Recrudescence des cas de sida en Suisse :Dominique Roulin au carrefour des détresses
16 novembre 2001
L’Aide Suisse contre le sida crie casse-cou : le nombre des personnes qui contractent le VIH a augmenté de 10 %
600 nouveaux cas d’infection sont recensés chaque année en Suisse. Les jeunes générations ne se protègent pas. Or la maladie est toujours mortelle et engendre des souffrances indicibles. A Genève Dominique Roulin a été l’une des premières à accompagner les malades du sida. Elle est toujours fidèle au poste. A Lausanne, Etienne Visinand poursuit le travail commencé à la Pastorale des rues auprès des séropositifs et accompagne leur quête de sens.« Je suis là, à la disposition de ceux qui sont touchés par le sida ! » Depuis quatorze ans, Dominique Roulin, pasteure à Genève, regard clair et longue silhouette moulée dans un jean noir, est présente aux côtés des malades atteints par le virus HIV. Dès huit heures du matin et jusqu’au soir, elle campe dans son petit bureau-salon à l’entresol de la maison de paroisse de la Place de Jargonnant à Genève. Elle est là pour celles et ceux qui passent, qui sollicitent une aide, qui ont besoin d’une présence, d’une écoute, qui souhaitent partager ce qu’ils vivent avec d’autres personnes dans la même situation.
§Parler vraiIl en passe des gens, dans le bureau de la Place Jargonnant. A force d’accompagner des malades du sida en fin de vie et de célébrer des services funèbres où l’on ne craint pas la parole vraie, libératrice de secrets trop lourds à étouffer, à force d’accueillir chacun sans aucune distinction, elle s’est acquis une solide réputation de confiance. « Je permets aux gens de mettre des mots sur ce qu’ils vivent, à ceux qui ne peuvent pas dire leur maladie dans leur communauté d’origine, à leur travail, dans leur famille de parler, de dire leurs souffrances. J’essaie d’aider les gens à sortir des impasses dans lesquelles ils sont par moment. Je mets les gens en réseau, je m’occupe des urgences ».
§Les jeunes ont baissé la garde Quand elle n’est pas dans son antre chaleureux et enfumé, c’est qu’elle s’est rendue au chevet d’un malade qui ne peut plus se déplacer. A moins qu’elle ne soit en train de parler de prévention du sida, plus indispensable que jamais. Car si l’apparition des thérapies combinées a amélioré la vie des malades, elle a aussi rendu la menace de mort moins terrifiante et le public a baissé la garde.
« Les grandes campagnes pour le préservatif ont marqué les gens lors de l’apparition de la maladie, explique Dominique Roulin, mais elles n’ont plus beaucoup d’impact sur les nouvelles générations qui commencent leur vie sexuelle sans se protéger. Ce qui explique en partie la progression du nombre des nouvelles contaminations dans notre pays. » ( voir encadré)
§La mort en faceAccompagnement des malades, prévention et réflexion théologique sont les trois axes du travail de Dominique Roulin. « Mourir, rappelle-t-elle, est un acte social qui fait partie de la vie. La mort ne doit plus être un sujet tabou. Il faut la démédicaliser, la sortir de l’hôpital et la ramener dans la société. La mort n’est pas contagieuse ».
Dominique Roulin a appris à la regarder en face, à en parler, à la ritualiser, à lui rendre sa dignité. La mort fait partie de la vie.
§Ministère sida à LausanneA Lausanne, le pasteur Etienne Visinand est en charge du ministère sida créé par Jan de Haas en 1995, en annexe du ministère de la rue. « Je suis à disposition des malades du sida pour les accompagner dans leur vie de tous les jours et les aider dans leur recherche de sens. Je travaille dans un monde où les gens tombent vite le masque et vont à l’essentiel, dans un monde en marge. Car aujourd’hui encore, les malades du sida sont l’objet d’une exclusion et d’une marginalisation. Ce sont mes frères. Mon Eglise, c’est eux, je suis à côté d’eux ».
§Parler vraiIl en passe des gens, dans le bureau de la Place Jargonnant. A force d’accompagner des malades du sida en fin de vie et de célébrer des services funèbres où l’on ne craint pas la parole vraie, libératrice de secrets trop lourds à étouffer, à force d’accueillir chacun sans aucune distinction, elle s’est acquis une solide réputation de confiance. « Je permets aux gens de mettre des mots sur ce qu’ils vivent, à ceux qui ne peuvent pas dire leur maladie dans leur communauté d’origine, à leur travail, dans leur famille de parler, de dire leurs souffrances. J’essaie d’aider les gens à sortir des impasses dans lesquelles ils sont par moment. Je mets les gens en réseau, je m’occupe des urgences ».
§Les jeunes ont baissé la garde Quand elle n’est pas dans son antre chaleureux et enfumé, c’est qu’elle s’est rendue au chevet d’un malade qui ne peut plus se déplacer. A moins qu’elle ne soit en train de parler de prévention du sida, plus indispensable que jamais. Car si l’apparition des thérapies combinées a amélioré la vie des malades, elle a aussi rendu la menace de mort moins terrifiante et le public a baissé la garde.
« Les grandes campagnes pour le préservatif ont marqué les gens lors de l’apparition de la maladie, explique Dominique Roulin, mais elles n’ont plus beaucoup d’impact sur les nouvelles générations qui commencent leur vie sexuelle sans se protéger. Ce qui explique en partie la progression du nombre des nouvelles contaminations dans notre pays. » ( voir encadré)
§La mort en faceAccompagnement des malades, prévention et réflexion théologique sont les trois axes du travail de Dominique Roulin. « Mourir, rappelle-t-elle, est un acte social qui fait partie de la vie. La mort ne doit plus être un sujet tabou. Il faut la démédicaliser, la sortir de l’hôpital et la ramener dans la société. La mort n’est pas contagieuse ».
Dominique Roulin a appris à la regarder en face, à en parler, à la ritualiser, à lui rendre sa dignité. La mort fait partie de la vie.
§Ministère sida à LausanneA Lausanne, le pasteur Etienne Visinand est en charge du ministère sida créé par Jan de Haas en 1995, en annexe du ministère de la rue. « Je suis à disposition des malades du sida pour les accompagner dans leur vie de tous les jours et les aider dans leur recherche de sens. Je travaille dans un monde où les gens tombent vite le masque et vont à l’essentiel, dans un monde en marge. Car aujourd’hui encore, les malades du sida sont l’objet d’une exclusion et d’une marginalisation. Ce sont mes frères. Mon Eglise, c’est eux, je suis à côté d’eux ».