Une célèbre mystique aux thèses sulfureuses
7 août 2003
Le film de Mel Gibson s’inspire non seulement du Nouveau Testament, mais aussi des écrits d’Anne Catherine Emmerich (1774-1824), religieuse allemande du XVIIIe siècle, au sein du diocèse de Westphalie
Les visions de la vie de Jésus et les prophéties sur le destin et les épreuves de l’Église de cette nonne du couvent Augustin d’Agnetenberg sont demeurées célèbres. On lui attribue notamment la révélation de la Maison de la Vierge Marie (Mereyemana), découverte à Ephèse en 1891 puis déclarée reliquaire par l’Eglise catholique romaine en 1896.
Stigmatisée, la moniale affirmait porter la douleur de l’homme à travers ses propres maladies. Cette mystique rédigea - ou fit rédiger - plusieurs ouvrages détaillant le contenu de ses méditations et autres apparitions. Elle y évoque l’Ancien et le Nouveau Testament, du déluge à la Passion en passant par la Tour de Babel, comme si elle avait été présente. Parmi eux, « Vie de NS Jésus-Christ » détaille la vie du Christ, de la naissance à la crucifixion. Pour la religieuse, c’est bien la « lie du peuple juif » et les grands prêtres israélites qui sont responsables des souffrances endurées par Jésus, et non l’occupant romain.
Quant à l’accusation de déicide pesant sur le peuple juif, elle est aussi vieille que les évangiles. Durant près de 1900 ans, cette interprétation de la Passion empêcha tout rapprochement entre Juifs et chrétiens tout en faisant le terreau d’un antisémitisme ressurgissant à maintes reprises dans l’histoire. En 1965, lors du Concile de Vatican II, l’Eglise catholique romaine a officiellement abandonné cette interprétation. Dans ce document désormais célèbre, appelé « Nostra Aetate », Rome répudie à la fois la thèse du peuple déicide et condamne tout antisémitisme. La plupart des Eglises protestantes suivirent le mouvement.
Pour la « Sainte Famille », dissidence traditionaliste à laquelle appartient Mel Gibson, tout s’arrête avant Vatican II, un peu comme à Ecône: la messe n’existe qu’en latin, l’accusation séculaire de déicide envers les Juifs demeure d’actualité et la religion ne peut se concevoir que préconcilaire.
Stigmatisée, la moniale affirmait porter la douleur de l’homme à travers ses propres maladies. Cette mystique rédigea - ou fit rédiger - plusieurs ouvrages détaillant le contenu de ses méditations et autres apparitions. Elle y évoque l’Ancien et le Nouveau Testament, du déluge à la Passion en passant par la Tour de Babel, comme si elle avait été présente. Parmi eux, « Vie de NS Jésus-Christ » détaille la vie du Christ, de la naissance à la crucifixion. Pour la religieuse, c’est bien la « lie du peuple juif » et les grands prêtres israélites qui sont responsables des souffrances endurées par Jésus, et non l’occupant romain.
Quant à l’accusation de déicide pesant sur le peuple juif, elle est aussi vieille que les évangiles. Durant près de 1900 ans, cette interprétation de la Passion empêcha tout rapprochement entre Juifs et chrétiens tout en faisant le terreau d’un antisémitisme ressurgissant à maintes reprises dans l’histoire. En 1965, lors du Concile de Vatican II, l’Eglise catholique romaine a officiellement abandonné cette interprétation. Dans ce document désormais célèbre, appelé « Nostra Aetate », Rome répudie à la fois la thèse du peuple déicide et condamne tout antisémitisme. La plupart des Eglises protestantes suivirent le mouvement.
Pour la « Sainte Famille », dissidence traditionaliste à laquelle appartient Mel Gibson, tout s’arrête avant Vatican II, un peu comme à Ecône: la messe n’existe qu’en latin, l’accusation séculaire de déicide envers les Juifs demeure d’actualité et la religion ne peut se concevoir que préconcilaire.