Genève : Une femme laïque à la tête d’une paroisse catholique

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Genève : Une femme laïque à la tête d’une paroisse catholique

17 septembre 2001
Lorsque Monique Flamand fait son entrée dans l’église catholique du Petit-Lancy à Genève et qu’elle prend place devant l’autel, vêtue d’un habit liturgique conçu exprès pour elle, elle ne manque jamais de donner quelques explications
Histoire d’informer les nouveaux venus qui pourraient s’en trouver interloqués. Elle se présente, explique qu’elle est en charge de la paroisse du Christ-Roi depuis trois ans et qu’elle a un mandat de l’évêque qui l’autorise à présider certaines célébrations. Mais attention, Monique Flamand ne joue pas à «Monsieur le curé». Reconnue et acceptée dans sa fonction, elle n’a pas l’intention de revendiquer le statut de femme prêtre, même si elle souhaite que les femmes puissent avoir un jour accès au ministère. Portrait d’une pionnière qui met un point d’honneur à respecter le travail d’équipe.Une femme, laïque, dirigeant une célébration dans une église catholique, quoi qu’on y fasse, ça surprend. Bien sûr, Monique Flamand ne dit pas la messe, mais officie pendant des absoutes qui sont des moments de prière précédant une sépulture, au cours desquels on ne célèbre pas l’Eucharistie. Il lui est même arrivé, dans des situations d’urgence, de présider des cérémonies de baptêmes dont elle avait assuré la préparation.

Cette implication dans la vie liturgique de sa paroisse lui confère une place à part parmi les autres assistants pastoraux du canton. «Contrairement à Monique, je suis très peu impliquée dans la liturgie, précise à Genève Pauline Lodder, laïque et co-responsable du secteur pastoral de Sainte-Thérèse. J’ai choisi de me consacrer avant tout aux tâches liées au social et à la coordination. C’est le curé avec qui je partage la responsabilité du secteur qui se charge de toutes les célébrations.» Dès lors, lorsqu’on regarde Monique Flamand vêtue de blanc face à l’assemblée, il est difficile de ne pas y voir un symbole.

§Une succession naturelleMonique Flamand assume seule la charge de sa paroisse au sein d’une équipe de secteur. Assistante pastorale depuis 1984, elle est devenue responsable de communauté lorsque le curé de la paroisse du Christ-Roi a pris sa retraite, il y a trois ans. Les prêtres du secteur ont très vite proposé que Monique Flamand prenne sa succession. «Les choses se sont passées de manière très naturelle, se souvient-elle, j’étais assistante pastorale, très impliquée dans la vie de cette paroisse que je connais depuis toujours. Je crois que le fait d’avoir grandi ici au Petit-Lancy et d’être si bien implantée au niveau local m’a beaucoup aidée. J’aurais peut-être été complètement perdue si l’on m’avait nommée responsable d’une autre paroisse. Et les gens ne m’auraient peut-être pas acceptée».

Depuis qu’elle est à la tête de la paroisse du Christ-Roi, personne n’est venu dire à Monique Flamand qu’elle n’était pas à sa place. «Cela ne signifie pas pour autant que tout le monde a accepté la situation», relève-t-elle. Pour ne pas prêter le flanc à la critique autant que par respect pour ses collaborateurs, elle se montre prudente et privilégie la collégialité: «J’évite au maximum de prendre seule de grandes décisions. Je fais toujours en sorte de consulter le Conseil de paroisse ou le Conseil pastoral.

§Des paroissiens satisfaitsBien loin des réactions hostiles qu’elle aurait pu craindre, les paroissiens du Petit-Lancy sont «plutôt contents», selon l’expression de Monique Flamand. «Les gens me disent qu’ils sont heureux de voir une femme avoir des responsabilités au sein de l’Eglise, ils y voient la preuve que celle-ci évolue. On me demande si je suis prêtre ou si l’on doit m’appeler «ma sœur». Il est certain que mon statut pose question». Une situation qui n’est pas faite pour déplaire à Mme Flamand, qui ne comprend pas pourquoi les femmes ne peuvent pas devenir prêtres, mais ne souhaite pas pour autant revendiquer ce ministère: «J’espère que les choses changeront, mais je n’ai pas l’intention de militer pour l’ordination des femmes. Je me sens reconnue dans ma fonction et respectée dans mon travail, cela me permet de m’épanouir dans ce que je fais.» Une manière de s’accommoder de la position actuelle de l’Eglise catholique, tout en souhaitant que l’avenir soit synonyme d’évolution. Ce n’est pas par hasard que Monique Flamand a récemment choisi pour fil conducteur de ses réflexions une phrase de Mgr. Albert Rouet qui encourage à «changer, tout ce qui dans l’Eglise, n’existe que par le poids des habitudes.»