Au lendemain de l’horreur terroriste, les Eglises se disent bouleversées et inquiètes

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Au lendemain de l’horreur terroriste, les Eglises se disent bouleversées et inquiètes

12 septembre 2001
Un peu partout dans le monde, les Eglises de toute confession appellent les croyants au recueillement en faveur des victimes et du peuple américain tout entier
Hier, des célébrations ont notamment eu lieu à Paris et à Berne, comme dans la plupart des grandes villes d’Europe. Mais les responsables des communautés chrétiennes mettent aussi en garde contre une montée aveugle de la violence. Prier. Pour les victimes, pour leurs proches, mais aussi pour que le monde ne sombre pas dans le chaos. Comme le monde politique, les représentants des principales religions chrétiennes expriment leur douleur et leur sentiment d’horreur.

A Rome, le Pape parle d’un «jour sombre dans l’histoire de l’humanité. » A Genève, le pasteur Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE), fait part de sa consternation. « Au nom des Eglises du monde entier, et en celui de tous nos membres autour de la planète, j’aimerais signifier au peuple américain, à tous les leaders de cette nation, notre profonde affliction. » Le secrétaire de la COE nourrit aussi l’espoir que Dieu donne à l’administration Bush « courage et sagesse en cette heure terrible. » A Londres, l’archevêque de Cantorbéry, président de la Communion anglicane mondiale, se dit « horrifié devant l’étendue du carnage et une souffrance vraiment écrasante. »

A Paris, le message de la Fédération protestante de France (FPF) souligne son « émotion et sa compassion », ajoutant que « cet événement peut susciter la haine et la peur en contribuant à désigner des boucs émissaires. Les Eglises et associations de la FPF exhortent à y résister. »

§Ne pas diaboliser le monde musulmanCette crainte face à une montée aveugle de la violence se retrouve aussi dans le message délivré par le cardinal Louis-Marie Billé, président de la Conférence des évêques de France : « Si la haine nous guette, que Dieu nous en préserve. Et qu’il éclaire ceux qui ont à prendre des décisions politiques. » Appel identique en Allemagne, dans la bouche du responsable de la principale organisation protestante du pays, l’Eglise évangélique d’Allemagne : « Nous nous sentons impuissants face au fanatisme et à l’extrémisme politique de criminels sans scrupules. Nous prions pour les leaders politiques qui doivent prendre en cette heure des décisions politiques difficiles. » Avouant son trouble devant « des événements d’une horreur inqualifiable », Jean-Paul ne dit pas autre chose : « Jamais le recours à la violence ne permettra de trouver des solutions aux maux de l’humanité. »

Même sur le territoire nord américain, les appels de responsables chrétiens pour s’investir comme artisans de paix se multiplient. Monseigneur Paul S. Loverde, à Arlington où se trouve le Pentagone, demande par exemple aux croyants d’œuvrer pour « la fin de la folie, du terrorisme et de la violence. » La Conférence américaine des évêques catholiques, espère que les terroristes puissent enfin « comprendre qu’une telle violence ne peut créer qu’une injustice encore plus grande. » Porte-parole du centre baptiste pour l’éthique, Robert Parham met en garde contre ceux « qui voudraient jeter diaboliser l’ensemble des musulmans. Une revanche militaire ne permettra pas l’établissement d’un monde équitable. »

Même discours du côté de L'Eglise presbytérienne et de l'Eglise épiscopale (anglicane). Son évêque président, Frank Griswold, a notamment déclaré qu'"en ce moment plus que jamais, il me paraît clair que les croyants, au nom de l'Evangile et de la mission de l'Eglise, sont appelés à se prononcer en faveur de la paix et de la transformation du coeur humain." De manière générale, les leaders chrétiens et juifs d’Amérique du nord rappellent que comme l’amour, la haine est universelle.