiance entre les deux Eglises est en effet glaciale depuis que les gréco catholiques réclament une reconnaissance officielle. L’année dernière, le patriarcat moscovite avait déjà vu d’un très mauvais œil la création d’un diocèse au Kazakhstan. La création par Rome d’un patriarcat supplémentaire dans la région bloquerait « toute tentative de continuation du dialogue entre nous », a averti le patriarche Bartolomeos de Constantinople. De son côté, Alexis II compte bien exiger du cardinal Kasper l’assurance que le Vatican ne cèdera jamais à la demande des gréco catholiques.

Cette extrême tension religieuse, la plus grave qu’aient connues les deux communautés depuis longtemps, s’avère une conséquence de l’histoire. Contraints par Staline de s’intégrer dans l’Eglise orthodoxe, ceux que l’on appelait les uniates (de rite oriental, ils sont soumis à Rome depuis la fin du XVIe siècle) ont retrouvé après la chute de l’URSS une liberté aussitôt source de conflit. Concentrés en Ukraine, ils sont environ 5 millions et comptent 2000 prêtres. Ils réclament au Pape d’officialiser leur archevêque comme patriarche, au même titre que les 6 déjà existants au Proche-Orient, notamment chez les Chaldéens, les maronites et les Coptes catholiques. On imagine que le cardinal Kasper, soucieux du dialogue œcuménique de par sa fonction, fera tout pour éviter la rupture. En revanche, on s’inquiète lorsque les biographes de Jean-Paul II soulignent l’affection que porte Jean-Paul II à cette Eglise greco catholique au passé douloureux.