Des Romands tentent l’aventure du jeûne : Se priver pour toucher à l’essentiel
8 mars 2002
Du 2 au 8 mars derniers, vingt-cinq personnes de la région morgienne ont participé à un jeûne spirituel
Comme eux, plus d’une centaine de Romands, de St-Maurice à Tramelan, ont choisi le temps de Carême pour tenter l’aventure du dénuement alimentaire qui est en même temps retour sur soi et ouverture aux autres. Reportage. Vingt-cinq chaises disposées en cercle. Au pied de chacune d’entre elles, un prénom griffonné sur un petit carton. Au centre, une bougie allumée, quelques livres de chant. Comme chaque soir depuis samedi, les participants se sont donné rendez-vous au temple de Bussy pour un moment de partage et de recueillement. Ce groupe engagé dans un jeûne spirituel en compagnie du pasteur morgien Sandro Restauri en est à son quatrième jour de privations.
Comme eux, ils sont plus d’une centaine en Suisse romande à avoir choisi de vivre une semaine un peu spéciale, sans autre ingestion que des boissons, eau, thé, jus de fruits et de légumes. A chacun de trouver son équilibre entre travail, repos et méditation avec moins de 500 calories journalières.
Max en a pris à peine la moitié, faisant notamment l’impasse sur la petite cuillère de miel autorisée, et se contentant d’un unique petit jus de fruits le matin. « J’ai eu de la peine aujourd’hui. Des nausées, l’impression parfois de m’évanouir. Au boulot, c’était pénible. » Sans doute devrait-il avaler quelques calories de plus, lui suggère l’une des animatrices du groupe. Christine Bourgeois fait office de diététicienne, rappelant les consignes de base, distribuant magnésium et tisanes laxatives.
« La semaine de jeûne commence par une purge, rite d’entrée en matière, précise Sandro Restauri. Puis on recommence l’opération toutes les 48 heures. Plus c’est efficace, mieux on se porte ; cela évite par exemple les maux de tête. »
La plupart des intervenants, dont la moyenne d’âge tourne autour de 40 ans, se porte d’ailleurs très bien. Rien d’étonnant : pratiqué dans les règles (lire encadré), le jeûne de longue durée (trois jours et davantage) ne présente aucun risque pour la santé. Règle d’or : être à l’écoute de soi, de ses émotions comme de son corps. « Je me suis senti très en forme ce matin. Un peu moins en milieu d’après-midi, confie Christophe. J’ai arrêté mon travail et dormi quelques heures. » Mireille n’en a pas eu besoin et a partagé son temps libre entre ski de fond et vélo. Bouger, pour éliminer les toxines et éviter que les muscles ne fondent, constitue un second précepte.
§Ecoute de soi et altruismePlusieurs participants évoquent une hypersensibilité caractéristique de ces périodes de privation alimentaire. « En me promenant, raconte Alain, je me suis senti très ému par la nature. Et j’ai pleuré d’émotion. » Prières, intercessions : ce temps où le corps se voit libéré du cycle de la digestion est propice à l’éveil spirituel, à la communion avec Dieu. Plus prosaïquement, il offre aussi de nouvelles perspectives sur la nourriture. Sandro Restauri avoue par exemple redécouvrir la « beauté des aliments », une participante narre sa stupéfaction devant la variété et la quantité de fromages dans un rayon de supermarché. « Habituellement, c’est mon péché mignon !», reconnaît-elle. Certains soulignent que cette expérience changera leurs habitude alimentaires, ils se mettront à privilégier la qualité plutôt que la quantité.
Tout le monde le reconnaît : la notion de groupe prend ici une grande importance grâce à ces retrouvailles qui permettent chaque soir de partager avec d’autres ses moments de doute ou d’allégresse. Mais jeûner avec d’autres permet aussi de dépasser l’expérience narcissique pour une spiritualité plus « horizontale », synonyme d’ouverture au monde. Cette année, Pain pour le prochain et Action de Carême s’associent à la démarche. Ainsi, au terme de la semaine, les participants seront appelés à offrir tout ou partie de l’argent épargné sur l’achat de nourriture en vue de la réalisation d’un projet de l’une de ses deux œuvres.
Comme eux, ils sont plus d’une centaine en Suisse romande à avoir choisi de vivre une semaine un peu spéciale, sans autre ingestion que des boissons, eau, thé, jus de fruits et de légumes. A chacun de trouver son équilibre entre travail, repos et méditation avec moins de 500 calories journalières.
Max en a pris à peine la moitié, faisant notamment l’impasse sur la petite cuillère de miel autorisée, et se contentant d’un unique petit jus de fruits le matin. « J’ai eu de la peine aujourd’hui. Des nausées, l’impression parfois de m’évanouir. Au boulot, c’était pénible. » Sans doute devrait-il avaler quelques calories de plus, lui suggère l’une des animatrices du groupe. Christine Bourgeois fait office de diététicienne, rappelant les consignes de base, distribuant magnésium et tisanes laxatives.
« La semaine de jeûne commence par une purge, rite d’entrée en matière, précise Sandro Restauri. Puis on recommence l’opération toutes les 48 heures. Plus c’est efficace, mieux on se porte ; cela évite par exemple les maux de tête. »
La plupart des intervenants, dont la moyenne d’âge tourne autour de 40 ans, se porte d’ailleurs très bien. Rien d’étonnant : pratiqué dans les règles (lire encadré), le jeûne de longue durée (trois jours et davantage) ne présente aucun risque pour la santé. Règle d’or : être à l’écoute de soi, de ses émotions comme de son corps. « Je me suis senti très en forme ce matin. Un peu moins en milieu d’après-midi, confie Christophe. J’ai arrêté mon travail et dormi quelques heures. » Mireille n’en a pas eu besoin et a partagé son temps libre entre ski de fond et vélo. Bouger, pour éliminer les toxines et éviter que les muscles ne fondent, constitue un second précepte.
§Ecoute de soi et altruismePlusieurs participants évoquent une hypersensibilité caractéristique de ces périodes de privation alimentaire. « En me promenant, raconte Alain, je me suis senti très ému par la nature. Et j’ai pleuré d’émotion. » Prières, intercessions : ce temps où le corps se voit libéré du cycle de la digestion est propice à l’éveil spirituel, à la communion avec Dieu. Plus prosaïquement, il offre aussi de nouvelles perspectives sur la nourriture. Sandro Restauri avoue par exemple redécouvrir la « beauté des aliments », une participante narre sa stupéfaction devant la variété et la quantité de fromages dans un rayon de supermarché. « Habituellement, c’est mon péché mignon !», reconnaît-elle. Certains soulignent que cette expérience changera leurs habitude alimentaires, ils se mettront à privilégier la qualité plutôt que la quantité.
Tout le monde le reconnaît : la notion de groupe prend ici une grande importance grâce à ces retrouvailles qui permettent chaque soir de partager avec d’autres ses moments de doute ou d’allégresse. Mais jeûner avec d’autres permet aussi de dépasser l’expérience narcissique pour une spiritualité plus « horizontale », synonyme d’ouverture au monde. Cette année, Pain pour le prochain et Action de Carême s’associent à la démarche. Ainsi, au terme de la semaine, les participants seront appelés à offrir tout ou partie de l’argent épargné sur l’achat de nourriture en vue de la réalisation d’un projet de l’une de ses deux œuvres.