La Consultation oecuménique en six points

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

La Consultation oecuménique en six points

31 août 2001
L’Evangile ne regarde pas seulement vers le ciel, mais surtout vers la vie des hommes sur terre
Partant de cette évidence, les Eglises catholiques et protestantes signent d’une même plume un « message commun sur l’avenir social et économique de la Suisse ». Celui-ci sera officiellement remis au président de la Confédération et aux représentants de divers mouvements sociaux lors d’une grande célébration prévue ce samedi à Berne.

Ce texte se veut un encouragement à créer « une Suisse à visage humain », dans laquelle le bien commun et le respect des valeurs essentielles prennent le pas sur le plaisir individuel, la course à l’argent et une certaine forme d’égoïsme confortable. A travers une centaine de pages sont abordés six grands thèmes, de la famille aux migrations en passant par le travail, les ressources, la politique et les relations extérieures. Autant de sujets qui rejoignent les principales préoccupations exprimées par les fidèles lors d’une vaste consultation lancée en 1998.

« La mission des Eglises est de transmettre la bonne nouvelle en tenant compte des réalités concrètes du moment. La consultation œcuménique vise ainsi non seulement à rappeler les valeurs fondamentales et le destin des plus défavorisés, mais également à promouvoir le dialogue en vue de dépasser les blocages constatés », signale l’introduction. En s’appuyant sur les réponses reçues, le document se fonde sur le message biblique et tient compte des éthiques sociales propres aux deux confessions. L’espérance chrétienne, est-il rappelé, ne constitue pas une utopie « dans la mesure où elle inspire des choix de vie plus conformes à la justice et des gestes concrets en faveur d’un nouveau style de société. »

Respect de la personne humaine et de la création toute entière. Tout part et aboutit à cette règle d’or de l’éthique, répétée à plusieurs reprises : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse. » La vie est donnée et transmise ; et le droit à mener une vie « digne et pleinement humaine » l’emporte sur toute autre considération économique ou sociale. Les Eglises rappellent ainsi que la foi chrétienne n’est crédible que comprise comme « inséparable de la libération de l’homme.(…) Une solidarité qui suppose que chacun soit capable d’aller à la rencontre de l’autre. » Le Christ l’a montré souvent : l’homme passe toujours avant la loi.

Ainsi, sur la question d’actualité des sans-papiers, les Eglises rejoignent la gauche dans son combat pour une amnistie et demandent une « régularisation des personnes vivant en Suisse depuis plusieurs années. » Notre pays, affirme le message, doit se reconnaître comme une terre d’asile et le droit au refuge continuer de guider la politique des autorités en la matière. De même, sur le thème du travail, il convient de « développer une conception du travail (…) qui épanouisse la personne », et qui ne se résume pas à l’activité salariée. En matière de ressources, tout ne peut être soumis au marché et notre horizon ne se borne pas à la consommation. De manière sans doute plus attendue, ce message sonne aussi comme un vibrant plaidoyer en faveur de la famille.

Il faudra attendre un peu pour connaître la réaction du public comme des personnes engagées dans le processus de consultation. Même chose pour les paroisses, où le document sera transmis à l’occasion du Jeûne fédéral. La création d’un groupe de suivi devrait empêcher que cette démarche ne reste lettre morte à l’intérieur du monde réformé. De manière générale, la pérennité du message des Eglises dépendra surtout de l’impact qu’il trouvera auprès des politique et des partenaires sociaux. Histoire qu’il ne devienne pas une déclaration de bonnes intentions de plus.