Le « Réarmement moral » à Caux veut changer de nom

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Le « Réarmement moral » à Caux veut changer de nom

27 juillet 2001
Réarmement moral : l’appellation du Centre International de Rencontres de Caux, créé au lendemain de la 2e guerre dans un ancien palace qui surplombe Montreux, est devenue sujette au malentendu
Elle fausse l’image du mouvement qui réunit chaque été des gens venus du monde entier, sans distinction sociale, religieuse ou raciale, pour plancher sur un monde meilleur, et préconisent des solutions qui passent par la solidarité, le changement personnel et l’esprit de responsabilité. Après 63 ans d’existence, le mouvement veut se débarrasser de son nom. Pour cultiver plus que jamais l’utopie constructive, à laquelle Mgr. Bernard Genoud, évêque de Fribourg, Lausanne et Genève, apporta jeudi passé sa propre réflexion.

Après 63 ans d’existence, le mouvement veut se débarrasser de cette appellation d’origine qui était perçue, dans l’Europe en ruines de 1946, comme une promesse de renouveau, porteuse d’un avenir de paix. Le miracle de Caux consista d’abord à faire se rencontrer des Allemands et des Français au lendemain de la seconde guerre mondiale, des colonisateurs et d’anciens colonisés, des patrons et des syndicalistes, mais aussi des frères ennemis déchirés par la guerre aujourd’hui. On a pu voir dialoguer l’été passé, un rabbin américain et un Palestinien, chacun s’efforçant d’être à l’écoute des souffrances de l’autre. On peut voiractuellement sur la terrasse ombragée du Centre, d’étonnants face à face et d’amicales tablées, où se côtoient musulmans, juifs et chrétiens.

§Les moins de 30 ans venus en nombreEn fait Caux est le rendez-vous d’utopistes, - la moitié des participants aux rencontres de cet été a moins de 30 ans - venus de 300 pays différents et qui cherchent dans un cadre d’une beauté époustouflante à changer les rapports entre les hommes et à développer en l’humain ce qu’il y a de meilleur.

Cette année au programme, la question de la mondialisation de la responsabilité ». Jeudi passé, Monseigneur Bernard Genoud s’y exprima sur l’inaliénable dignité de la personne humaine. L’occasion pour lui de retrouver ses talents de professeur de philosophie pour dire l’importance de l’enseignement et de la transmission des valeurs fondamentales qui devraient sous-tendre la société, le respect de l’égalité et de la dignité de tous les hommes, le sens du devoirde chacun et pas seulement la conscience de ses droits, - le droit de l’autre me devient un devoir - le respect de la nature, qu’il faut protéger par des décisions justes dans l’esprit du Maître absent, la maîtrise de ses actes et de leurs conséquences. Il stigmatisa le travers contemporain qui consiste à se débarrasser de toute responsabilité et qui débouche sur une étrange mathématique, l’addition de bons types sur le plan individuel, qui finit par aboutir à une « humanité dégoûtante ».