Cimetière et sépultures virtuelles pour animaux de compagnie: Mieux vaut naître chiot que veau
21 septembre 2001
Le premier cimetière pour animaux vient d’ouvrir sur les hauts de Lausanne
Aucune allusion religieuse n’y est acceptée, explique le président de la Société vaudoise pour la protection des animaux, il s’agit seulement d’offrir la possibilité de chérir la mémoire d’un compagnon disparu. La journée du 4 octobre prochain sera celle des compagnons à quatre pattes, qui bénéficient d’une attention de plus en plus soutenue de la part des industriels. L’occasion de rappeler que les animaux d’élevage industriel et les espèces animales laborieuses ne bénéficient pas des mêmes égards et sont parfois honteusement surexploités.Quarante tombes disposées en cercles de vingt « comme les pétales d’une fleurs. » Première suisse romande, au Chalet-à-Gobet, sur les hauts de Lausanne. En août, la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVPA) a inauguré en son centre de Sainte-Catherine un cimetière pour animaux. Vingt-huit places sont déjà occupées, certaines dépouilles ayant été transférées de Vufflens-la-Ville où une précédente tentative de cimetière pour animaux a été abandonnée parce que située en zone agricole. A proximité, un jardin du souvenir gratuit permet un ensevelissement collectif.
« Attention, nous ne tolérons ni croix, ni verset biblique sur les tombes. Il ne s’agit en aucun cas d’un cimetière religieux, mais d’un signe d’affection porté à l’animal qui a été soigné, caressé, aimé et dont on chérit la mémoire », avertit Samuel Debrot, président de la SVPA. En revanche, les pensées tendres et les éloges y ont leur place : « Il avait toutes mes qualités, sans avoir mes défauts » à « Mon âme a plus de feu que vous n’avez de cendres. »
A ceux qui s’étonnent ou se disent choqués par une telle initiative, Samuel Debrot répond que « ce n’est pas en ignorant les animaux que l’on évitera que les hommes se battent entre eux et meurent de faim. » Et le président de la SVPA de rappeler que de nombreux pays européens, comme l’Allemagne, l’Espagne ou la France, possèdent déjà des lieux d’ensevelissement pour animaux. Chez nous, loi sur les épizooties oblige, les petits cadavres doivent impérativement être incinérés et déposés dans une urne que l’on prendra de bois, de terre cuite ou de métal. Pareille restriction demeure inconnue en France, notamment, où il est tout à fait possible de choisir un cercueil comme à Aspach-le-Bas (Alsace) où un Italien a dépensé plus de 3'000 francs pour que son berger allemand puisse reposer sans avoir les pattes repliées.
§Sépultures virtuellesMais la mémoire peut aussi être virtuelle. Un petit tour sur Internet nous apprend que la toile renferme aussi ses cimetières. Moyennant finances, pour quelques mois ou quelques années, le défunt à poils disposera d’une concession en ligne, avec choix du bouquet, du fond d’écran et « d’une ambiance rappelant la forêt, la mer ou la montagne. » L’internaute, touché par les épitaphes, pourra d’ailleurs contribuer à fleurir la sépulture.
L’expression « mourir comme un chien » semble tout à coup terriblement obsolète. Après des siècles d’indifférence, et parfois de souffrances, les animaux de compagnie recueillent aujourd’hui tous les égards dans nos sociétés occidentales. La semaine dernière sur les ondes de la radio romande, l’étonnement d’un Africain devant l’abondance des rayons de nourriture spécialisée pour nos amis à quatre pattes nous le rappelait : en Suisse, un ménage sur deux possède un animal dit de compagnie. Il devrait donc y avoir du monde pour se réjouir, le 4 octobre prochain. Cette date marque en effet, depuis 1931, la Journée mondiale des animaux. Dans une publicité, Migros explique qu’en conséquence, du 18 septembre au 4 octobre, « tout achat d’jos_content destinés aux animaux de compagnie contribue à soutenir cinq associations », dont la Fondation pour le bien-être du chien ou encore « Fair-fish », qui se préoccupe du bonheur des…poissons !
Et le géant orange de révéler les résultats d’une étude de l’Institut de recherches interdisciplinaires sur la relation entre l’homme et l’animal, le Konrad Lorenz Kuratorium (IEMT). D’après cette recherche, menée sur la base de l’enquête sur les revenus et la consommation 1998 de l’Office fédéral de la statistique, les propriétaires d’un chat ou d’un chien tombent moins souvent malades. La moyenne des dépenses annuelles pour la santé de ces ménages se trouve apparemment inférieure de 10 francs à celle de l’ensemble des familles suisses. La garde d’animaux domestiques procure également des effets thérapeutiques inattendus : caresser un chat, par exemple, permettrait de baisser la pression sanguine et le rythme des pulsations cardiaques.
Voilà qui vaut bien quelques gâteries pour son compagnon à poils, et les industriels l’ont bien compris en multipliant à l’envi les occasions d’achat. A cet égard, se promener dans les rayons d’un supermarché spécialisé offre la possibilité d’ineffables découvertes.
