Neuchâtel étudie le projet d'une aumônerie d'urgence

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Neuchâtel étudie le projet d'une aumônerie d'urgence

15 mars 2002
Une région inondée, un avion qui s’écrase, un tunnel qui s’embrase : en Suisse comme ailleurs, les catastrophes laissent les victimes en état de choc face au drame
En marge du travail des sauveteurs, le soutien psychologique spécialisé (les fameuses cellules de crise) s’est beaucoup développé ces dernières années. Et la dimension spirituelle ? Les Eglises n’ont-elles pas leur place dans de telles situations ? Telle est l’idée d'une formation que vient de suivre un pasteur du Locle. Le drame du Gotthard demeure encore dans toutes les mémoires. Etrange hasard du calendrier, l’accident s’est produit au beau milieu de la semaine de formation en « aumônerie d’urgence » qu’Eric McNeely suivait à Berne en compagnie d’une quarantaine d’ecclésiastiques catholiques et protestants. « Le but est d’apporter un soutien spirituel non seulement aux victimes et à leurs proches, mais aussi aux témoins et aux secouristes eux-mêmes », explique ce pasteur du Locle.

Lors d’une catastrophe, les spécialistes notent les limites d’un accompagnement strictement psychologique. D’où l’idée de demander la présence d’un aumônier sur les lieux. Le concept fonctionne depuis longtemps aux Etats-Unis, et a montré sa raison d’être lors des attentats du 11 septembre. Moins développée en Europe, cette pratique existe néanmoins en Allemagne et, depuis une année, dans le canton de Berne. Des responsables d’Eglise s’engagent à y être de permanence durant une semaine ou davantage. Eric McNeely : « Le conseil synodal de l’Eglise neuchâteloise m’a demandé si cette formation m’intéressait, et m’a envoyé comme observateur. Lors de la visite de l’institut de médecine légale, plusieurs responsables ont souligné l’augmentation des demandes spirituelles. Par exemple, lors de l’accident de canyoning il y a deux ans, plusieurs familles ont demandé la présence de pasteurs. »

A son retour, Eric McNeely a donc rendu un rapport favorable à ses responsables. Et rejette toute forme d’opportunisme dans ce type de démarche. « Bien sûr, on pourrait penser que les Eglises cherchent à occuper un créneau pouvant servir à faire du prosélytisme. Il n’en est rien, et les cours de formation visent précisément à connaître les rouages de la collaboration entre les différentes catégories d’intervenants en cas de catastrophe. Ce qui implique avant tout le respect des compétences et de la place de chacun. »

§Quelle spécificité ?Reste la question centrale, qui consiste à se demander où se situe l’apport et la spécificité d’un aumônier en pareille situation. "On peut aller plus loin que l’accompagnement immédiat, avec par exemple la mise en route du processus de deuil. Et prendre en compte compte, aussi, des besoins spirituels des personnes, en se tenant à leur écoute et en les rejoignant dans ce qu’elles sont, dans les relations qu’elles entretiennent avec le monde et, le cas échéant, avec Dieu. » Pour Eric McNeely, l’aumônier peut prier avec quelqu’un ou apporter de la compassion à mille lieues d’une quelconque volonté d’enrôlement : « Souffrir avec l’autre constitue déjà une démarche de foi. Pas question de faire de l’évangélisation dans ces moments dramatiques, on tente d’incarner le message de l’Evangile par une écoute et une empathie, à travers une présence gratuite et désintéressée. »

L’Eglise neuchâteloise a contacté les autorités civiles en vue d’une reconnaissance officielle et d’un soutien financier du projet. Celui-ci a également été présenté devant le comité de travail des Eglises chrétiennes du canton (COTEC), en vue de la création d’un groupe œcuménique de volontaires. « Idéalement, précise encore Eric McNeely, nous aurions souhaité déjà mettre en place une petite structure pour Expo 02, au cas-où. Mais le délai sera peut-être un peu court. »