Désormais, toutous et mistigris vont bien sûr chez le médecin mais aussi chez l’osthéopathe, ou chez le psychiatre rebaptisé pour l’occasion comportementaliste. Au Japon, on peut mettre son chien au fitness grâce à un « tapis de jogging ». Plus près de nous, un créateur de parfums a lancé « Oh my Dog », première senteur canine, alors que des marques de luxe proposent laisses, manteaux ou colliers à prix extravagants. Bref, comme le remarque Jacqueline Milliet, mieux vaut désormais naître chiot que veau ou poussin. Cette anthropologue neuchâteloise, chercheuse dans le domaine de nos relations avec les animaux de compagnie, stigmatise un paradoxe qu’elle fait remonter à l’industrialisation et à la spécialisation du travail: celui qui consiste à traiter une partie du règne animal – celle qui, précisément, n’a plus d’autre fonction dans la maison que de nous tenir compagnie- en égal de l’homme tout en surexploitant certaines espèces, à l’image des porcheries industrielles et des poules en batterie.
« Attention, nous ne tolérons ni croix, ni verset biblique sur les tombes. Il ne s’agit en aucun cas d’un cimetière religieux, mais d’un signe d’affection porté à l’animal qui a été soigné, caressé, aimé et dont on chérit la mémoire », avertit Samuel Debrot, président de la SVPA. En revanche, les pensées tendres et les éloges y ont leur place : « Il avait toutes mes qualités, sans avoir mes défauts » à « Mon âme a plus de feu que vous n’avez de cendres. »
A ceux qui s’étonnent ou se disent choqués par une telle initiative, Samuel Debrot répond que « ce n’est pas en ignorant les animaux que l’on évitera que les hommes se battent entre eux et meurent de faim. » Et le président de la SVPA de rappeler que de nombreux pays européens, comme l’Allemagne, l’Espagne ou la France, possèdent déjà des lieux d’ensevelissement pour animaux. Chez nous, loi sur les épizooties oblige, les petits cadavres doivent impérativement être incinérés et déposés dans une urne que l’on prendra de bois, de terre cuite ou de métal. Pareille restriction demeure inconnue en France, notamment, où il est tout à fait possible de choisir un cercueil comme à Aspach-le-Bas (Alsace) où un Italien a dépensé plus de 3'000 francs pour que son berger allemand puisse reposer sans avoir les pattes repliées.
§Sépultures virtuellesMais la mémoire peut aussi être virtuelle. Un petit tour sur Internet nous apprend que la toile renferme aussi ses cimetières. Moyennant finances, pour quelques mois ou quelques années, le défunt à poils disposera d’une concession en ligne, avec choix du bouquet, du fond d’écran et « d’une ambiance rappelant la forêt, la mer ou la montagne. » L’internaute, touché par les épitaphes, pourra d’ailleurs contribuer à fleurir la sépulture.
L’expression « mourir comme un chien » semble tout à coup terriblement obsolète. Après des siècles d’indifférence, et parfois de souffrances, les animaux de compagnie recueillent aujourd’hui tous les égards dans nos sociétés occidentales. La semaine dernière sur les ondes de la radio romande, l’étonnement d’un Africain devant l’abondance des rayons de nourriture spécialisée pour nos amis à quatre pattes nous le rappelait : en Suisse, un ménage sur deux possède un animal dit de compagnie. Il devrait donc y avoir du monde pour se réjouir, le 4 octobre prochain. Cette date marque en effet, depuis 1931, la Journée mondiale des animaux. Dans une publicité, Migros explique qu’en conséquence, du 18 septembre au 4 octobre, « tout achat d’jos_content destinés aux animaux de compagnie contribue à soutenir cinq associations », dont la Fondation pour le bien-être du chien ou encore « Fair-fish », qui se préoccupe du bonheur des…poissons !
Et le géant orange de révéler les résultats d’une étude de l’Institut de recherches interdisciplinaires sur la relation entre l’homme et l’animal, le Konrad Lorenz Kuratorium (IEMT). D’après cette recherche, menée sur la base de l’enquête sur les revenus et la consommation 1998 de l’Office fédéral de la statistique, les propriétaires d’un chat ou d’un chien tombent moins souvent malades. La moyenne des dépenses annuelles pour la santé de ces ménages se trouve apparemment inférieure de 10 francs à celle de l’ensemble des familles suisses. La garde d’animaux domestiques procure également des effets thérapeutiques inattendus : caresser un chat, par exemple, permettrait de baisser la pression sanguine et le rythme des pulsations cardiaques.
Voilà qui vaut bien quelques gâteries pour son compagnon à poils, et les industriels l’ont bien compris en multipliant à l’envi les occasions d’achat. A cet égard, se promener dans les rayons d’un supermarché spécialisé offre la possibilité d’ineffables découvertes.
Désormais, toutous et mistigris vont bien sûr chez le médecin mais aussi chez l’osthéopathe, ou chez le psychiatre rebaptisé pour l’occasion comportementaliste. Au Japon, on peut mettre son chien au fitness grâce à un « tapis de jogging ». Plus près de nous, un créateur de parfums a lancé « Oh my Dog », première senteur canine, alors que des marques de luxe proposent laisses, manteaux ou colliers à prix extravagants. Bref, comme le remarque Jacqueline Milliet, mieux vaut désormais naître chiot que veau ou poussin. Cette anthropologue neuchâteloise, chercheuse dans le domaine de nos relations avec les animaux de compagnie, stigmatise un paradoxe qu’elle fait remonter à l’industrialisation et à la spécialisation du travail: celui qui consiste à traiter une partie du règne animal – celle qui, précisément, n’a plus d’autre fonction dans la maison que de nous tenir compagnie- en égal de l’homme tout en surexploitant certaines espèces, à l’image des porcheries industrielles et des poules en batterie.